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10.pdf - Formules

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DOSSIER LITTÉRATURE NUMÉRIQUE<br />

Textes programmés<br />

Les textes programmés, c’est-à-dire ceux qui ne viennent au jour,<br />

comme dans la littérature générative, que suite au déroulement d’un<br />

algorithme plus ou moins complexe, sont d’une autre nature encore.<br />

Ils peuvent — ou non — obéir à des règles ; ils peuvent — ou non —<br />

respecter des contraintes ; ils peuvent — ou non — se donner à lire (ou à<br />

voir ou à entendre, ce qui revient au même) suivant un programme d’exécution.<br />

Leur particularité n’est en effet pas là. Ce qui les caractérise c’est la<br />

mise en arrière plan de leur auteur qui abandonne une part de ses prérogatives<br />

à un algorithme d’écriture que, généralement, il a conçu lui-même.<br />

L’engrammation devient alors une méta-engrammation : ce que l’auteur<br />

s’efforce à programmer, ce sont des possibilités d’engrammation et, bien<br />

souvent, des niveaux successifs d’engrammation. Ce qu’il programme, ou<br />

s’efforce de programmer, c’est davantage une conception du littéraire que<br />

tel ou tel texte, ou que tel ou tel type de texte particulier. Les « règles » et<br />

« contraintes » qu’il affronte sont celles de la syntaxe d’une langue informatique<br />

et n’ont rien avec voir avec celles de la littérature.<br />

Pour les textes programmés, la question de la lecture devient alors<br />

secondaire. Au sens strict. C’est une question possible, supplémentaire<br />

mais non fondamentale, l’auteur peut se la poser ou non, elle devient la<br />

question annexe d’une scénarisation de l’écrit.<br />

Loin de prétendre tout contrôler, l’auteur d’un texte programmé<br />

abandonne en effet une grande part de ce qui jusque là apparaissait<br />

comme essentiel à sa fonction, la maîtrise du texte-résultat. Ce qu’il<br />

programme c’est quelque chose qui devrait être du texte mais dont il n’a<br />

jamais la certitude de ce qu’il sera. Dans ce cadre, le rapport à la lecture<br />

change du tout au tout : il n’y a plus ni codage des règles, ni connivence<br />

des contraintes, ni maîtrise du programme pilotant le texte ; la lecture est<br />

une part aveugle abandonnée au lecteur qui en fait ce qu’il veut puisque,<br />

d’une part, il n’est jamais sûr de relire le même texte, et d’autre part, il<br />

n’est jamais sûr que qui que ce soit d’autre ait lu le même texte que lui. A<br />

la limite, l’algorithme du texte EST le texte, mais c’est un texte illisible sur<br />

le plan littéraire, y compris pour son auteur. La lisibilité de l’algorithme<br />

du texte ne se manifeste en effet que dans l’infinité de ses productions<br />

de surface. L’algorithme du texte EST la littérature, le texte n’est qu’une<br />

manifestation de cette littérarité. Dès lors, le niveau de conception de<br />

l’algorithme conditionne les niveaux de cette littérarité : un algorithme<br />

peut-être conçu pour un type de texte donné — par exemple produire des<br />

proverbes ou des haïkus — ou pour produire toute sorte de types de textes,<br />

y compris des types de texte non encore attestés. La question de l’épui-<br />

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