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Olivier Twist I<br />
Chapitre XVI<br />
qui les avait introduits eût remis en place la chaîne et les barres de fer qui<br />
barricadaient la porte.<br />
« Il n’y a personne ? demanda Sikes.<br />
— Non, répondit une voix qu’Olivier crut reconnaître.<br />
— Le vieux est-il là ? ajouta le brigand.<br />
— Oui, répondit la voix, et il avait l’oreille basse en vous aendant.<br />
Va-t-il être content de vous voir ! plus que ça de chance ! »<br />
Le style de cee réponse, aussi bien que la voix de celui qui parlait,<br />
n’étaient pas inconnus à Olivier ; mais il était impossible, dans l’obscurité,<br />
de voir quel était cet interlocuteur.<br />
« Éclaire-nous, dit Sikes ; autrement nous allons nous casser le cou ou<br />
marcher sur les paes du chien, et, alors, gare aux jambes, je ne vous dis<br />
que ça.<br />
— Aendez un instant et vous aurez de la lumière », répondit la voix.<br />
On entendit les pas de quelqu’un qui s’éloignait, et au bout d’une minute<br />
on vit paraître le sieur Jack Dawkins, autrement dit le rusé Matois, tenant<br />
une chandelle fichée dans un bâton fendu.<br />
Le jeune filou ne s’arrêta pas à renouer connaissance avec Olivier autrement<br />
que par une grimace, et fit signe aux visiteurs de le suivre au bas<br />
de l’escalier ; ils traversèrent une cuisine où l’on ne voyait que les quatre<br />
murs, et ouvrant la porte d’une pièce basse et humide, qui donnait sur<br />
une petite cour fangeuse. Ils furent accueillis par de grands éclats de rire.<br />
« Oh ! la bonne tête ! s’écria maître Charles Bates, en riant à se tenir<br />
les côtes. Le voilà ! ah ! le voilà ! regardez-le donc, Fagin : mais voyez donc<br />
la mine qu’il fait ! c’est trop fort ! En voilà une bonne farce ! Je n’en puis<br />
plus ; il y a de quoi mourir de rire. Tenez-moi, ou j’étouffe ! »<br />
La gaieté de maître Bates n’eut plus de bornes ; il se laissa tomber tout<br />
de son long sur le plancher, agitant convulsivement ses jambes, et pendant<br />
cinq minutes il ne put modérer ses transports. Enfin il se remit sur<br />
pied, saisit la chandelle que tenait le Matois, et s’approchant d’Olivier,<br />
il l’examina des pieds à la tête, tandis que le juif, ôtant son bonnet, saluait<br />
respectueusement et à plusieurs reprises l’enfant abasourdi ; quant<br />
au Matois, sournois comme il l’était, et peu enclin à rire dès qu’il avait<br />
l’occasion d’exercer ses talents, il fouillait les poches d’Olivier avec un<br />
soin minutieux.<br />
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