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autour du Monde. 127
Dès que nous fûmes mouillés ,
je fis mettre à la mer avec^Sun
de mes canots & un de l'Etoile. Nous nous y embar- S 01lS -
quâmes au nombre de dix Officiers armés chacun de nos
fuïils, &: nous allâmes defcendre au fond de la baie, avec
la précaution de faire tenir nos canots à flot & les équipages
dedans. A peine avions-nous mis pied à terre, que
nous vîmes venir à nous fix Américains à cheval & au
grand galop, ils dépendirent de cheval à cinquante pas
& fur-le-champ accoururent au-devant de nous en criant
chaoua. En nous joignant ils tendoientles mains & lesappuyoient
contre les nôtres. Ils nous ferroient enfuite entre
leurs bras ,
répétant à tue-tête chaoua , chaoua que nous
répétions comme eux. Ces bonnes gens parurent trèsjoyeux
de notre arrivée. Deux des leurs ,
qui trembloient
en venant à nous , ne furent pas long-tems fans fe raffurer.
Après beaucoup de carefles réciproques , nous fîmes
apporter de nos canots des galettes & un peu de pain
frais
que nous leur distribuâmes & qu'ils mangèrent avec
avidité. A chaque inflant leur nombre augmentoit ;
bientôt
il s'en ramafla une trentaine parmi lefquels il y avoit
quelques jeunes gens & un enfant de huit à dix ans. Tous
vinrent à nous avec confiance & nous firent les mêmes
careffes que les premiers. Ils ne paroifibient point étonnés
de nous voir , & en imitant avec la voix le bruit de nos
fufils ,
ilnous faifoient entendre que ces armes leur étoient
connues. Ils paroiffoient attentifs à faire ce qui pouvoit
nous plaire.
M. de Commerçon & quelques-uns de nos
Meffieurs s'occupoient à ramaffer des plantes 3
plufîeurs
Patagons fe mirent auffi à en chercher, &ils apportoient
les efpeces qu'ils nous voyoient prendre. L'un d'eux appercevant
le Chevalier du Bouchage dans cette
occupa-