aux privilèges des peuples de la province confirmés par le Roi précédent 347 .b) Une résistance de provinces ultramontainesLes motifs profonds de la résistance des laïques à la Commission associent à la fois unesprit conservateur indéniable, méfiant à l'égard des innovations troublant l'ordre établi 348 , etune tendance ultramontaine remontant à l'époque espagnole 349 . Ces deux sentimentsexpliquent le conflit qui oppose traditionnellement les institutions du Nord aux entreprisesroyales, dont la Commission des réguliers n'est qu'une ultime résurgence. En effet destentatives d'introduction des maximes gallicanes dans les Pays-Bas français ont déjà eu lieu,comme l'illustrent ces Réponses des recteurs, doyens, procureurs et suppôts de l'Université deParis au mémoire imprimé des Etats de Flandre, [...] sur l'exercice de la souveraineté et desusages de l'église gallicane dans la province de Flandre 350 , du XVIII° siècle. Le débat étaitcelui de savoir si la Flandre était une province rattachée nouvellement à la suite de victoiresmilitaires ou si son annexion n'était pas que le retour naturel d'une province qui faisait partiede l'ancien domaine de la couronne. L'objectif des savants parisiens était finalement depousser la Flandre à « jouir des avantages, privilèges et libertés dont elle jouissait quand elleen a été séparée par un traité aussi violent et odieux que celui de Madrid qui a passé danstoute l'Europe pour extorqué par un vassal de son Seigneur et Souverain qu'il détenait encaptivité 351 ». Le refus des libertés gallicanes 352 et le prompt attachement à une partieimportante des décrets tridentins 353 procèdent finalement de la même attitude, celle d'uneopposition de principe au prince du moment, motivée par une fidélité au pape, aussi lointainque respecté.Si l'originalité du droit public ecclésiastique belgique est démontré avec insistance parles Etats, il faut y voir un signe de défiance adressé aux commissaires du Roi. Les institutionsdu Nord refusent de leur reconnaître un quelconque droit de regard sur des affaires religieusesréglées depuis longtemps par les autorités locales et des usages propres. C'est pourquoi elles347 A.D.N. placards 8521. Indult du 29 août 1722 enregistré au Parlement de Flandre le 22 octobre 1725.348 GUYOT, Répertoire universel et raisonné de jurisprudence civile, criminelle, canonique et bénéficiale, art.« Flandre ». L’exemple de la résistance de la région aux droits des gradués de Paris sur des bénéfices régionauxest caractéristique ; voir à ce sujet A.D.N. placards 8384 pièce 9, Défense des usages de la province de Flandrepour la collation des bénéfices contre les entreprises de quelques gradués de l’Université de Paris, 1703, 26 p.Voir aussi A.D.N. placards 8384 pièce 31, [s.d.], 8 p.349 SUEUR (P.), Le Conseil Provincial d’Artois ( 1640-1790). Une Cour souveraine à la recherche de sasouveraineté, Arras, 1978, Mémoires de la Commission départementale des Monuments historiques du Pas-de-Calais, t. XVIII, p. 9. Philippe Sueur parle même d’« hispanomanie » au sujet des Artésiens.350 A.D.N. placards 8383, Réponses des recteurs [...] de l’Université de Paris au mémoire des Etats de Flandre,[...] sur l’exercice de la souveraineté et des usages de l’église gallicane dans la province de Flandre, [s.d.], 25 p.351 Ibid.352 A.D.N. placards 8384 pièce 9, Défense et usages de la province de Flandre[...].353 A.N. G 9 27, [s.d], 22 p. Mémoire des Etats d’Artois.86
