Riandrie pense ainsi d'abord au Chancelier pour ce qui concerne la législation, au Contrôleurgénéral car il peut y avoir des répercussions financières, et au secrétaire d'Etat aux Provinces,le duc d'Aiguillon 434 , pour ce qui touche à la police ou au temporel, ainsi qu'à M. deMonteinard 435 . D'autres, en tant que membres de la Commission, sont également contactés,qu'il s'agisse de Joly de Fleury ou d'Aguesseau 436 . Leur charisme peut toujours se révélerutile. Pourtant La Riandrie ne peut les approcher comme il le souhaiterait. Il s'ingénie alors àfaire transmettre ses mémoires et ses sollicitations par des intermédiaires beaucoup plusprestigieux que lui. Aussi rentre-t-il en contact avec le duc d'Orléans 437 et le prince deSoubise 438 chez qui il trouve des relais. Lui-même se permet d'intervenir personnellement à derares occasions. Il se rend par exemple à Versailles pour faire sa cour aux ministres au nomdes provinces du Nord. Lors de son entretien avec le duc d'Aiguillon, le secrétaire d'Etat auxProvinces opine en sa faveur quand il lui affirme que le « clergé ne faisant pas partie de celuide France, les affaires qui nous regardaient ne devaient être réglées que par ses lumières etson autorité 439 ». L'action de la Commission était ainsi indirectement critiquée.La Riandrie ne se contente pas d'être le porte-parole des baillis de Lille. Ceux-ciorganisent en même temps dans le Nord une politique d'alliance entre les institutions laïques.Ils tentent ainsi de s'allier avec les Etats d'Artois, présentement rassemblés, le Parlement deDouai, blessé par la prise en main de l'affaire par le Conseil d'Etat 440 , ainsi que les intendantsdes provinces du Nord 441 , craints des évêques. Pour cela il suffit de continuer la stratégiesuivie jusqu'ici. La prise de contact avec les alliés potentiels doit s'accompagner par l'envoi demémoires dûment argumentés, afin de diffuser les raisonnements juridiques démontrantl'inapplication des édits 442 . Les résultats sont probants. En effet les abbayes du Hainautenvoient à La Riandrie et à son collègue le marquis d'Aoust 443 une procuration pour parler enleur nom auprès des ministres, tandis que le gouverneur de Valenciennes, le prince de Tingry,remet les représentations du Hainaut au duc d'Aiguillon 444 .434 Id. p. 346.435 Id. pp. 321-325.436 Id. pp. 359-361.437 Id. pp. 321-325 et 356-359.438 Id. pp. 321-325, 346 et 391.439 Id. pp. 353-356.440 Id. pp. 321-325.441 Id. pp. 359-361.442 Id. p. 352.443 Le marquis d’Aoust, gentilhomme d’Artois, conseille habituellement les religieux du Nord avec l’aide de M.Devillers. Ils succèdent auprès des moines à M. de Gouve, procureur général à la Cour des Monnaies à Paris,procureur syndic de la ville d’Arras et ancien subdélégué à l’intendance de Flandres à Arras. Voir COOLEN(G.), Les Conzié et la Commission des Réguliers.444 A.D.N. C reg. 1456 Flandre wallonne, pp. 359-361.106
Enfin l'émissaire des baillis tente plusieurs démarches auprès des commissaires, àParis, directement chez eux 445 . D'après son jugement, cette intervention s'est mieux dérouléeavec les commissaires laïques qu'avec les commissaires ecclésiastiques. L'entrevue avecBrienne est plus délicate 446 . L'archevêque regrette le manque de confiance dans l'impartialitédes commissaires que semble manifester La Riandrie. Il insiste d'ailleurs sur l'importance dela Commission dans le spirituel des monastères ainsi que sur quatre objets : la présentationdes comptes à l'évêque, l'avis épiscopal en cas de reconstructions et d'emprunts, enfinl'intervention de l'ordinaire au sujet des fondations.b) Les fondements de la résistance des baillisLa motivation principale des baillis est celle de la plupart des institutions laïques. Ils'agit de préserver les privilèges de la province contre les tentatives hégémoniques de la partde l'épiscopat 447 . Ce-dernier ne se prive d'ailleurs pas de diffuser une impression défavorablede ces usages à Paris. Les évêques sont de toute façon perçus comme des adversaires 448 . Ilsprofitent, selon les baillis, de cet « instant favorable » pour augmenter leurs droits et leurautorité. S'ils réussissent, contre « les usages constants du pays, contre les lois, contre cellesdes souverains, et enfin contre toute équité », cela serait « du plus grand préjudice à laFlandre 449 ». Pour autant La Riandrie se défend d'être ultramontain. Il supporte peu en effetque le Prince de Soubise le présente aux ministres comme quelqu'un de dévoué aux moines dupays et au pape « par préjugés », ainsi qu'aux anciens principes ultramontains 450 . Il s'agitdésormais pour lui d'un étiquette à se défaire. Il s'attachera dès lors à prouver avant toutl'intérêt de la province, même à l'intérieur des abbayes, et à montrer que le Nord n'est pas siultramontain que la rumeur le dit 451 . En effet l'argumentation retenue par La Riandrie doitamèner les ministres à penser que les intérêts provinciaux peuvent également être d'ordrereligieux 452 . Face à Brienne il prend l'exemple des juridictions laïques. Ces-dernières sontcompétentes dans certains domaines ecclésiastiques, aux dépens de l'évêque, notamment en cequi concerne les emprunts et les fondations des réguliers 453 .Le corollaire du travail de La Riandrie à Paris se trouve à Lille auprès des baillis.Ceux-ci se livrent en effet de leur côté à d'intenses manœuvres juridiques. A la suite de la445 Id. pp. 356-359.446 Id. pp. 368-372.447 Id. pp. 321-325.448 Ibid.449 Ibid.450 Id. pp. 353-356.451 Ibid.452 Id. pp. 356-359.453 Id. pp. 368-372.107
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