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olivier twist i

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Olivier Twist I<br />

Chapitre XXVIII<br />

Il s’avança ainsi en chancelant, se frayant machinalement passage<br />

entre les barrières et les baies qui se trouvaient sur son chemin, et enfin<br />

il arriva à une route ; là, la pluie commença à tomber si fort qu’il revint à<br />

lui.<br />

Il regarda tout à l’entour et vit à peu de distance une maison, jusqu’à<br />

laquelle il pourrait peut-être se traîner. En voyant son état on aurait sans<br />

doute pitié de lui, et dans le cas contraire, mieux valait encore, pensait-il,<br />

mourir près d’un toit habité par des êtres humains, que dans la solitude<br />

des champs, à la belle étoile. Il réunit tout ce qui lui restait de force pour<br />

cee dernière tentative, et s’avança d’un pas incertain.<br />

En approchant de cee maison, il lui sembla vaguement qu’il l’avait<br />

déjà vue ; il ne se souvenait d’aucun détail, mais la forme et l’aspect de<br />

cee maison ne lui étaient pas inconnus.<br />

Ce mur de jardin ! sur la pelouse, de l’autre côté, il était tombé à genoux<br />

la nuit dernière, et avait imploré la merci des deux brigands ; c’était<br />

bien là la maison qu’ils avaient essayé de dévaliser.<br />

En reconnaissant où il était, Olivier éprouva une telle crainte, qu’il<br />

oublia, un instant les tortures que sa blessure lui faisait éprouver, et ne<br />

songea qu’à fuir. Fuir ! il pouvait à peine se tenir debout ; et quand même il<br />

aurait eu toute l’agilité de la jeunesse, où pouvait-il fuir ? Il poussa la porte<br />

du jardin ; elle n’était pas fermée à clef et roula sur ses gonds ; il franchit<br />

péniblement la pelouse, gravit les marches du perron, frappa doucement<br />

à la porte, et les forces lui manquant tout à fait, il s’affaissa contre un des<br />

piliers de la porte d’entrée.<br />

En ce moment, M. Giles, Briles et le chaudronnier étaient dans la cuisine,<br />

et se remeaient des fatigues et des terreurs de la nuit avec du thé<br />

et des friandises ; non qu’il fût dans les habitudes de M. Giles de laisser<br />

prendre trop de familiarité aux domestiques inférieurs, envers lesquels<br />

il était plutôt enclin à se comporter avec une bienveillance hautaine, de<br />

manière à ne pas leur laisser oublier la supériorité de sa position sociale ;<br />

mais devant la mort, les incendies, les aaques à main armée, tous les<br />

hommes sont égaux. M. Giles était donc assis à la cuisine, les jambes<br />

croisées devant le feu, le bras gauche appuyé sur la table, tandis qu’il<br />

gesticulait du bras droit et faisait de l’aaque nocturne un récit détaillé<br />

et minutieux, que tous les auditeurs, et surtout la cuisinière et la femme<br />

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