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Un livre les Mots de la terre - Pardessuslahaie.net

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avons fait <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s, agrico<strong>les</strong> ou non, avons obtenu <strong>de</strong>s<br />

diplômes. Alors, est-il nécessaire <strong>de</strong> nous abor<strong>de</strong>r <strong>de</strong> cette<br />

façon ?<br />

Je ne pense pas que l’on puisse <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r un entretien avec<br />

le directeur d’une entreprise <strong>de</strong> cette manière (avec <strong>les</strong><br />

mains dans <strong>les</strong> poches), alors pourquoi ce ton familier ?<br />

Avons-nous toujours <strong>de</strong>s airs <strong>de</strong> péquenot ? Est-ce parce<br />

que notre " uniforme" n’est pas toujours très présentable<br />

ou parce que " ici c’est <strong>la</strong> campagne" ?<br />

C<strong>la</strong>ire : C’est un peu paradoxal, je l'avoue, parce que <strong>la</strong> vie<br />

qu’on mène au quotidien en tant qu’agriculteurs dans <strong>de</strong>s<br />

petites communes rura<strong>les</strong> est finalement plutôt<br />

sympathique, agréable et bien vivable. Pourtant, quand on<br />

parle <strong>de</strong> notre métier, on a tendance à ressortir d’abord <strong>la</strong><br />

grogne, l’incompréhension, <strong>les</strong> sentiments d’injustice face à<br />

ce que l’on perçoit du message <strong>de</strong>s médias, <strong>de</strong> <strong>la</strong> société,<br />

<strong>de</strong>s décisions politiques…<br />

Nos journées, même si dans nos fermes d’aujourd’hui il y a<br />

beaucoup moins <strong>de</strong> gens à y travailler, à y vivre à temps<br />

plein, sont remplies <strong>de</strong> toutes nos tâches quotidiennes et<br />

variées, mais aussi <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> contacts avec <strong>les</strong> gens qui<br />

gravitent autour. Ils font que notre vie sur <strong>la</strong> ferme, qui<br />

peut sembler isolée <strong>de</strong> loin, est en fait bien peuplée <strong>de</strong> tous<br />

<strong>les</strong> petits liens <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> gens qui téléphonent, écrivent,<br />

passent et repassent sur <strong>la</strong> ferme.<br />

Pas une journée ne passe sans qu’un technicien <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

coopérative, un ven<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> matériel, un artisan avec qui on<br />

est en affaire, un contrôleur du syndicat <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nts, le<br />

banquier ou <strong>la</strong> comptable ne vienne sur p<strong>la</strong>ce, et chacun est<br />

heureux <strong>de</strong> se voir même si c’est pour parler « boulot ».<br />

Pas une journée non plus sans l’arrivée d’un <strong>livre</strong>ur <strong>de</strong><br />

compost, d’agglos ou <strong>de</strong> semences ou d’un camion qui vient<br />

charger du blé ou <strong>de</strong>s patates et avec qui il est parfois, je<br />

l’avoue, plus difficile <strong>de</strong> discuter en polonais ou en<br />

portugais.<br />

Souvent, on partage le déjeuner avec notre fidèle sa<strong>la</strong>rié<br />

saisonnier ou le chauffeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> CUMA (Coopérative<br />

d'Utilisation <strong>de</strong> Matériel Agricole) ou <strong>de</strong> l’ETA (Entreprise<br />

<strong>de</strong> Travaux Agrico<strong>les</strong>), qui est venu nous ai<strong>de</strong>r à semer le<br />

blé ou arracher <strong>les</strong> navets. C’est l’occasion <strong>de</strong> faire mijoter<br />

un bon pot-au-feu et d’enfourner une bonne tarte aux<br />

pommes. En soirée, c’est le voisin qui passe emprunter le<br />

petit tracteur, un autre qui vient <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r un service, ou<br />

nous offrir un morceau <strong>de</strong> bon fromage fermier rapporté <strong>de</strong><br />

ses <strong>de</strong>rnières vacances.<br />

Pas un matin sans courrier, avec évi<strong>de</strong>mment son lot <strong>de</strong><br />

factures et <strong>de</strong> relevés <strong>de</strong> banque. Mais aussi <strong>de</strong>s<br />

sollicitations, plus alléchantes <strong>les</strong> unes que <strong>les</strong> autres, pour<br />

aller à un vernissage, à <strong>de</strong>s réunions d’information, <strong>de</strong>s<br />

A.G., <strong>de</strong>s formations, <strong>de</strong>s débats toujours très intéressants,<br />

autant en tourisme qu’en agriculture, ou en vie locale. Le<br />

seul embêtement est <strong>de</strong> choisir.<br />

Le mercredi, c’est <strong>la</strong> fille <strong>de</strong> <strong>la</strong> voisine qui vient nous vendre<br />

un billet <strong>de</strong> tombo<strong>la</strong> pour aller en Angle<strong>terre</strong> avec sa<br />

c<strong>la</strong>sse. Le samedi midi, c’est un retraité qui arrive chercher<br />

un sac <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> <strong>terre</strong>, un autre qui débarque avec sa<br />

petite remorque chercher du blé pour ses pou<strong>les</strong> ou un<br />

round <strong>de</strong> paille pour son cheval. Client ou ami en profite<br />

pour nous faire goûter <strong>les</strong> premières tomates du jardin ou<br />

<strong>les</strong> poires du verger.<br />

Pas un week-end ne passe sans qu’on ait l’embarras du<br />

choix entre <strong>la</strong> Potée <strong>de</strong> l’école, le Fest-Noz du Cercle<br />

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