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10.pdf - Formules

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FRANÇOISE WECK<br />

4. — « Une autre inscription communicationnelle du littéraire 33 »<br />

La délégation de la production littéraire à des programmes informatiques<br />

entérine la possibilité de modéliser la production d’énoncés<br />

et perturbe et interroge tout le dispositif de la communication littéraire<br />

— de la génération du texte à sa réception. Il se peut même que le schéma<br />

triadique traditionnel « émetteur – message – récepteur » soit privé de son<br />

premier pôle ou du moins qu’il se vide du sens « externe » que lui attribuait<br />

l’idéologie littéraire : la caution de l’existence d’un auteur « mondain » n’a<br />

plus d’utilité dans le processus. Il se peut aussi que les différents pôles du<br />

triangle soient déplacés et fusionnent avec les autres.<br />

4. 1 — Un « texte » qui n’est pas déjà là<br />

Pas d’existence concrète du texte en dehors de la quête du lecteur : un<br />

dispositif permet de le faire apparaître et sa consommation s’opère sur un<br />

mode dynamique. Les propriétés physiques même du matériau travaillé<br />

changent : les signes linguistiques se muent en signes fluides, en éléments<br />

plastiques à mettre en scène et acquièrent une visibilité jusqu’alors occultée.<br />

Le mot devient « un signe qui peut changer ou se dissoudre dans l’air, en<br />

brisant sa raideur formelle 34 ». Le texte offre une « syntaxe perceptuelle<br />

changeante », et prend la configuration d’« un système de signification<br />

mobile qui comprend le temps ». En bref, le poème se constitue en un<br />

« événement spatio-temporel » dont le processus est lui-même signifiant<br />

et qui exhibe son « mode d’emploi » : on assiste donc à l’émergence d’une<br />

« textualité signifiante en mouvement » qui se caractérise par une instabilité<br />

textuelle propice aux calculs lectoraux et à « un engagement perceptuel et<br />

cognitif actif », et par une focalisation sur le processus au détriment du<br />

produit fini, toutes caractéristiques qui définissent aujourd’hui l’écrit littéraire<br />

en général mais qui sont portées ici à leur paroxysme.<br />

4. 2 — Le créateur : un « méta-auteur (qui) écrit les dispositifs 35 »<br />

Réfutant « l’implication subjective dans le texte » le méta-auteur<br />

« cherche une écriture, c’est-à-dire un dispositif textuel qui(le) mette<br />

en position de lecteur, c’est-à-dire en position de producteur de sens 36<br />

(…) ». Il conçoit « des mises en scène plausibles de textes virtuels 37 »,<br />

33 BALPE, Jean-Pierre, « Pour une littérature informatique : un manifeste », in Littérature et<br />

informatique, Artois Presses Université, Arras, 1995, p. 22.<br />

34 KAC, Eduardo, « Holopoetry and beyond », DOC(K)S, 1997, p. 229 – 237, les citations de ce<br />

paragraphe, traduites librement de l’anglais par nos soins, sont toutes extraites de cet article.<br />

35 BALPE, Jean-Pierre, « Méta-auteur », in DOC(K)S, 1997, p.99.<br />

36 Ibid., p. 98.<br />

37 BALPE, Jean-Pierre, « Pour une littérature informatique : un manifeste », in Littérature et<br />

informatique, p.25.<br />

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