Les Collections de L’Histoire
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Seule l’émergence <strong>de</strong> la Prusse met fin<br />
à leur hostilité en inventant un ennemi<br />
commun, l’Allemand !<br />
et l’en<strong>de</strong>ttement <strong>de</strong> l’État imposent une fiscalité encore<br />
plus lour<strong>de</strong> et entraînent le blocage <strong>de</strong> tout le royaume<br />
et l’effondrement <strong>de</strong> toutes ses institutions, moins <strong>de</strong><br />
quatre ans plus tard en 1787, avec la rébellion <strong>de</strong>s parlements<br />
et <strong>de</strong>s nobles.<br />
1793, DEUX VISIONS DU MONDE<br />
Le paroxysme <strong>de</strong> l’affrontement est atteint pendant<br />
la Révolution. Il ne s’agit pas là seulement du conflit<br />
classique entre la république naissante et les vieilles<br />
monarchies européennes. Autre chose se joue entre la<br />
France altermondialiste, qui pousse à l’adoption <strong>de</strong> ses<br />
principes républicains après la publication dans toute<br />
l’Europe du décret du 19 novembre 1792 promettant<br />
<strong>de</strong> porter secours à tous les peuples qui désireraient<br />
retrouver leur liberté, et l’Angleterre impérialiste.<br />
Tout avait pourtant bien commencé. <strong>Les</strong> relations<br />
entre les <strong>de</strong>ux pays s’étaient réchauffées après le traité<br />
<strong>de</strong> commerce <strong>de</strong> 1786 prévoyant une baisse progressive<br />
<strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane entre la France et l’Angleterre.<br />
Dans ces années, l’émergence d’un moment anglophile<br />
est remarquable, rendue possible par la volonté <strong>de</strong> réformer<br />
<strong>de</strong> façon libérale la France, sur le modèle anglais.<br />
Ainsi, en 1789, les îles Britanniques accueillent favorablement<br />
la Révolution, renouant pour les Anglais avec<br />
le modèle glorieux <strong>de</strong> 1688. De nombreuses sociétés<br />
comme la London Corresponding Society ou la London<br />
Revolution Society se forment, dans la mouvance radicale<br />
<strong>de</strong>s néo-whigs, appelant à étendre à l’Angleterre<br />
le vent <strong>de</strong> liberté, <strong>de</strong> tolérance, <strong>de</strong> citoyenneté partagée<br />
et d’égalité pour réformer une monarchie anglaise<br />
secouée par le républicanisme américain et gangrénée<br />
par ses scandales récurrents <strong>de</strong> corruption.<br />
Des lettres sont échangées, <strong>de</strong>s banquets fraternels<br />
sont organisés <strong>de</strong> part et d’autre du Channel lors<br />
<strong>de</strong> la fête <strong>de</strong> la Fédération en 1790. A la fin du mois<br />
d’août 1792, sur les 18 étrangers qui obtiennent une<br />
citoyenneté d’honneur française, 7 sont anglais ; 6 suivront<br />
le 25 septembre. Une communauté d’Américains,<br />
d’Irlandais et d’Anglais défend la naissance <strong>de</strong> la république<br />
dont Thomas Paine et Helen Maria Williams, fervente<br />
avocate <strong>de</strong> l’émancipation <strong>de</strong>s femmes.<br />
Mais bien vite les forces conservatrices en Angleterre<br />
perçoivent le danger d’une révolution non seulement<br />
républicaine mais démocratique. La City s’embrase, les<br />
milieux politiques emboîtent le pas. Burke tonne contre<br />
cette Révolution impie, et les manieurs d’opinion, <strong>de</strong>ssinateurs,<br />
journalistes à la sol<strong>de</strong> du gouvernement ou<br />
convaincus <strong>de</strong> leur britannicité en danger, se mettent<br />
en marche pour construire la vision d’une France assoiffée<br />
<strong>de</strong> sang, vulgaire dans sa tenue sans culotte, brutale<br />
dans sa <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> la religion, abjecte dans ses massacres,<br />
sacrilège dans l’exécution <strong>de</strong> son roi, oubliant au<br />
passage la décapitation à la hache <strong>de</strong> Charles I er en 1649.<br />
C’est encore une fois l’histoire coloniale qui fait pencher<br />
la couronne britannique du côté <strong>de</strong> ses intérêts<br />
sonnants et trébuchants. Le sort <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays ne bascule<br />
pas seulement avec la tête <strong>de</strong> Louis XVI, le 21 janvier<br />
1793, mais avec la politique <strong>de</strong> la France dans les<br />
Caraïbes au moment <strong>de</strong> reconnaître aux libres <strong>de</strong> couleur<br />
le droit <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir pleinement citoyens. Le lobby<br />
<strong>de</strong>s planteurs anglais agit pour une entrée en guerre qui<br />
puisse bloquer toute propagation <strong>de</strong>s nouveaux idéaux<br />
dans les Caraïbes. C’est chose faite le 1 er février 1793.<br />
En France, l’animosité contre les Anglais se structure<br />
autour <strong>de</strong> l’idée qu’ils sont les ennemis du genre humain.<br />
Robespierre d’abord affirme son animosité (« Je hais les<br />
Anglais »), puis Barère, en mai 1794. Avec l’abolition <strong>de</strong><br />
l’esclavage en février 1794, votée par la Convention, la<br />
guerre <strong>de</strong>vient totale. <strong>Les</strong> Anglais comprennent bien<br />
UN PLAN D’INVASION<br />
DE L’ANGLETERRE<br />
En 1803, après la rupture <strong>de</strong> la paix<br />
d’Amiens, Napoléon cherche à envahir<br />
les îles Britanniques <strong>de</strong>puis Boulognesur-Mer<br />
où est stationnée la Gran<strong>de</strong><br />
Armée. Comme le montre cette gravure<br />
<strong>de</strong> 1803, plusieurs projets sont élaborés :<br />
flotte <strong>de</strong> guerre, montgolfières et<br />
même tunnel sous la Manche. A la fin<br />
<strong>de</strong> l’année 1804, plus <strong>de</strong> 1000 vaisseaux<br />
<strong>de</strong> toutes tailles y sont regroupés,<br />
rejoints ensuite par 60000 soldats.<br />
Le camp fut levé en août 1805, les troupes<br />
se dirigeant vers le sud <strong>de</strong> l’Allemagne.<br />
Le territoire anglais n’était plus menacé.<br />
Le sort <strong>de</strong> la domination <strong>de</strong>s mers allait<br />
se jouer ailleurs.<br />
BIANCHETTI/LEEMAGE<br />
48 LES COLLECTIONS DE L’HISTOIRE N°77