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olivier twist i

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Olivier Twist I<br />

Chapitre XXVI<br />

Le juif fit signe que oui.<br />

« Aendez, poursuivit le marchand en cherchant dans sa tête ; ils sont<br />

bien une demi-douzaine, à ma connaissance ; je ne crois pas que votre ami<br />

soit du nombre.<br />

— Sikes n’y est pas, je suppose ? demanda le juif d’un air désappointé.<br />

— Non est ventus, il n’est pas venu, comme disent les gens de loi, répondit<br />

le petit homme en secouant la tête et en prenant un air singulièrement<br />

rusé. Avez-vous quelque chose ce soir qui puisse faire mon affaire ?<br />

— Rien ce soir, dit le juif en s’éloignant.<br />

— Allez-vous aux Trois-Boîteux, Fagin ? dit le petit homme en le rappelant<br />

; aendez, j’ai envie d’aller y faire un tour avec vous ! »<br />

Le juif tourna la tête et lui fit signe de la main qu’il préférait être<br />

seul ; et d’ailleurs, comme le petit homme ne pouvait pas aisément sortir<br />

de sa chaise, l’enseigne des Trois-Boîteux fut pour cee fois privée de<br />

l’avantage de la présence de M. Lively ; dans le temps qu’il lui fallut pour<br />

se lever, le juif avait disparu. M. Lively, après s’être dressé inutilement<br />

sur la pointe des pieds dans l’espoir de l’apercevoir encore, s’enfonça de<br />

nouveau dans sa petite chaise, et après avoir échangé avec une dame, dans<br />

la boutique en face, un signe de tête qui exprimait le doute et la défiance,<br />

il reprit sa pipe et se remit gravement à fumer.<br />

Les Trois-Boîteux, ou plutôt les Boiteux, enseigne bien connue de tous<br />

les habitués du lieu, était cee même taverne où M. Sikes et son chien<br />

ont déjà figuré. Fagin fit un signe rapide à un homme assis au comptoir,<br />

monta l’escalier, ouvrit une porte, se glissa doucement dans la salle, et<br />

jeta un regard inquiet autour de lui, en meant sa main au-dessus de ses<br />

yeux, comme s’il cherchait quelqu’un.<br />

La salle était éclairée par deux becs de gaz dont la lueur ne pouvait<br />

être aperçue du dehors, grâce aux volets bien fermés et aux rideaux d’un<br />

rouge passé soigneusement tirés devant la fenêtre. Le plafond était noirci,<br />

pour que la fumée des lampes n’en altérât pas la couleur.<br />

La salle était pleine d’un nuage de tabac si épais, qu’en entrant on ne<br />

pouvait presque rien distinguer ; par degrés cependant, quand la porte,<br />

en s’ouvrant, laissait échapper un peu de fumée, on découvrait un bizarre<br />

assemblage de têtes, aussi confus que les sons qui venaient frapper<br />

l’oreille ; l’œil s’accoutumait peu à peu à ce spectacle, et finissait par dis-<br />

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