Les Collections de L’Histoire
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Métallurgie Le marteau-pilon mis au point en 1839 par l’ingénieur écossais James Nasmyth, actionné par une machine à vapeur<br />
(ici à Manchester en 1871). <strong>Les</strong> progrès <strong>de</strong> la métallurgie se traduisent par la création d’emplois très physiques.<br />
LONDRES, SCIENCE MUSEUM ; MP/LEEMAGE<br />
A partir du xvi e siècle commence un immense mouvement<br />
d’expropriation <strong>de</strong>s terres, resté dans l’histoire<br />
sous le nom <strong>de</strong> mouvement <strong>de</strong>s enclosures. <strong>Les</strong> grands<br />
propriétaires terriens expulsent les paysans pour exploiter<br />
leurs domaines selon un mo<strong>de</strong> capitaliste. Entre<br />
1500 et 1750, la part <strong>de</strong> la main-d’œuvre agricole passe<br />
<strong>de</strong> 70 % à 35 %. L’élevage s’impose. Le poids <strong>de</strong>s bestiaux<br />
augmente, les vaches donnent plus <strong>de</strong> lait et les<br />
moutons plus <strong>de</strong> laine, les ren<strong>de</strong>ments <strong>de</strong>s terres sont<br />
accrus. L’alimentation du bétail est enrichie, <strong>de</strong>s terres<br />
sont drainées, les labours et les semis sont plus efficaces.<br />
Cette bonification <strong>de</strong>s surfaces cultivées et <strong>de</strong> la<br />
productivité <strong>de</strong> la main-d’œuvre, qu’on a qualifiée <strong>de</strong><br />
« révolution agricole », améliore la santé et l’espérance<br />
<strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s Britanniques, et augmente leur nombre. Alors<br />
qu’en 1760 la Gran<strong>de</strong>-Bretagne est peuplée <strong>de</strong> 7 millions<br />
d’habitants, soit trois fois moins que la France,<br />
elle en compte 16 millions en 1831, puis 41 millions<br />
LE MOT<br />
Révolution industrielle<br />
Il semble que l’expression ait d’abord été utilisée<br />
en français, par Jean-Baptiste Say et Jean Simon<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> Sismondi. C’est Friedrich Engels qui lui a donné son<br />
sens révolutionnaire, en voyant dans la révolution<br />
technique une séquence historique, dans son ouvrage<br />
paru en allemand en 1845 La Situation <strong>de</strong> la classe<br />
laborieuse en Angleterre. L’historien Arnold Toynbee<br />
a popularisé l’expression dans la langue anglaise,<br />
avec un ouvrage paru en 1884 : Lectures on the Industrial<br />
Revolution of the Eighteenth Century in England.<br />
en 1911, rejoignant ainsi le niveau <strong>de</strong> la population<br />
française. L’émigration <strong>de</strong> masse vers les États-Unis et<br />
les colonies <strong>de</strong> peuplement ne bri<strong>de</strong> même pas cet essor.<br />
La forte natalité, conséquence <strong>de</strong> mariages plus<br />
nombreux et plus précoces, se conjugue avec une<br />
baisse rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la mortalité. L’espérance <strong>de</strong> vie passe<br />
<strong>de</strong> 36 ans pour les Britanniques nés en 1800 à 50 ans<br />
pour ceux qui naissent en 1900. Mais ces moyennes<br />
recouvrent <strong>de</strong>s inégalités, du simple au double, entre<br />
l’ouvrier d’une ville industrielle et le propriétaire terrien.<br />
COTON, DENTELLE ET LAINE<br />
La croissance démographique contribue à l’industrialisation<br />
et elle est nourrie par elle. Des villes<br />
comme Birmingham, Liverpool, Manchester, Leeds ou<br />
Sheffield, qui comptaient toutes moins <strong>de</strong> 10000 habitants<br />
en 1700, en dénombrent souvent 60000 ou 70000<br />
en 1800, et 300 000 ou 400 000 en 1850. Chacune <strong>de</strong><br />
ces métropoles acquiert une i<strong>de</strong>ntité propre, liée à sa<br />
principale activité : le coton à Manchester, la <strong>de</strong>ntelle<br />
à Nottingham, la laine à Norwich, le lin et le jute à<br />
Dun<strong>de</strong>e, le charbon et l’acier à Newcastle, la construction<br />
navale à Plymouth et Portsmouth, etc. Chacune<br />
compte un centre commerçant, entouré <strong>de</strong> quartiers<br />
industriels et <strong>de</strong> logements ouvriers insalubres. Forte<br />
<strong>de</strong> 959 000 habitants en 1801 et <strong>de</strong> 2,3 millions en<br />
1851, Londres est la plus gran<strong>de</strong> ville du mon<strong>de</strong>. Mais<br />
d’autres voient leur population stagner, à l’instar <strong>de</strong><br />
Bath et Bristol : la révolution industrielle n’est pas<br />
un processus homogène, certaines parties du pays y<br />
échappant, en particulier ses « marges intérieures »,<br />
telle l’Irlan<strong>de</strong>. Celle-ci fait alors partie du Royaume-Uni<br />
mais sa proto-industrie pâtit du libre-échange mis en<br />
place en 1801 lors <strong>de</strong> l’Union, et l’enrichissement >>><br />
NOTES<br />
1. http://www<br />
.youtube.com<br />
/watch?v=4<br />
As0e4<strong>de</strong>-rI<br />
2. T. Carlyle,<br />
« Signs of the<br />
times », The<br />
Edimburgh<br />
Review, 1829.<br />
LES COLLECTIONS DE L’HISTOIRE N°77 59