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10.pdf - Formules

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ÉLISABETH LAVAULT<br />

exemple (Indications sur ce que dit le conte, n° 31, p. 10 ) 47 , que l’auteur donne<br />

comme clé gracieuse du conte : « C’est du chien », précise-t-il. Faut-il le<br />

comprendre à la façon imagée du langage populaire, c’est-à-dire, c’est très<br />

difficile, à vous de jouer, lecteurs ? Dans les chapitres trois et quatre, le<br />

chien parle tout simplement anglais. Au chapitre V, il remplace la plupart<br />

des consonnes par des t. Si Jacques Roubaud révèle « que le chien en<br />

sait plus que le lecteur 48 », il se borne à écrire que « certains indices sont<br />

donnés par le chien dans une des deux langues qu’il emploie, dont l’une,<br />

secrète, est réservée à la princesse ». Il semble s’amuser à ajouter dans des<br />

parenthèses « ces indications-là n’ont, à ma connaissance, été déchiffrées<br />

par personne ».<br />

On peut supposer que les indications données en langage chien<br />

obéissent à un système fondé sur une permutation à quatre éléments,<br />

comme l’ensemble du conte. Il semblerait qu’il s’agisse là, de façon relativement<br />

stricte, de l’exploitation de la commutativité des groupes de<br />

Klein : en effet, les paroles du chien s’élaborent à partir des onze lettres<br />

d’Ulcérations, mot avec lequel Georges Perec avait déjà joué et construit<br />

des onzines lors de la première livraison de la Bibliothèque oulipienne,<br />

précédant celle où furent publiées les Indications sur ce que dit le conte.<br />

Une recherche anagrammatique permet également de trouver les mots<br />

suivants : rats, attention, ce conte, vrai, solutionne, la lecture, raison.<br />

Rappels littéraires<br />

La poésie est mémoire pour Jacques Roubaud et il pratique dans le conte<br />

de La Princesse Hoppy une explicitation de la mémoire par la réécriture. Le<br />

langage des animaux peut s’avérer comme un plagiat d’auteurs antérieurs :<br />

il suffit de penser aux fables d’Ésope et Phèdre, imitées par Marot, à celles<br />

de La Fontaine ou au Roman de Renart. Mais c’est encore Queneau 49 qui<br />

fait le lien avec un autre modèle de Jacques Roubaud, Lewis Carroll (qui<br />

réapparaît notamment dans La Belle Hortense) sous le parrainage duquel se<br />

place le conte Sylvie et Bruno (dont Queneau explicite le « langage chien »<br />

dans Contes et Propos). Le fait que des animaux parlent n’étonnera pas de<br />

47 « t’cea uc tsel rs<br />

n neo rt aluot<br />

ia ouna s ilel-<br />

-rc oal ei ntoi ».<br />

48 « Généalogie », p. 124.<br />

49 On peut penser à une allusion à Raymond Queneau, qui appelle le cheval favori du Duc<br />

d’Auge, Démosthène, « parce qu’il parlait même avec le mors entre les dents » (Les Fleurs bleues,<br />

Gallimard, 1965 ; rééd. « Folio », 1978, p. 14) et s’interroge sur les animaux qui parlent dans<br />

les rêves. Les chevaux queniens renvoient du reste à la « cavale » de l’alchimie ».<br />

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