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Les Collections de L’Histoire

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« Nous n’avons pas refoulé les frontières<br />

<strong>de</strong> l’État en Gran<strong>de</strong>-Bretagne pour les voir<br />

imposées à l’échelle européenne » (Thatcher)<br />

JACK TAYLOR/GETTY IMAGES/AFP – STR NEW/REUTERS<br />

financier versé au budget communautaire. La contribution<br />

du Royaume-Uni à ce budget est donc très élevée :<br />

un cinquième, alors qu’elle n’en reçoit qu’un dixième.<br />

Ce déséquilibre permanent <strong>de</strong>s relations financières<br />

entre le Royaume-Uni et la Communauté économique<br />

européenne incite la « Dame <strong>de</strong> fer » à multiplier les<br />

coups d’éclat lors <strong>de</strong>s séances <strong>de</strong>s conseils européens.<br />

En mars 1982, elle refuse <strong>de</strong> fixer les prix agricoles.<br />

Deux ans plus tard, elle estime que la contribution financière<br />

britannique ne doit pas excé<strong>de</strong>r le montant <strong>de</strong>s<br />

sommes versées par la Communauté à son pays.<br />

Finalement, un compromis est trouvé en juin 1984,<br />

lors du sommet européen <strong>de</strong> Fontainebleau. <strong>Les</strong> Neuf<br />

définissent un nouveau mécanisme pour corriger le<br />

montant <strong>de</strong> la contribution britannique et mettent en<br />

place une discipline budgétaire empêchant une explosion<br />

<strong>de</strong>s dépenses agricoles. C’est un succès incontestable<br />

pour Margaret Thatcher.<br />

Sur pratiquement tous les sujets, le Royaume-Uni<br />

se démarque <strong>de</strong> ses partenaires : il souhaite l’élargissement<br />

<strong>de</strong> l’Europe pour ne pas resserrer les liens<br />

existants sur la question institutionnelle, il refuse les<br />

abandons <strong>de</strong> souveraineté. En revanche, la concertation<br />

politique entre les États européens a toutes ses faveurs.<br />

L’ambition <strong>de</strong> la Communauté <strong>de</strong> jouer un rôle international<br />

au moyen <strong>de</strong> la coopération politique européenne<br />

a bénéficié, dès l’origine, <strong>de</strong> son soutien.<br />

Europhile Au pouvoir en 1997, le Premier ministre Tony<br />

Blair est un fervent partisan <strong>de</strong> l’Europe. Le 22 mars 1998<br />

il est reçu à l’invitation <strong>de</strong> Laurent Fabius à l’Assemblée<br />

nationale française, où il prononce son discours en français !<br />

Un slogan choc « Nous envoyons 350 millions <strong>de</strong> livres à l’Union<br />

européenne par semaine : finançons plutôt notre NHS (National Health Service). »<br />

L’euroscepticisme n’a cessé <strong>de</strong> monter <strong>de</strong>puis une dizaine d’années en<br />

Gran<strong>de</strong>-Bretagne.<br />

A partir <strong>de</strong> juin 1984, la question budgétaire étant<br />

réglée, Margaret Thatcher, dans un document intitulé<br />

Europe the Future, formule un projet <strong>de</strong> politique européenne<br />

qui entend fournir un relais communautaire aux<br />

priorités nationales. En fait, elle souhaite une zone <strong>de</strong><br />

libre-échange constituée par <strong>de</strong>s États qui coopèrent en<br />

matière <strong>de</strong> politique étrangère pour renforcer l’Otan,<br />

tout en conservant leur souveraineté dans les domaines<br />

économique, financier et social. Son discours à Bruges<br />

en septembre 1988 <strong>de</strong>vient le point <strong>de</strong> ralliement <strong>de</strong><br />

tous les eurosceptiques : « Nous n’avons pas refoulé les<br />

frontières <strong>de</strong> l’État en Gran<strong>de</strong>-Bretagne pour les voir imposées<br />

à l’échelle européenne avec un super-État européen,<br />

exerçant une nouvelle domination <strong>de</strong> Bruxelles. »<br />

Du coup, le parti travailliste, conduit par Neil<br />

Kinnock, adopte une attitu<strong>de</strong> plus positive à l’égard <strong>de</strong><br />

la Communauté européenne et remporte les élections<br />

européennes <strong>de</strong> juin 1989. Cette conversion ne cache<br />

toutefois pas sa réticence, partagée avec les conservateurs,<br />

face à une intégration européenne croissante, qui<br />

n’a pas procuré à la Gran<strong>de</strong>-Bretagne l’impulsion espérée.<br />

Le différend monétaire est fondamental. En 1979,<br />

la Gran<strong>de</strong>-Bretagne refuse <strong>de</strong> participer au système<br />

monétaire européen (SME). L’entrée <strong>de</strong> la livre sterling<br />

dans le « serpent européen » se fera in extremis,<br />

en octobre 1990, juste avant la démission <strong>de</strong> Thatcher.<br />

Son successeur John Major veut mettre « l’Angleterre<br />

au cœur <strong>de</strong> l’Europe ». Simple changement <strong>de</strong><br />

style, car la substance <strong>de</strong> la politique britannique reste<br />

inchangée. Au sommet <strong>de</strong> Maastricht (Pays-Bas), les<br />

9-10 décembre 1991, la Gran<strong>de</strong>-Bretagne signe le<br />

traité qui met sur pied la Banque centrale européenne,<br />

mais se fait reconnaître une clause d’exemption >>><br />

LES COLLECTIONS DE L’HISTOIRE N°77 89

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