Les Collections de L’Histoire
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CANADA<br />
ROYAUME-UNI 1815 Waterloo<br />
Londres<br />
Plaines d’Abraham 1759<br />
Terre-Neuve<br />
Vitoria 1813<br />
Bermu<strong>de</strong>s<br />
1805 Trafalgar<br />
Légen<strong>de</strong>s Cartographie<br />
Honduras brit.<br />
OCÉAN<br />
PACIFIQUE<br />
Bougainville 1768<br />
1 er voyage <strong>de</strong> Cook<br />
2 000 km<br />
Amérique du Nord<br />
Caraïbes<br />
Guyane brit.<br />
AMÉRIQUE<br />
DU SUD<br />
1769<br />
OCÉAN<br />
ATLANTIQUE<br />
1769<br />
1768<br />
1767<br />
Ascension<br />
1771<br />
Europe<br />
AFRIQUE<br />
Sainte-Hélène<br />
L’empire colonial britannique :<br />
Au milieu du XVIII e siècle<br />
1763 Gains territoriaux<br />
après la guerre<br />
<strong>de</strong> Sept Ans<br />
1757 Rossbach<br />
(victoire prussienne)<br />
Égypte<br />
Le Cap<br />
Seychelles<br />
Maurice<br />
Plassey 1757<br />
INDE<br />
Bombay<br />
Colombo<br />
1768<br />
1783 Pertes territoriales<br />
L’empire en 1815<br />
après la défaite <strong>de</strong> Napoléon<br />
Route commerciale<br />
Iles Vierges<br />
Antigua<br />
St-Domingue<br />
Gua<strong>de</strong>loupe<br />
Caïmans<br />
St Christophe Dominique<br />
Jamaïque Montserrat Martinique<br />
Ste-Lucie<br />
Mer <strong>de</strong>s Caraïbes<br />
Barba<strong>de</strong><br />
St-Vincent<br />
Grena<strong>de</strong> Trinité<br />
<strong>Les</strong> Caraïbes au XVIII e siècle<br />
Ceylan<br />
ASIE<br />
OCÉAN<br />
INDIEN<br />
Îles Bahamas<br />
Zone disputée<br />
Victoire<br />
britannique<br />
et alliés<br />
L’empire colonial français :<br />
Au milieu du XVIII e siècle<br />
Iles <strong>de</strong>s Caraïbes<br />
perdues en 1763<br />
En 1815<br />
1770<br />
AUSTRALIE<br />
Tasmanie<br />
OCÉAN<br />
PACIFIQUE<br />
Une lutte pour la domination du mon<strong>de</strong><br />
Avant 1763, la France contrôle un imposant domaine en Amérique, du nord du Canada aux Caraïbes, auquel il faut ajouter dans l’océan Indien<br />
l’île Bourbon et l’île Maurice, ainsi que l’archipel <strong>de</strong>s Mascareignes. Après 1804 et l’indépendance <strong>de</strong> Saint-Domingue, la France se replie sur<br />
l’Europe. <strong>Les</strong> Anglais concentrent leur effort sur le contrôle <strong>de</strong>s routes maritimes vers l’Amérique du Nord et du Sud. En Afrique, ils surveillent<br />
le cap <strong>de</strong> Bonne-Espérance, puis s’assurent <strong>de</strong> la domination <strong>de</strong> l’In<strong>de</strong>. <strong>Les</strong> guerres impériales mettent fin à cet affrontement <strong>de</strong> soixante ans.<br />
1770<br />
leur territoire, mais surtout l’adaptation aux techniques<br />
<strong>de</strong> la « petite guerre » <strong>de</strong>s Indiens impliquent un niveau<br />
<strong>de</strong> violence que tous les acteurs constatent, transformant<br />
ces guerres coloniales et indiennes en laboratoire<br />
<strong>de</strong>s luttes à outrance qu’illustrent le massacre <strong>de</strong><br />
Jumonville contre un campement français en 1754 ou<br />
celui du Fort William-Henry en août 1757, contre un<br />
détachement anglais.<br />
Le futur grand explorateur Bougainville, alors jeune<br />
officier, est conscient qu’un niveau <strong>de</strong> violence vient<br />
d’être dépassé : « Il s’est passé dans cette occasion <strong>de</strong>s<br />
