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olivier twist i

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Olivier Twist I<br />

Chapitre XII<br />

dans son sac un petit livre de prières et un large bonnet de nuit. Elle plaça<br />

l’un sur la table, l’autre sur sa tête, dit à Olivier qu’elle était là pour le<br />

veiller, et, s’asseyant près du feu, elle tomba dans un demi-sommeil souvent<br />

interrompu par des soubresauts, à la suite desquels elle se froait le<br />

nez et s’endormait de nouveau.<br />

La nuit s’écoula ainsi lentement. Olivier resta quelque temps éveillé,<br />

occupé à compter les petits cercles lumineux que la veilleuse projetait au<br />

plafond, ou à suivre d’un œil languissant le dessin compliqué du papier<br />

qui ornait la muraille.<br />

Ce demi-jour et le profond silence qui régnait dans la chambre avaient<br />

quelque chose d’imposant, et faisaient songer à l’enfant que la mort avait<br />

plané sur lui, pendant bien des jours et bien des nuits, et qu’elle pouvait<br />

encore revenir sombre et terrible ; il se retourna sur son oreiller, et adressa<br />

au ciel une fervente prière.<br />

Peu à peu il éprouva ce sommeil profond et paisible que le soulagement<br />

d’une récente souffrance peut seul procurer ; repos si calme et si<br />

salutaire que l’on regree d’en sortir. i voudrait, si ce repos était celui<br />

de la mort, se réveiller pour endurer encore les peines et les lues de la<br />

vie, et se retrouver en proie aux soucis du présent, aux inquiétudes de<br />

l’avenir et surtout aux pénibles souvenirs du passé ?<br />

Il faisait grand jour depuis longtemps quand Olivier ouvrit les yeux ;<br />

il éprouva un sentiment de joie et de bonheur : la crise était passée, et il<br />

se retrouvait définitivement encore de ce monde.<br />

Au bout de trois jours il put s’étendre sur une chaise longue, bien<br />

garnie d’oreillers ; comme il était encore trop faible pour marcher, Mᵐᵉ<br />

Bedwin le fit transporter en bas, dans sa propre chambre, l’installa devant<br />

le feu, s’assit près de lui, et dans le transport de sa joie, en le voyant hors<br />

de danger, se mit à sangloter très fort.<br />

« Ne faites pas aention, mon petit ami, disait la vieille dame ; c’est<br />

plus fort que moi ; là, c’est fini ; me voici remise.<br />

— Vous êtes bien bonne pour moi, madame, dit Olivier.<br />

— Ne parlons plus de ça, mon ami, dit la vieille ; ça n’a rien à faire<br />

avec votre bouillon, et il est grand temps de le prendre ; le docteur a dit<br />

que M. Brownlow viendrait peut-être vous voir ce matin, et il faut qu’il<br />

nous trouve en bonne tenue, parce que mieux nous serons, plus il sera<br />

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