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olivier twist i

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Olivier Twist I<br />

Chapitre XXVIII<br />

cause avait pu amener un changement si soudain dans leur tempérament.<br />

« Je sais ce que c’est, dit M. Giles, c’est la barrière.<br />

— Cela ne m’étonnerait pas, s’écria Briles, s’arrêtant tout de suite à<br />

cee idée.<br />

— Soyez sûr, dit Giles, que c’est la barrière qui a mis un frein à notre<br />

ardeur ; j’ai senti la mienne m’abandonner tout à coup au moment où<br />

j’escaladais la barrière. »<br />

Par une coïncidence digne de remarque, les deux autres avaient<br />

éprouvé la même sensation désagréable, juste au même moment. Il fut<br />

donc évident pour tous trois que c’était la barrière, d’autant plus qu’il n’y<br />

avait nul doute à avoir sur le moment précis où ce changement s’était<br />

produit en eux : car tous trois se souvenaient que c’était en escaladant la<br />

barrière qu’ils avaient aperçu les voleurs.<br />

Ce dialogue avait lieu entre les deux hommes qui avaient surpris les<br />

brigands, et un chaudronnier ambulant, qui avait couché sous un hangar,<br />

et qu’on avait réveillé ainsi que ses deux chiens barbets pour prendre part<br />

à la poursuite. M. Giles remplissait à la fois les fonctions de sommelier et<br />

d’intendant près de la vieille dame, propriétaire de l’habitation, et Briles<br />

était pour tout faire ; comme il était entré tout enfant dans la maison, on<br />

le traitait toujours comme un jeune garçon qui promeait, bien qu’il eût<br />

quelque chose comme trente ans passés.<br />

Ils causaient donc, comme nous l’avons vu, pour se donner du courage<br />

; mais ils marchaient serrés les uns entre les autres, et jetaient autour<br />

d’eux un regard inquiet, pour peu que le vent agitât les branches ; ils se<br />

portèrent avec précipitation vers un arbre au pied duquel ils avaient laissé<br />

leur lanterne, qu’ils enlevèrent dans la crainte que la lueur n’indiquât aux<br />

voleurs le point vers lequel il fallait faire feu. Puis ils continuèrent à se<br />

diriger vers la maison, plutôt courant que marchant, et, longtemps après<br />

qu’il ne fut plus possible de les distinguer, on entrevoyait encore leur<br />

ombre mobile s’agiter et danser dans le lointain, assez semblable à une<br />

vapeur qui s’élève d’un sol humide et détrempé.<br />

L’air devint plus froid à mesure que le jour avança lentement, et le<br />

brouillard couvrit la terre comme d’un épais nuage de fumée. L’herbe<br />

était trempée, les sentiers et les bas-fonds n’étaient que boue et que fange,<br />

et un vent de pluie malsain faisait entendre son triste sifflement. Olivier<br />

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