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10.pdf - Formules

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PHILIPPE BOOTZ<br />

dès lors que le lecteur considère que le texte est « jouable » dans tous les<br />

sens du terme et qu’il a un rôle spécifique à y tenir, en partie pour lui et<br />

en partie pour « un autre », cet « autre », le méta-lecteur 28 , étant complètement<br />

absent de la communication par l’œuvre littéraire traditionnelle.<br />

L’esthétique de la frustration repose complètement sur l’idée que sa propre<br />

lecture peut faire signe pour un autre, être social réel ou virtuel, que la<br />

totalité de la situation de communication qui relie l’auteur au lecteur peut<br />

être utilisée comme signe.<br />

3 — La question, aujourd’hui, de la forme programmée.<br />

Toutes ces propositions littéraires ont leur pendant dans les autres arts.<br />

Peu à peu, s’est dégagée l’idée qu’il pouvait exister des formes qui sont<br />

directement liées à l’utilisation de la programmation et non au produit<br />

du programme. Deux grandes tendances ont vu le jour : le software art et<br />

l’art programmé. Le software art est surtout développé en Allemagne. Il<br />

s’agit d’une tendance très influencée par la poésie concrète allemande et<br />

qui considère que le code est lui-même un texte littéraire, au-delà de ses<br />

propriétés productrices : le texte c’est le code. L’art programmé est plus<br />

particulièrement porté par des créateurs français, Antoine Schmitt 29 en<br />

étant un des théoriciens. Il consiste à considérer que la programmation<br />

comme activité, et non le programme comme ensemble de lignes de<br />

code, est l’objet travaillé par l’artiste. La situation de communication<br />

programmée par ces deux approches est radicalement différente. Le<br />

software art exhibe le code, l’art programmé le cache ou, en tout cas,<br />

considère qu’il n’est pas objet à lire. Son étude peut participer, bien<br />

sûr, d’une maîtrise de l’œuvre, mais cette opération n’a rien à voir avec<br />

la lecture de l’œuvre. Elle concerne la fonction « méta-lecture », non la<br />

fonction lecture.<br />

La recherche de formes programmées passe par la création d’outils de<br />

conception adaptés, qui ne reposent pas sur les métaphores habituelles<br />

des langages actuellement utilisés et qui sont tous orientés médias. Or ces<br />

formes semblent davantage orientées processus que médias : c’est la gestion<br />

temporelle et comportementale des médias qui prime, pas leur nature<br />

sonore ou textuelle 30 . Elles ne se limitent pas non plus à une simple gestion<br />

28 Philippe Bootz, « Adaptive Generators and Temporal Semiotics », colloque e-poetry<br />

2003, Morgantown, disponible sur http://transitoireobs.free.fr<br />

29 Voir ses contributions sur le site de transitoire Observable ou sur son site gratin.org<br />

30 Philippe Bootz, « L’art des formes programmées », alire 12, MOTS-VOIR, 2004. Ce<br />

texte est également consultable sur http://transitoireobs.free.fr<br />

29

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