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Les Collections de L’Histoire

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1982, FALKLANDS: « BRITAIN IS GREAT AGAIN »<br />

Au large <strong>de</strong>s côtes argentines, l’appartenance <strong>de</strong>s Malouines, îles riches en pétrole, à la Gran<strong>de</strong>-Bretagne (qui les<br />

appelle Falklands) était contestée par les Argentins. Souhaitant une conquête facile pour redorer son image, la<br />

dictature militaire envahit le 2 avril la Géorgie du Sud et les Malouines. A la suite d’une bataille aéronavale, l’archipel<br />

fut reconquis du 21 mai au 14 juin. Profitant <strong>de</strong> son succès, Margaret Thatcher actualise le glorieux passé militaire<br />

<strong>de</strong> son pays et met en scène le retour <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong>-Bretagne sur le plan international. L’effet psychologique est<br />

indéniable : pendant le conflit, le pays a connu un regain <strong>de</strong> fierté nationale. Ci-<strong>de</strong>ssus : le 5 avril 1982, les troupes<br />

<strong>de</strong> la force britannique d’intervention quittent le port <strong>de</strong> Portsmouth pour l’archipel <strong>de</strong>s Malouines.<br />

>>> les Japonais dépêchent <strong>de</strong>s observateurs militaires à<br />

Londres et s’inspireront plus tard du modèle anglais pour<br />

leurs propres plans d’évacuation et <strong>de</strong> défense civile 8 .<br />

La réalité est toutefois plus complexe que le mythe<br />

d’un peuple britannique uni avec stoïcisme autour <strong>de</strong><br />

Winston Churchill face à l’agression alleman<strong>de</strong>. Dès<br />

les années 1940, la psychanalyste Anna Freud met<br />

en évi<strong>de</strong>nce l’ampleur <strong>de</strong>s troubles psychiques dont<br />

souffrent les enfants évacués dans le cadre d’une opération<br />

sans doute beaucoup plus chaotique que l’image<br />

donnée par les autorités. <strong>Les</strong> bombar<strong>de</strong>ments ont touché<br />

tout particulièrement les populations les plus<br />

pauvres <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s villes et contribué à un accroissement<br />

<strong>de</strong>s tensions sociales dans un pays déjà fortement<br />

marqué par les distinctions <strong>de</strong> classe. Ils ont<br />

donné naissance à <strong>de</strong>s rumeurs variées, accusant par<br />

exemple les Juifs londoniens <strong>de</strong> bénéficier d’abris plus<br />

sûrs que le reste <strong>de</strong> la population, ce que rapporte<br />

George Orwell dans son journal <strong>de</strong> guerre.<br />

UN SYSTÈME ATLANTIQUE<br />

Le peuple britannique fut plus divisé pendant la<br />

Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale que ne le prétend le « mythe<br />

du Blitz » (Angus Cal<strong>de</strong>r) – célébré pourtant <strong>de</strong>puis 1945,<br />

au même titre que le sauvetage du corps expéditionnaire<br />

britannique à Dunkerque (26 mai-3 juin 1940) ou<br />

la victoire d’El-Alamein (23 octobre-3 novembre 1942) 9 .<br />

Au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale, la<br />

Gran<strong>de</strong>-Bretagne se trouve au centre <strong>de</strong> trois zones<br />

d’intérêts divergentes : la zone Atlantique où se tissent<br />

les liens particuliers qui l’unissent aux États-Unis ;<br />

l’Europe occi<strong>de</strong>ntale en cours <strong>de</strong> reconstruction puis<br />

d’unification ; et le Commonwealth, créé en 1931 par<br />

le statut <strong>de</strong> Westminster entre le Royaume-Uni et ses<br />

dominions. La nature <strong>de</strong> la menace militaire a changé,<br />

comme l’explique le fameux discours du « ri<strong>de</strong>au <strong>de</strong><br />

fer », prononcé à Fulton (Missouri), le 5 mars 1946, par<br />

Winston Churchill, qui souligne le danger venu <strong>de</strong> l’Est.<br />

Mais comment y répondre ?<br />

Le 17 mars 1948 est signé à Bruxelles le premier<br />

traité <strong>de</strong> défense collective européenne réunissant<br />

les pays du Benelux, la France et la Gran<strong>de</strong>-Bretagne,<br />

avec une clause d’assistance militaire obligatoire en<br />

cas d’agression et un Comité militaire permanent<br />

chargé <strong>de</strong> coordonner les comman<strong>de</strong>ments militaires<br />

nationaux. Se pose alors la question <strong>de</strong> l’adhésion<br />

<strong>de</strong>s États-Unis au traité <strong>de</strong> Bruxelles, souhaitée<br />

par la France. <strong>Les</strong> Britanniques soutiendraient plutôt<br />

le choix d’un système atlantique distinct : c’est cette<br />

option qui s’impose avec la création <strong>de</strong> l’Organisation<br />

du traité <strong>de</strong> l’Atlantique Nord en avril 1949. A partir<br />

<strong>de</strong> là, les Britanniques seront toujours partagés entre<br />

une forme <strong>de</strong> solidarité culturelle qui les rapproche<br />

<strong>de</strong>s États-Unis, et la participation à la construction<br />

d’une défense commune européenne, qu’ils considèrent<br />

avec d’autant plus <strong>de</strong> réticence qu’elle manque<br />

<strong>de</strong> moyens et s’organise autour <strong>de</strong> la réconciliation<br />

franco-alleman<strong>de</strong>.<br />

SAHM DOHERTY/THE LIFE IMAGES COLLECTION/GETTY IMAGES<br />

76 LES COLLECTIONS DE L’HISTOIRE N°77

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