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Olivier Twist I<br />
Chapitre XXI<br />
« Au revoir, mon garçon ! dit l’homme.<br />
— Il est honteux, répondit Sikes en secouant vivement le bras de l’enfant<br />
; il est honteux, ce petit nigaud ! n’y faites pas aention.<br />
— Non certes, reprit l’autre en montant dans sa charree. Tenez, voilà<br />
le temps qui se met au beau. »<br />
Il fouea son cheval et s’éloigna. Sikes aendit qu’il fût hors de vue ;<br />
alors il dit à Olivier qu’il pouvait regarder autour de lui s’il voulait, et ils<br />
continuèrent leur route.<br />
À peu de distance de l’auberge ils tournèrent à gauche, puis à droite,<br />
et marchèrent longtemps droit devant eux. De beaux jardins, d’élégantes<br />
maisons de campagne, bordaient la route. Ils ne s’arrêtèrent que pour<br />
prendre un peu de bière, et arrivèrent enfin à une ville où Olivier vit écrit<br />
en grosses leres sur un mur : Hampton. Ils rôdèrent dans les champs<br />
pendant quelques heures ; ils revinrent enfin dans la ville, entrèrent dans<br />
une vieille auberge dont l’enseigne était effacée, et se firent servir à dîner<br />
dans la cuisine, au coin du feu.<br />
C’était une espèce de salle basse, avec une grosse poutre au milieu<br />
du plafond, et devant la cheminée des bancs à dossier élevé, sur lesquels<br />
étaient assis plusieurs hommes en blouse, occupés à boire et à fumer ; ils<br />
regardèrent à peine Sikes, et nullement Olivier. Sikes de son côté ne fit pas<br />
aention à eux, alla se placer dans un coin avec son jeune compagnon, et<br />
ne fut guère importuné par la compagnie.<br />
On leur servit de la viande froide. Après le dîner, M. Sikes fuma trois<br />
ou quatre pipes, et resta si longtemps à table qu’Olivier commença à croire<br />
qu’ils n’iraient pas plus loin. Fatigué par une si longue marche, et étourdi<br />
par la fumée du tabac, il s’assoupit, et bientôt s’endormit profondément.<br />
Il faisait tout à fait nuit quand Sikes le réveilla brusquement. En ouvrant<br />
les yeux, il vit son compagnon en conférence intime avec un paysan,<br />
avec lequel il buvait une pinte d’ale.<br />
« Comme cela, vous allez au Bas-Halliford, n’est-ce pas ? demanda<br />
Sikes.<br />
— Oui, répondit l’homme, qui semblait un peu échauffé par la boisson ;<br />
ça ne sera pas long. Mon cheval n’est pas chargé pour retourner, comme<br />
il l’était ce matin pour venir, et il fera la route en moins de rien, et bien<br />
content ! C’est une fameuse bête.<br />
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