Les Collections de L’Histoire
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L’adhésion Le 22 janvier 1972, le Royaume-Uni, le Danemark et l’Irlan<strong>de</strong> signent le traité d’adhésion à l’Union européenne<br />
à Bruxelles. Ils font leur entrée officielle dans l’UE le 1 er janvier 1973. De gauche à droite : sir Alec Douglas-Home, secrétaire<br />
d’État au Foreign Office ; Edward Heath, Premier ministre britannique ; Geoffrey Rippon, chargé <strong>de</strong>s négociations d’adhésion.<br />
veut conserver le bénéfice <strong>de</strong> son insertion dans les<br />
trois cercles, malgré la décolonisation et la baisse<br />
rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s exportations britanniques à <strong>de</strong>stination du<br />
Commonwealth (<strong>de</strong> près <strong>de</strong> 50 % en 1950, elles sont<br />
tombées à 24,5 % en 1970). De son côté, la France se<br />
pose en défenseur <strong>de</strong>s institutions européennes dans<br />
la mesure où elles lui sont favorables. Elle affirme que<br />
la Communauté est ouverte aux Britanniques, à condition<br />
qu’ils fassent preuve <strong>de</strong> bonne volonté en acceptant<br />
à la fois les traités et l’acquis communautaire, en<br />
particulier la politique agricole commune.<br />
Ces différends recouvrent aussi <strong>de</strong>s conceptions<br />
politiques opposées. Dès septembre 1958, Charles <strong>de</strong><br />
Gaulle a fait comprendre, par son mémorandum, qu’il<br />
n’entendait pas se satisfaire <strong>de</strong> l’Alliance atlantique et<br />
voulait mener une politique indépendante <strong>de</strong>s États-<br />
Unis. Pour l’heure, son grand <strong>de</strong>ssein, c’est une Europe<br />
européenne. Le point <strong>de</strong> vue britannique, exprimé par<br />
sir Alec Douglas-Home, secrétaire d’État au Foreign<br />
Office, est tout différent : « Pour nous, entrer dans l’Europe,<br />
c’est le premier pas vers l’Union atlantique. » D’où<br />
les veto français <strong>de</strong> 1963 et <strong>de</strong> 1967 à l’admission du<br />
Royaume-Uni dans la CEE.<br />
Le départ du général <strong>de</strong> Gaulle, en 1969, crée <strong>de</strong>s<br />
conditions favorables à l’entrée <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong>-Bretagne<br />
dans la CEE. Son successeur, Georges Pompidou, est<br />
épaulé par un ministre <strong>de</strong>s Affaires étrangères « européen<br />
», Maurice Schumann. Côté britannique, les élections<br />
générales du 18 juin 1970 ramènent au pouvoir<br />
les conservateurs, menés par un Européen convaincu,<br />
Edward Heath. Déçus par les Américains qui mènent<br />
une guerre impopulaire au Vietnam, les Britanniques<br />
sont <strong>de</strong> plus en plus attirés vers l’Europe, susceptible<br />
d’apporter une solution à leurs problèmes économiques.<br />
L’accord politique entre Edward Heath et Georges<br />
Pompidou (20-21 mai 1971) clôt rapi<strong>de</strong>ment les<br />
négociations. Dès le 23 juin 1971, les accords <strong>de</strong><br />
Luxembourg établissent un compromis entre les positions<br />
britanniques et celles <strong>de</strong> la CEE : une pério<strong>de</strong><br />
transitoire <strong>de</strong> cinq ans doit permettre une intégration<br />
en douceur <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong>-Bretagne. Sa contribution au<br />
budget communautaire doit passer <strong>de</strong> 8,6 % en 1973<br />
à 19 % en 1978. Des accords précis concernent les<br />
relations avec le Commonwealth, par exemple pour le<br />
sucre <strong>de</strong> la Jamaïque, le beurre, le fromage et le mouton<br />
<strong>de</strong> la Nouvelle-Zélan<strong>de</strong>.<br />
Le 28 octobre 1971, la Chambre <strong>de</strong>s communes<br />
vote l’adhésion <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong>-Bretagne à la CEE, avec<br />
une majorité confortable : 356 voix, contre 244. Aux<br />
conservateurs s’étaient joints plusieurs dizaines <strong>de</strong><br />
travaillistes. Le 1 er janvier 1973, le Royaume-Uni, l’Irlan<strong>de</strong><br />
et le Danemark font leur entrée dans la CEE. <strong>Les</strong><br />
Six <strong>de</strong>viennent les Neuf.<br />
Ce n’est pourtant pas le point final <strong>de</strong> l’aventure.<br />
Dans un contexte économique difficile et avec l’arrivée<br />
<strong>de</strong>s travaillistes au pouvoir en 1974, le Royaume-Uni fait<br />
souvent cavalier seul en matière européenne. Lorsque,<br />
par exemple, est mise en œuvre l’élection <strong>de</strong>s députés<br />
européens au suffrage universel en 1975, il refuse<br />
d’adopter le système <strong>de</strong> représentation proportionnelle.<br />
LE FOSSÉ SE CREUSE SOUS THATCHER<br />
L’arrivée au pouvoir, en 1979, <strong>de</strong> Margaret Thatcher<br />
creuse un peu plus le fossé. Pour protéger les intérêts<br />
nationaux, elle s’attaque à l’acquis communautaire<br />
dans le domaine <strong>de</strong> la politique agricole. Un acquis qui,<br />
en revanche, satisfait la France. La politique agricole<br />
britannique a toujours consisté à fournir à la population<br />
une nourriture à bon marché, en s’approvisionnant<br />
essentiellement dans le Commonwealth – l’agriculture<br />
tenant une place mo<strong>de</strong>ste dans l’économie britannique.<br />
La politique agricole commune, elle, vise à assurer<br />
l’indépendance alimentaire <strong>de</strong> l’Europe, <strong>de</strong> sorte que<br />
tout achat hors <strong>de</strong> la CEE donne lieu à un prélèvement<br />
EC-AUDIOVISUAL SERVICE/EUROPEAN UNION, 1972<br />
88 LES COLLECTIONS DE L’HISTOIRE N°77