voyageautourdumo00boug

,
autour du Monde. 61
lèvent une infinité de jets concentriques , compofés de
feuilles en étoiles enchâffées les unes fur les autres &
comme enfilées par un axe commun. Ces jets font blancs
jufqua peu de diitance de la furface, où l'air les colore en
verd ; en les brifant il en fort un fuc abondant &laiteux 9
plus vifqueux que celui des thy timaies j le pied efl une
fource abondante de ce fuc , ainfi que les racines qui s'étendent
horizontalement , & vont provigner à quelque
diflance -, de forte qu'une plante n'efl jamais feule. Elle
paroît fe plaire fur le penchant des collines , & toutes les
exportions lui font indifférentes. Ce ne fut que la troifieme
année qu'on chercha à connoître fa fleur & fa graine
l'une & l'autre fort petites , parce qu'on étoit rebuté de
n'avoir pas pu en tranfporter en Europe. Enfin on a apporté
quelques graines pour tâcher de s'approprier cette
finguliere & nouvelle plante qui pourroit même être utile
en médecine, piufieurs matelots s'étant fervis de fa
réfine
avec fuccès pour fe guérir de légères blefïures. Une chofe
digne de remarque, c'eft. que cette plante ainfi retournée
,
perd fa réfine à l'air feul , & par le lavage des pluies»
Comment accorder cela
avec fa diffolution dans les feuîs
fpiritueux ? En cet état elle étoit d'une légèreté furprenante
& brûloit comme de la paille.
Après cette plante extraordinaire on en rencontroit une
d'une utilité éprouvée ; elle forme un petit arbriffeau , &
Plante à biei 1erre„
quelquefois rampe fous les herbes & le long des côtes.
Nous la goûtâmes par fantaifie , & nous lui trouvâmes un
goût de fapinette -,
ce qui nous donna l'idée d'efTayer d'en
faire.de labierre. Nous avions apporté une certaine quantité
de mélafTe & de grains ^ les procédés que nous employâmes
réufîirent au-delà de nos fouhaits,
& l'habitant