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Les Collections de L’Histoire

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Tolkien se serait inspiré <strong>de</strong> son expérience<br />

dans la Somme pour décrire les « marais <strong>de</strong>s<br />

Morts » dans « Le Seigneur <strong>de</strong>s anneaux »<br />

>>> la conscription. Son armée atteindra 4 millions<br />

d’hommes au début <strong>de</strong> 1918.<br />

Après les engagements meurtriers <strong>de</strong> la bataille <strong>de</strong><br />

Mons (23 août 1914) et <strong>de</strong> l’expédition <strong>de</strong>s Dardanelles<br />

(avril 1915-janvier 1916), le premier jour <strong>de</strong> la bataille<br />

<strong>de</strong> la Somme (1 er juillet 1916) marque véritablement<br />

un tournant dans l’histoire <strong>de</strong> la guerre, et plus largement<br />

dans l’histoire militaire <strong>de</strong> l’empire britannique,<br />

puisque les soldats viennent aussi <strong>de</strong> Nouvelle-Zélan<strong>de</strong>,<br />

d’Australie, d’In<strong>de</strong>, du Canada, etc. En une journée, les<br />

pertes du seul Royaume-Uni s’élèvent à 60000 hommes,<br />

dont 20000 tués.<br />

HERITAGE IMAGES/LEEMAGE<br />

1916 : LE CHOC DE LA SOMME<br />

<strong>Les</strong> poètes et romanciers <strong>de</strong> guerre anglais ont<br />

souvent présenté la Somme et Passchendaele (juilletnovembre<br />

1917) comme <strong>de</strong>ux symboles <strong>de</strong> l’absurdité<br />

dévastatrice <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Guerre. Le romancier<br />

J. R. R. Tolkien se serait inspiré <strong>de</strong> son expérience personnelle<br />

dans la Somme pour décrire les « marais <strong>de</strong>s<br />

Morts », dans son roman en trois volumes Le Seigneur<br />

<strong>de</strong>s anneaux, publié au milieu <strong>de</strong>s années 1950. Des<br />

travaux récents voient aussi la bataille <strong>de</strong> 1916 comme<br />

l’un <strong>de</strong>s moments clés <strong>de</strong> l’apprentissage <strong>de</strong> la guerre<br />

mo<strong>de</strong>rne pour les troupes britanniques et françaises 3 .<br />

La nouvelle du désastre du 1 er juillet ne met que<br />

quelques jours à arriver à l’arrière. <strong>Les</strong> lettres envoyées<br />

quotidiennement par les soldats commencent à se faire<br />

attendre ; on accuse la désorganisation du service postal,<br />

l’inquiétu<strong>de</strong> grandit. Puis les blessés arrivent dans<br />

la <strong>de</strong>uxième semaine du mois <strong>de</strong> juillet, confirmant que<br />

les pertes ont été lour<strong>de</strong>s. L’annonce officielle <strong>de</strong> la mort<br />

<strong>de</strong>s officiers parvient à leurs familles par télégramme ;<br />

celle <strong>de</strong>s simples soldats par un formulaire administratif.<br />

Ce sont enfin les journaux qui publient les listes <strong>de</strong>s<br />

morts au combat à longueur <strong>de</strong> page, d’abord par centaines,<br />

puis par milliers. Du fait du recrutement <strong>de</strong>s<br />

volontaires <strong>de</strong> l’armée Kitchener sur une base locale,<br />

l’impact sur <strong>de</strong> nombreuses communes est catastrophique.<br />

Dans la petite ville d’Accrington, dans le<br />

Lancashire, 720 volontaires ont pris part à la bataille,<br />

584 sont hors <strong>de</strong> combat dès les premières heures. « Je<br />

ne pense pas qu’il y avait une seule rue d’Accrington et dans<br />

tout le district où les volets n’étaient pas baissés en signe<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>uil, la cloche <strong>de</strong> Christ Church a sonné toute la journée<br />

», se souvient le frère d’un combattant <strong>de</strong> la Somme.<br />

Fin août 1916, les autorités britanniques prennent<br />

la décision, à <strong>de</strong>s fins <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> intérieure et extérieure,<br />

d’autoriser la sortie d’un documentaire réalisé<br />

par les cinéastes Geoffrey H. Malins et John B. McDowell<br />

sur la bataille <strong>de</strong> la Somme, montrant <strong>de</strong>s hommes à<br />

l’entraînement, <strong>de</strong>s montagnes <strong>de</strong> munitions, <strong>de</strong>s blessés<br />

et <strong>de</strong>s morts. Le cinéma, encore à ses débuts, connaît<br />

déjà un grand succès au Royaume-Uni, qui compte près<br />

<strong>de</strong> 4 000 salles <strong>de</strong> spectacle. Pour la première fois, les<br />

civils peuvent se représenter la réalité du front, même<br />

14-18 : UN CARNAGE<br />

En août 1918, lors <strong>de</strong> l’offensive ultime qui<br />

conduira à la victoire alliée, les troupes britanniques<br />

parviennent à reprendre la ville d’Albert, dans la<br />

Somme, au prix <strong>de</strong> lour<strong>de</strong>s pertes. Ces cadavres<br />

jonchant une tranchée témoignent <strong>de</strong> la violence <strong>de</strong>s<br />

combats. Deux ans plus tôt, la première bataille<br />

<strong>de</strong> la Somme avait marqué un véritable tournant. Le<br />

1 er juillet 1916 infligea aux Britanniques <strong>de</strong>s pertes huit<br />

fois supérieures à celles <strong>de</strong> la bataille <strong>de</strong> Waterloo.<br />

si le film lui-même n’a pas pu être tourné, pour d’évi<strong>de</strong>ntes<br />

raisons techniques, au cœur <strong>de</strong>s combats. Vingt<br />

millions <strong>de</strong> personnes, la moitié <strong>de</strong> la population britannique<br />

<strong>de</strong> l’époque, assistent à <strong>de</strong>s projections du film.<br />

Le choc dans l’opinion publique est considérable et se<br />

prolonge dans tout l’entre-<strong>de</strong>ux-guerres.<br />

Dans les années 1920, la Gran<strong>de</strong>-Bretagne vit<br />

encore dans le souvenir traumatique <strong>de</strong> la saignée<br />

<strong>de</strong> la Première Guerre mondiale. Si les pertes globales,<br />

760 000 tués, furent inférieures proportionnellement<br />

à celles <strong>de</strong> la France ou <strong>de</strong> l’Allemagne, elles<br />

touchèrent particulièrement les classes moyennes,<br />

les professions libérales, les milieux intellectuels, >>><br />

NOTE<br />

3. W. Philpott,<br />

Three Armies<br />

on the Somme.<br />

The First Battle<br />

of the Twentieth<br />

Century,<br />

New York,<br />

Knopf, 2010.<br />

LES COLLECTIONS DE L’HISTOIRE N°77 73

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