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autour du Monde. 129
dant cette marche. Quelques-uns fe mirent dans l'eau ju£
qu'aux genoux pour nous fuivre plus long-tems. Arrivés à
nos canots , il falloit avoir l'œil à tout. Ils faififlbient tout
ce qui leur tomboit Tous la main. Un d'eux s'étoit emparé
d'une faucille ; on s'en apperçut , & il la rendit fans réfîftance.
Avant que de nous éloigner, nous vîmes encore
groffir leur troupe par d'autres qui arrivoient inceflamment
à toute bride. Nous ne manquâmes pas en nous
féparant d'entonner un chaoua dont toute la côte retentit.
Ces Américains font les mêmes que ceux vus par l'E- Description
toile en 1766. Un de nos matelots qui étoit alors fur cette tt^î Amé "
flûte , en a reconnu un qu'il avoit vu dans le premier
voyage. Ces hommes font d'une belle taille ;
parmi ceux
que nous avons vus , aucun n'étoit au-deffous de cinq
pieds cinq à fix pouces, ni au-deffus de cinq pieds neuf à
dix pouces ; les gens de l'Etoile en avoient vu dans le précédent
voyage plufieurs de fix pieds. Ce qu'ils ont de gigantefque,
c'eft leur énorme carrure , la groffeur de leur
tête ik l'épaiffeur de leurs membres. Ils font robuftes &
bien nourris , leurs nerfs font tendus, leur chair eft ferme
& foutenue; c'eft l'homme qui , livré à la nature & à un
aliment plein de fucs , a pris tout l'accroifTement dont il
eft fufceptible -, leur figure n'eft ni dure ni defagréable ,
plufieurs l'ont jolie -, leur vifage eft rond & un peu plat j
leurs yeux font vifs ; leurs dents extrêmement blanches,
n'auroient pour Paris que le défaut d'être larges ; ils portent
de longs cheveux noirs attachés fur le fommet de
la tête.
J'en ai vu qui avoient fous le nez des mouftaches
plus longues que fournies. Leur couleur eft bronzée corn»
R
ncains.