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10.pdf - Formules

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DOSSIER LITTÉRATURE NUMÉRIQUE<br />

même si, curieusement, il ne reçoit aucune définition claire — ou si du<br />

moins je n’en ai pas trouvé. Ce qui se rapproche en effet le plus d’une<br />

définition serait le texte suivant signé François Le Lionnais, publié page<br />

20 du premier ouvrage et repris page 53 du second, complété par Jacques<br />

Roubaud :<br />

58<br />

Toute œuvre littéraire se construit à partir d’une inspiration (c’est du<br />

moins ce que son auteur laisse entendre) qui est tenue à s’accommoder<br />

tant bien que mal d’une série de contraintes et de procédures qui<br />

rentrent les unes dans les autres comme des poupées russes. Contraintes<br />

du vocabulaire et de la grammaire, contraintes des règles du roman…<br />

ou de la tragédie classique… contraintes de la versification générale,<br />

contraintes des formes fixes (comme dans le cas du sonnet), etc.<br />

A quoi Jacques Roubaud ajoute :<br />

et pose pour but à l’OULIPO la recherche des contraintes à l’œuvre<br />

dans certaines œuvres anciennes ou extérieures quoique contemporaines<br />

à l’OULIPO (plagiaires dans l’instant et par anticipation […] Le<br />

statut de la contrainte est donc fondamental. On remarquera qu’il<br />

n’est pas posé a priori différent de celui des contraintes élaborées par<br />

la tradition…<br />

Définition somme toute peu éclairante : beaucoup trop généraliste<br />

chez Le Lionnais qui pourrait dire tout aussi bien que la langue est<br />

contrainte, peu explicite chez Jacques Roubaud où le seul indice éclairant<br />

est la différenciation faite entre contraintes et contraintes élaborées par la<br />

tradition. Jacques Roubaud a en effet ici l’intuition de ce qui sépare la<br />

contrainte de la règle. Pour le reste, la contrainte ne se définit dans les<br />

travaux de l’OULIPO que par ses usages et ses exemples. Pour l’essentiel<br />

il s’agit de formes d’origines — ou non — mathématiques mais de toutes<br />

façons modélisables qui sont génératrices de textes et sur lesquelles s’appliquent<br />

quelques « règles », terme employé alors dans un sens très général<br />

qui se rapproche de celui employé dans l’expression « règle du jeu », pour<br />

lesquelles je renvoie aux ouvrages de ce groupe. L’essentiel étant qu’elles<br />

doivent appartenir à des formalismes faciles à concevoir et qu’elles sont<br />

ainsi des axiomes de textes, formule curieuse si l’on songe que les axiomes<br />

sont des « vérités d’évidence » et que l’on ne peut donc les comprendre<br />

que comme des données indiscutables qui doivent être acceptées comme<br />

telles : la contrainte n’a pas besoin de justification, c’est une donnée<br />

initiale qui fonde la cohérence du texte et doit donc être acceptée comme<br />

telle, comme donnée de départ, prémisse indiscutable. Leur justification<br />

repose sur deux idéologies externes au texte :

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