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10.pdf - Formules

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JAN BAETENS<br />

hiérarchie entre les différentes formes, encore que la distinction entre elles<br />

ne disparaisse pas complètement : le réseau n’est pas une suite de formes<br />

« premières » et « secondaires », mais l’enchevêtrement et la dissémination<br />

d’occurrences reliées entre elles, chacune avec ses caractéristiques<br />

propres, chacune ayant son prix, sa valeur ajoutée. Aujourd’hui on attend<br />

d’un poète qu’il fasse des performances ; et des performances qui ne se<br />

contentent pas d’être des lectures à haute voix de textes imprimés ; d’autre<br />

part ces performances (avec documents à l’appui) doivent être exploitées,<br />

transformées, poursuivies sur d’autres médias. Le fait est-il si nouveau ?<br />

Pas vraiment, puisque la culture médiatique (c’est-à-dire la culture d’une<br />

société dominée par les mass medias) a toujours valorisé sinon imposé la<br />

démultiplication par des médias différents (Kalifa 2001). Ce qui intéresse<br />

notre sujet, c’est que de ce point de vue aussi la distinction entre poésie<br />

imprimée et cyberpoésie s’évanouit : non que leurs traits distinctifs soient<br />

en train de se confondre (nous verrons bientôt sur deux exemples que c’est<br />

le contraire qui se produit), mais elles font ensemble partie d’une plus<br />

large globalité cyberculturelle.<br />

Jusqu’ici deux métaphores ont été réunies dans la description du<br />

nouvel environnement de la poésie : celle du réseau (métaphore plutôt<br />

spatiale : la coexistence de plusieurs formes d’une seule œuvre), celle de la<br />

chaîne (métaphore plus temporelle : la transformation d’une œuvre selon<br />

des formes sans cesse renouvelées). Ces deux métaphores ont-elles lieu de<br />

coexister pacifiquement, ou l’une est-elle meilleure que l’autre, c’est-à-dire<br />

plus exacte ? La question en fait n’est pas de première importance, car en<br />

pratique il est tout à fait utopique d’imaginer que l’on puisse disposer à<br />

la fois de toutes les formes de l’œuvre (et je ne veux même pas soulever la<br />

question de savoir si cette possibilité serait souhaitable) : pour l’analyse,<br />

la lecture, l’écriture de la poésie, nous sommes en fait toujours confrontés<br />

à des structures partielles ; le réseau entier, l’enchaînement complet ne se<br />

trouvent jamais déployés devant nous. D’où la nécessité (sur laquelle on<br />

n’insistera jamais assez) de prendre pleinement en considération les caractères<br />

spécifiques de chacune des occurrences. Les exemples qui suivent en<br />

feront la démonstration<br />

Retour à l’imprimé<br />

L’une des situations dans lesquelles ces réflexions doivent jouer un rôle<br />

décisif est bien la résurgence de la forme imprimée en cyberpoésie. Jusqu’à<br />

une date récente, presque tous les érudits et les critiques n’ont cessé de<br />

mettre l’accent sur la nécessité de repenser les notions basiques de texte,<br />

d’auteur, de lecture, d’œuvre, de sens, etc. à la lumière de la transformation<br />

globale qui a fait passer de la culture de l’imprimé à la culture numérique<br />

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