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HORS DOSSIER<br />

Matérialité d’un conte oulipien<br />

Le premier chapitre de La Princesse Hoppy ou le conte du Labrador<br />

paraît en 1975 dans la Bibliothèque oulipienne 3 , dix ans avant les romans<br />

d’Hortense. Il a fallu attendre cinq publications de La Bibliothèque<br />

oulipienne avant de pouvoir lire le chapitre deux, et les chapitres trois et<br />

quatre sont parus en 1979 dans la revue Change 4 . C’est seulement en<br />

1990 que le conte apparaît en son entier (?) dans la collection « Fées et<br />

Gestes », chez Hatier. Il est composé de dix chapitres dont un « chapitre<br />

d’appendice pour le chien ; s’y ajoutent un chapitre 0 d’« indications sur<br />

ce qui dit le conte » et un chapitre 00 de « nouvelles indications sur ce qui<br />

dit le conte », suivi de la « Dédicace du conte à la princesse par le comte ».<br />

Cette publication au compte (conte)-gouttes appartient à l’esthétique du<br />

fragment déjà repérée chez l’auteur. De façon très curieuse, la page 126<br />

indique que ce volume correspond à « la première partie du quatrième<br />

conte du labrador ». Où sont les trois premiers contes ?<br />

On peut s’interroger sur le sens du titre de ce conte La Princesse Hoppy<br />

ou le conte du Labrador. On peut supposer que le terme de Labrador désigne<br />

le chien compagnon de la princesse et non la contrée où se déroulent les<br />

faits. Le labrador se comprend du reste à la fois comme génitif objectif ou<br />

subjectif du conte. C’est bien le conte raconté par un labrador, puisque le<br />

chien parle. Quant à La Princesse Hoppy, jamais explicitement mentionnée<br />

dans le conte, son nom qui rappelle celui d’une tribu indienne permet une<br />

mise en relation avec une œuvre de Roubaud entreprise en 1974, Partition<br />

rouge 5 , qui rapporte des « Poèmes et chants des Indiens d’Amérique du<br />

Nord ». Roubaud y rappelle que les « Navahos, comme tous les Indiens<br />

d’Amérique du Nord, donnent au nombre quatre la place centrale » et<br />

qu’ils « s’efforcent de recréer ce rythme élémentaire de l’univers par toutes<br />

les dispositions possibles », lui accordant des « implications cosmogoniques<br />

6 ». Ce nombre est complété par neuf et cinq (la cérémonie navaho<br />

intitulée « La nuit des chants » se déroule en effet sur neuf nuits, ce qui<br />

semble correspondre aux neuf (plus un) chapitres du conte, et à la disposition<br />

des avertissements en cinq parties. Faut-il considérer comme une<br />

indication le fait que le « dromadaire de confiance » du roi Desmond<br />

s’appelle « North Dakota » (p. 99) ?<br />

3 Bibliothèque oulipienne n° 2 et n° 7, réunis dans le volume 1 de la Bibliothèque oulipienne<br />

publié chez Ramsay en 1997.<br />

4 Change n°38, p. 11-29.<br />

5 Seuil, 1988.<br />

6 Op. cit., p. 188-189.<br />

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