classification internationale des handicaps et santé mentale - ctnerhi
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660 000 personnes résident dans une institution <strong>et</strong> sont en situation<br />
de dépendance à la fois personnelle <strong>et</strong> institutionnelle ; soit 1,2 % de<br />
la population française : 475 000 dans <strong>des</strong> établissements pour personnes<br />
âgées, 80 000 dans ceux hébergeant <strong>des</strong> adultes handicapés,<br />
46 000 pour les enfants <strong>et</strong> adolescents handicapés, 65 000 patients<br />
présents dans les établissements psychiatriques. Sur le total, environ<br />
15 % de ces personnes n’ont aucun contact avec le monde extérieur<br />
dans l’année (ni visites, ni sorties) 1 .<br />
Pour autant, il ne s’agit pas de stocks. L’action sanitaire <strong>et</strong> sociale<br />
se pense dans le temps <strong>et</strong> dans l’espace, avec <strong>des</strong> progressions dans les<br />
processus d’insertion, mais aussi <strong>des</strong> ruptures, <strong>des</strong> détours, y compris<br />
dans <strong>des</strong> lieux éloignés du monde ordinaire, sans que cela porte<br />
atteinte aux visées démocratiques <strong>et</strong> sans que l’on puisse y voir une<br />
volonté délibérée d’exclusion 2 . Puisque les individus ont chacun leurs<br />
propres difficultés <strong>et</strong> accomplissent <strong>des</strong> parcours souvent fluctuants <strong>et</strong><br />
complexes, nous devons abandonner les conceptualisations intemporelles<br />
alimentées par telle ou telle construction idéologique. En ce<br />
sens, une <strong>classification</strong> <strong>internationale</strong> suppose un accord minimal sur<br />
son statut d’outil au service de proj<strong>et</strong>s individualisés <strong>et</strong> tirer plus vers<br />
une approche clinique, voire phénoménologique, que vers le scientisme.<br />
À la différence <strong>des</strong> préoccupations héritées du XIX e siècle où il<br />
s’agissait de classer <strong>des</strong> populations dans une logique proche de celle<br />
<strong>des</strong> jardins zoologiques 3 , la CIH doit se fonder sur une logique de<br />
mouvement <strong>et</strong> de compréhension de la complexité du devenir de<br />
chaque personne handicapée. C’est à c<strong>et</strong>te condition qu’elle peut<br />
contribuer au renforcement de l’action sociale*.<br />
1. Pierre Mormiche, « Les personnes dépendantes en institution », INSEE Première,<br />
n o 669, août 1999.<br />
2. Cf. Philippe Reynaud, « L’éducation spécialisée », Esprit, n o 5, mai 1982, p. 76-99, <strong>et</strong><br />
n o 7-8, juill<strong>et</strong>-août 1982.<br />
3. H. Ellenberger, « Jardin zoologique <strong>et</strong> hôpital psychiatrique », in A. Brion <strong>et</strong> H. Ey,<br />
Psychiatrie animale, Paris, Desclée de Brouwer, 1964, p. 560 sq.<br />
* Ce texte reprend <strong>et</strong> développe une intervention à la Conférence d’experts consacrée à la<br />
révision de la CIH, le 5 juin 2000.<br />
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