traits <strong>de</strong> fureur et <strong>de</strong> bassesse incroyables que l’on ne peut<br />
écrire et que je voudrais du meilleur <strong>de</strong> mon corps pouvoir<br />
oublier, mais malheureusement je n’ai que trop vu moimême<br />
et trop entendu. »<br />
C’est la nation tout entière qui est désormais<br />
confrontée à la guerre. Depuis le tour <strong>de</strong> vis fiscal du<br />
milieu du xviii e siècle, la guerre ne peut se faire sans l’assentiment<br />
<strong>de</strong>s sujets pressurés par l’impôt. L’ennemi, lui<br />
aussi, change. Il <strong>de</strong>vient la bête malfaisante à abattre ou<br />
le barbare à occire sans pitié. A l’annonce <strong>de</strong> la « guerre<br />
sans lois » que mène l’amirauté anglaise, les Français<br />
se déchaînent : fourberie et brutalité caractérisent<br />
« la perfi<strong>de</strong> Albion », mo<strong>de</strong>rne Carthage que Paris doit<br />
abattre pour sauver la civilisation régulée par les bonnes<br />
manières et les douces mœurs françaises.<br />
Le marquis d’Argenson, penseur politique qui fut<br />
durant la guerre <strong>de</strong> la Succession d’Autriche (1740-<br />
1748) secrétaire d’État aux Affaires étrangères, décrit<br />
les Anglais comme <strong>de</strong>s êtres « arrogants, ambitieux<br />
usurpateurs » « qui, semblables aux Algériens, déclarent<br />
la guerre et attaquent sans droit ». En 1757, un Petit<br />
catéchisme politique <strong>de</strong>s Anglais s’est chargé <strong>de</strong> montrer<br />
qu’ils incarnaient le pire du machiavélisme politique,<br />
ne visant qu’à la spoliation <strong>de</strong>s richesses du mon<strong>de</strong> et à<br />
la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> ses cultures, comme la mise en coupe<br />
réglée du continent indien le démontrerait.<br />
Autre illustration <strong>de</strong> cette anglophobie naissante,<br />
Pierre Lefèvre <strong>de</strong> Beauvray, dans son Adresse à la nation<br />
anglaise, présente en 1757 un poème patriotique dont<br />
les formules ne laisseront pas indifférent sans doute<br />
Rouget <strong>de</strong> Lisle, auteur trente-cinq ans plus tard <strong>de</strong> La<br />
Marseillaise : « Va pour t’entre-détruire, armer tes bataillons,/<br />
Et <strong>de</strong> ton sang impur abreuver tes sillons. »<br />
De l’autre côté du Channel, un homme entre en<br />
scène pour <strong>de</strong> longues années et transforme l’opinion<br />
anglaise : William Pitt. Lié aux intérêts <strong>de</strong> l’empire<br />
colonial, il a compris le rôle <strong>de</strong> la mobilisation psychologique<br />
<strong>de</strong> tous les Anglais. Il s’appuie pour cela sur<br />
la reconstruction <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong>s Britons, rappelant<br />
leur culture républicaine, leur volonté <strong>de</strong> construire<br />
un Commonwealth et la menace que fait peser sur leurs<br />
libertés l’absolutisme catholique français.<br />
L’avenir <strong>de</strong> l’Angleterre se joue et se construit contre<br />
la France et sur les mers. Mobilisation navale, conquêtes<br />
militaires sur tous les continents à exploiter, construction<br />
d’une opinion publique unie par le « patriotism »<br />
(un anglicisme importé en France qui ne connaît à<br />
l’époque que patriotique) et la Blue water policy ont<br />
jeté les fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> la victoire anglaise.<br />
46 LES COLLECTIONS DE L’HISTOIRE N°77