Un livre les Mots de la terre - Pardessuslahaie.net
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affaires courantes : banques, assureurs, chambre<br />
d'agriculture ou <strong>de</strong> métier, poste, etc. J’y vais aussi comme<br />
consommateur, pas <strong>de</strong> dialogue ou très peu dans <strong>de</strong>s<br />
commerces intéressants. La ville propose aussi <strong>de</strong>s<br />
animations culturel<strong>les</strong> variées, surtout à <strong>la</strong> saison estivale.<br />
Je ne consacre pas <strong>de</strong> temps à ces ren<strong>de</strong>z-vous. L'été est<br />
pour moi <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> où le travail ne manque pas.<br />
Les gran<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong>, ce sont <strong>de</strong> beaux musées, <strong>de</strong> bel<strong>les</strong><br />
expositions <strong>de</strong> peintures, du théâtre. Ma vie professionnelle<br />
est basée aussi sur ce même concept. Je n'aime pas <strong>la</strong><br />
routine, je pense toujours à plusieurs choses à <strong>la</strong> fois.<br />
Évi<strong>de</strong>mment je ne m’enrichis pas mais j'arrive à joindre <strong>les</strong><br />
<strong>de</strong>ux bouts, c'est le principal. Tout est prétexte pour voir si<br />
je peux transposer <strong>de</strong>s idées vues ailleurs dans mon<br />
exploitation, comme une technique <strong>de</strong> fabrication ou <strong>de</strong><br />
travail du sol.<br />
Catherine. Pontivy, petite ville, assez dynamique et plutôt<br />
bien <strong>de</strong>sservie en services, commerces −on ne <strong>les</strong> compte<br />
plus− et administrations, bien que certaines aient été<br />
fermées récemment.<br />
Le bassin d'activités essentiellement agroalimentaires a<br />
permis <strong>de</strong> conserver <strong>de</strong>s emplois peu qualifiés et <strong>la</strong> vie en<br />
centre Bretagne, fondamental pour une région dé<strong>la</strong>issée<br />
<strong>de</strong>s pouvoirs publics, notamment en infrastructures<br />
routières.<br />
Les agriculteurs peuvent trouver facilement le nécessaire<br />
en matériel et outil<strong>la</strong>ge, presque toutes <strong>les</strong> concessions <strong>de</strong><br />
tracteurs y sont présentes, ainsi que banques, centres <strong>de</strong><br />
gestion, coopératives et groupements <strong>de</strong> producteurs<br />
(aliments du bétail, <strong>la</strong>iterie, abattoir etc.) et robot <strong>de</strong> traite.<br />
Même si le nombre d’agriculteurs diminue, l’activité paraagricole<br />
reste dynamique sur le secteur, voilà pour le<br />
l’aspect positif.<br />
En revanche, hormis l’animation-concours annuelle en<br />
octobre « Oh <strong>la</strong> vache ! » qui connaît toujours un grand<br />
succès auprès du public, grâce à son côté champêtre et<br />
ludique, ce sont <strong>de</strong>ux mon<strong>de</strong>s à part. Les Pontiviens, élus<br />
compris, ne se préoccupent pas <strong>de</strong> l’agriculture, même<br />
parmi ceux qui travaillent en lien avec le mon<strong>de</strong> agricole.<br />
Réciproquement, <strong>les</strong> agriculteurs ne s’inquiètent guère <strong>de</strong>s<br />
emplois supprimés dans telle ou telle entreprise <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
région.<br />
Nous vivons dans une société où le lien entre agriculteur et<br />
nourriture n’existe plus. Il suffit d'aller au supermarché<br />
pour trouver <strong>de</strong> quoi manger sans se poser <strong>de</strong> question sur<br />
l’origine et le travail fourni <strong>de</strong>rrière tous ces produits. Dès<br />
lors, le fossé entre ruraux, non néo-ruraux et citadins se<br />
creusent <strong>de</strong> plus en plus.<br />
C<strong>la</strong>ire. Pour aller dans le même sens que Catherine, il y a<br />
quelque chose qui m’émeut (sans jeux <strong>de</strong> mots), je ne sais<br />
pas vraiment pourquoi, mais ça me donne à <strong>la</strong> fois le<br />
sourire, une fierté, et presque envie <strong>de</strong> pleurer.<br />
Voilà, chaque automne, vers <strong>la</strong> mi-octobre, est organisé le<br />
grand concours départemental <strong>de</strong> l’élevage à <strong>la</strong> Halle Safire.<br />
Quand je passe ces jours-là au centre-ville, je croise une<br />
belle bétaillère accrochée à un superbe tracteur. Ce<strong>la</strong> fait<br />
b<strong>la</strong>ng-b<strong>la</strong>ng sur <strong>les</strong> passages cloutés, ralentit un peu <strong>la</strong><br />
circu<strong>la</strong>tion, <strong>les</strong> passants se retournent. Mon regard croise<br />
celui d’une <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux magnifiques vaches qui sortent leur<br />
museau. Vous avez déjà regardé une vache dans <strong>les</strong> yeux,<br />
en ville ? Alors, ça met <strong>de</strong> bonne humeur <strong>de</strong> <strong>les</strong> voir toutes<br />
guillerettes dans leur carrosse, bien brossées et prêtes à se<br />
pavaner au concours. Je ressens alors un sentiment <strong>de</strong><br />
fierté, d’appartenance à un groupe, à un mon<strong>de</strong>, au «<br />
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