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10.pdf - Formules

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DOSSIER LITTÉRATURE NUMÉRIQUE<br />

transformation amenée par cette ouverture du champ me semble être<br />

celle-ci : la génération précédente avait travaillé sur le dispositif de<br />

communication, déplaçant la question littéraire du texte sur la lecture et<br />

l’écriture, écrire ne consistant plus à écrire un texte mais à questionner les<br />

fonctions appliquées sur ce texte, à savoir la lecture et l’écriture, alors que<br />

« la nouvelle donne » en revient à la question du texte : écrire n’est plus<br />

questionner mais produire de nouvelles rhétoriques de surface. Bien sûr,<br />

les trois aspects écriture / texte / lecture sont liés et toucher à l’un revient à<br />

toucher aux autres. La différence est donc en quelque sorte quantitative<br />

et non qualitative bien qu’elle corresponde parfois à des conceptions très<br />

divergentes.<br />

2 — La classification en trois genres.<br />

a) La combinatoire pionnière.<br />

Les premières relations entre littérature et ordinateur ne sont pas dues<br />

à l’évolution de l’informatique, mais à une quête créative profonde qui<br />

parcourt les avant-gardes.<br />

Toutes les œuvres produites entre 1959 et 1975 obéissent à l’esthétique<br />

de la combinatoire et de la variation, qui est un des grands paradigmes<br />

dans les arts à cette époque. Il est judicieux, à leur propos, d’utiliser le<br />

vocable de « littérature assistée par ordinateur » car cette machine n’est<br />

alors utilisée que comme outil de conception, comme « amplificateur<br />

de complexité » pour utiliser le terme d’Abraham Moles. Autrement dit,<br />

l’utilisation de l’informatique est alors essentiellement « orientée auteur ».<br />

Abraham Moles exprime d’ailleurs de façon très claire les conceptions<br />

qui prévalent à l’époque dans son ouvrage de 1971 L’art et l’ordinateur.<br />

L’ordinateur est une machine à produire des variations que l’auteur, dans<br />

un second temps, réinjecte comme bon lui semble dans ses productions. Il<br />

n’est pas anodin de constater que peu de générateurs rempliront cet<br />

objectif d’assistanat. On connaît une réutilisation pour le théâtre du<br />

générateur de la machine à écrire mais la plupart des textes générés sont<br />

directement publiés comme textes à part entière. Bailey leur consacrera<br />

même une anthologie en 1973 11 . Cette voie de la combinatoire demeure<br />

aujourd’hui encore productrice, même si le côté « assistanat » a complètement<br />

disparu. Un des auteurs les plus anciens et les plus prolifiques en<br />

11 Richard W. Bailey, Computer Poems, Potagannissing Press, Michigan.<br />

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