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Voyage
Sabâture. Sa pointe efl dangereufe par une bâture qui s'étend dans
le Nord-Efl du cap , au moins à trois lieues au large ;
j'ai
vu fort diflinclement la mer brifer defïus. A une heure
après midi le vent avoit pafle au Nord-Nord- Ouefl , &
nous en profitâmes pour faire bonne route. A deux heures.
& demie nous étions parvenus à l'entrée du goulet ; un
autre obilacle nous y attendoit :
jamais avec un bon frais
de vent &: toutes voilés dehors , nous ne pûmes refoulerla
marée. A quatre
heures elle filoit près de deux lieues
le long de notre bord, & nous culions. En vain
perfiflâmes-nous
à vouloir lutter. Le vent fut moins confiant que
nous, &il fallut rétrograder. Il étoit à craindre de fe trouver
en calme dans le goulet expofés aux courans des marées
qui pouvoient nous jetter
en font l'entrée à l'Efl & à i'Ouefl.
fur les bâtures des caps qui
Mouillage Nous gouvernions au Nord- quart-Nord-Efl pour ve-
Pofleffion.
nir chercher un mouillage dans le fond de la baie de Poffefîion
, lorfque l'Etoile qui étoit plus à terre que nous ,
ayant pafTé tout d'un coup de vingt brafTes de fonda cinq,
nous arrivâmes vent arrière le cap à l'Efl, pour nous écarter
d'une bâture qui paroiflbit régner au fond & dans tout
le circuit de la baie. Pendant quelque tems nous ne trouvâmes
qu'un fond de rocher & de cailloux ; & ce ne fut
qu'à fept heures du foir ,
qu'étant fur vingt brafTes fond
de fable vazeux & de graviers noirs & blancs ,
nous mouillâmes
environ à deux lieues de terre.
La baie de PofFefïion
e(t ouverte à tous les vents & n'offre que de trèsmauvais
mouillages.
Dans le fond de cette baie s'élèvent
cinq mondrains dont un efl afTez confidérable ,
les quatre
que j'ai nommés les quatre fils Aimond, porte , on efl par le travers de cette M~
n'en offrent que deux en forme de ture.