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olivier twist i

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Olivier Twist I<br />

Chapitre XXIV<br />

meilleures amies, et à se répandre en protestations qu’elles ne la quieraient<br />

pas ; mais la matrone les fit sortir, ferma la porte et revint près du<br />

lit. Une fois dehors, les deux vieilles changèrent de note et crièrent par<br />

le trou de la serrure que la vieille Sally était ivre ; ce qui, en effet, n’était<br />

pas absolument impossible : car, outre une faible dose d’opium ordonnée<br />

par le pharmacien, elle avait à luer contre les effets d’un grog, que les<br />

vieilles femmes, par bonté d’âme, lui avaient administré de leur autorité<br />

privée.<br />

« Maintenant écoutez-moi, dit la mourante à haute voix, comme si elle<br />

faisait un grand effort pour retrouver un peu de force... Dans cee même<br />

chambre... dans ce même lit... j’ai jadis veillé une belle jeune femme, qui<br />

avait été amenée au dépôt, les pieds déchirés par les fatigues d’une longue<br />

marche, et toute souillée de sang et de poussière. Elle mit au monde un<br />

enfant, et mourut. Laissez-moi réfléchir... que je me souvienne en quelle<br />

année c’était.<br />

— Peu importe l’année, dit l’impatiente matrone... où voulez-vous en<br />

venir ?<br />

— Ah oui, murmura la malade en retombant dans sa somnolence ; où<br />

voulais-je en venir... Je sais ! s’écria-t-elle en se redressant tout à coup<br />

convulsivement. » Sa figure s’anima, et les yeux lui sortaient de la tête.<br />

« Je l’ai volée ; oui, je l’ai volée ! Elle n’était pas encore froide. Je vous dis<br />

qu’elle n’était pas encore froide quand je l’ai volée.<br />

— Volé quoi ? parles, pour l’amour de Dieu ! s’écria la matrone en<br />

faisant un geste comme pour appeler du secours.<br />

— La chose ! répondit la mourante en meant sa main sur la bouche<br />

de la matrone, la seule chose qu’elle possédât. Elle n’avait ni vêtements<br />

pour se garantir du froid, ni pain à manger ; et elle avait gardé cela sur<br />

son cœur : c’était de l’or, vous dis-je ! du vrai or qui aurait pu servir à lui<br />

sauver la vie.<br />

— De l’or ! répéta la matrone en se penchant vivement vers la mourante<br />

qui retomba épuisée sur le lit... Continuez, continuez. . . eh bien ! et<br />

puis ? i était cee jeune mère ? and était-ce ?<br />

— Elle m’avait chargé de le garder précieusement, reprit la vieille en<br />

poussant un cri plaintif. Elle me l’avait confié parce qu’elle n’avait que<br />

moi près d’elle. Du moment que je l’ai vu à son cou. . . je l’avais déjà volé<br />

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