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Un livre les Mots de la terre - Pardessuslahaie.net

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d’un an et je ne connaissais pas grand mon<strong>de</strong>. J’étais<br />

connue comme <strong>la</strong> femme <strong>de</strong> Nico<strong>la</strong>s, mais je fréquentais<br />

peu <strong>de</strong> personnes, j’étais donc toute contente qu’el<strong>les</strong><br />

veuillent me voir.<br />

Je <strong>les</strong> ai accueillies à <strong>la</strong> maison, on s’est assises, et on a parlé<br />

tranquillement. El<strong>les</strong> m’ont écoutée, je <strong>les</strong> ai écoutées, et<br />

c’est ce qui m’a plu, cette qualité <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tion, <strong>de</strong> contact<br />

établi entre nous.<br />

Lors <strong>de</strong> cette première rencontre, el<strong>les</strong> m’ont <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong><br />

venir témoigner à l’occasion d’une soirée-débat-re<strong>la</strong>tions<br />

humaines dont le thème était « Femmes d’agriculteurs<br />

travail<strong>la</strong>nt à l’extérieur. Femmes d’agriculteurs travail<strong>la</strong>nt à<br />

<strong>la</strong> ferme ». J’ai accepté. C’est ainsi que j’ai fait mes premiers<br />

pas au GVA, directement mis dans le bain. J’ai apporté mon<br />

témoignage <strong>de</strong>vant une trentaine <strong>de</strong> personnes, croisant<br />

mon expérience avec cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux autres femmes, et<br />

recevant <strong>les</strong> commentaires vifs et animés <strong>de</strong> l’assemblée,<br />

surtout composée <strong>de</strong> femmes.<br />

Je leur ai parlé <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon dont s’organisait notre vie<br />

quotidienne, notre journée, sachant que j’avais un emploi<br />

assez prenant à « l’extérieur », partant le matin à 7h30 et<br />

revenant rarement le soir avant 19h (c’était bien avant <strong>les</strong><br />

35h). J’ai expliqué que, compte tenu <strong>de</strong> mon emploi du<br />

temps, et sachant que je considère que mon mari était<br />

assez grand, je ne lui <strong>la</strong>vais pas son linge sale, que je ne lui<br />

préparais pas son repas le soir pour le len<strong>de</strong>main midi, en<br />

gros, il se débrouil<strong>la</strong>it. Cette notion d’égalité hommesfemmes<br />

était évi<strong>de</strong>nte pour moi à l’époque, mais elle avait<br />

provoqué <strong>de</strong> vives réactions : « Quoi, tu ne prépares pas à<br />

manger à ton homme. Ah, moi, je ne pourrais pas ! » Et moi,<br />

rétorquant: « Et pourquoi pas ? »<br />

Pierre : Ce<strong>la</strong> c'était au siècle <strong>de</strong>rnier. Mais maintenant<br />

comment voyez- vous <strong>les</strong> choses ?<br />

C<strong>la</strong>ire : Avec presque 20 ans <strong>de</strong> recul, je ris, parce qu’il y a<br />

certaines choses sur <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> je n’ai pas cédé –par<br />

exemple, chez nous, chacun repasse, ou ne repasse pas,<br />

pour soi– mais il y a aussi eu quelques désillusions et reculs<br />

ou aménagements <strong>de</strong> comp<strong>la</strong>isance dans l’organisation,<br />

bien carrée, que j’avais ordonnée après notre mariage.<br />

Depuis que j’ai créé mon activité chambres d’hôtes à <strong>la</strong><br />

maison, et que je suis tout le temps là, il y a eu <strong>de</strong>s<br />

«mauvaises habitu<strong>de</strong>s » <strong>de</strong> prises. Pour recaler le tout, <strong>de</strong><br />

temps en temps, ce<strong>la</strong> fait du bien <strong>de</strong> partir en voyage<br />

d’étu<strong>de</strong>s 8 jours, seule, sans (presque) rien prévoir pour <strong>les</strong><br />

repas, ou <strong>de</strong> s’absenter pour <strong>de</strong>s réunions à <strong>la</strong> journée. Mais<br />

le plus dur, c’est quand j’ai une grosse charge <strong>de</strong> travail<br />

dans mes chambres d’hôtes et que je suis quand même à <strong>la</strong><br />

maison, donc corvéable pour préparer le repas, le servir,<br />

débarrasser, etc.<br />

Pierre : Tout ce<strong>la</strong> aurait-il été possible sans le GVA ?<br />

C<strong>la</strong>ire : Quand je repense à tout ce que je viens <strong>de</strong> dire, je<br />

crois que <strong>la</strong> barre était haute et je pèse, à sa juste valeur,<br />

tout ce que m'a apporté le GVA. <strong>Un</strong> espace <strong>de</strong> liberté et<br />

d'échanges, lieu où l'on s'informe et se forme, où l'on<br />

progresse, où l'on rêve, puis on bâtit <strong>de</strong>s projets collectifs,<br />

un lieu d'intégration aussi pour <strong>les</strong> nouveaux. À ce sujet, je<br />

voudrais que l'on réfléchisse à notre groupe actuel : on y<br />

est très bien, vraiment très bien. Mais sommes-nous<br />

ouverts, prêts à accueillir et à intégrer <strong>de</strong> nouveaux<br />

arrivants ?<br />

Catherine : Gran<strong>de</strong> question.<br />

En ce qui concerne notre équipe, nous sommes toujours<br />

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