insistent beaucoup sur la non appartenance du clergé de ces provinces au clergé de France 354 ,arguant ainsi d'un signe d'indépendance supplémentaire et, par conséquent, d'insoumission.§2 / La concurrence juridictionnelle des cours séculières et épiscopalesLe droit public ecclésiastique belgique est la notion préposée par excellence pourdéfendre les usages locaux contre les nouveautés extérieures. Ces usages touchent égalementla répartition des compétences juridictionnelles en matière religieuse, et donc monastique,entre les juges laïques, royaux et subalternes, et les officiaux, représentant la justice del'ordinaire. Dans le domaine ecclésiastique notamment, les usages ont plusieurs fois servi defondements à l'inexécution de dispositions royales. Ainsi les édits de 16<strong>74</strong>, 1684 et surtoutcelui de 1695 n'ont jamais reçu l'autorité nécessaire pour être appliqués dans le Nord 355 . Cesexemples posent la question de l'exécution des édits de 1768 et de 1773 qui contrarientsensiblement les spécificités juridictionnelles de ces provinces. En effet la Commission desRéguliers est d'un grand soutien à la compétence de l'ordinaire. Les juridictions laïquesdéfendent pour leur part leurs compétences intéressées sur le monde monastique.A - La Commission des Réguliers, soutien de la compétence épiscopaleLa juridiction de l'Ordinaire est par nature d'ordre spirituel. Fondée sur la charité ettempérée par l'humilité, elle appartient de droit à l'évêque dans le diocèse 356 . Elle s'exerce soitindividuellement, soit en concile ou en synode. Ainsi le concile de Trente instaure les concilesprovinciaux des évêques de la province autour du métropolitain, appelés à être réunis tous lestrois ans 357 . L'exécution de ce décret est par ailleurs ordonnée en France par l'édit de Melun de1580. Dans la pratique, peu de synodes, finalement, sont tenus. Dans le Nord, l'archevêché deCambrai, par exemple, y a procédé en 1565 et 1586. L'ordinaire est par principe celui quipossède sa juridiction par lui-même. L'évêque et l'abbé sont ainsi ordinaires respectivementdans leurs domaines. Toutefois, par son rang supérieur l'évêque peut être compétent pour lesmonastères. Le problème se pose de savoir jusqu'où sa compétence s'étend. Les prélatsmanifestent en effet la volonté de contrôler largement le monde monastique. Ils l'exprimentdans de nombreux mémoires où toute résistance des réguliers est pour eux « illusoire »,354 Voir par exemple A.D.N. 11H6 pièce 83.355 A.N. G 9 27, Mémoire pour les officiers du Conseil supérieur de Douai sur l’édit du mois de février 1773concernant les réguliers.356 MOUSNIER (R.), Les institutions de la France sous la monarchie absolue, p. 231.357 La réunion triennale du synode semble être le pendant de la réunion triennale des chapitres réguliers.87
- Page 7 and 8:
et à l’Etat 27 » ; l’utilité
- Page 9 and 10:
Le débat juridique oppose par cons
- Page 11 and 12:
Section 1 - La critique des édits
- Page 13:
a) Le recul de l’âge des vœux s
- Page 16 and 17:
nombre correct de religieux pour le
- Page 18:
autrichiens, elle redoute encore pl
- Page 21 and 22:
L’intervention des commissaires n
- Page 23 and 24:
connaissances » que de questionnai
- Page 25 and 26:
Janvier 1767 adressée à l’arche
- Page 27 and 28:
Quoique incomplets, les mémoires r
- Page 29 and 30:
d’Auchy 106 . Par ailleurs, Saint
- Page 31 and 32:
spécificité 112 , tout comme Dura
- Page 33 and 34:
Tournai d’envoyer des clercs à l
- Page 35 and 36: de plus son étonnement à constate
- Page 37 and 38: quand elles perdent leur utilité,
- Page 39 and 40: nouvel enjeu débattu dans beaucoup
- Page 41 and 42: traditionnellement requis dans l’
- Page 43 and 44: possession 152 ». Le mémoire exp
- Page 45 and 46: Section 2 - Une logique de résista
- Page 47 and 48: ordinaire et immédiat du diocèse
- Page 49 and 50: pour la petite maison. Dans sa lett
- Page 51 and 52: la délimitation du pouvoir épisco
- Page 53 and 54: leurs droits et leurs libertés. Ce
- Page 55 and 56: tout le protecteur des abbayes plus
- Page 57 and 58: ) La campagne épiscopale en faveur
- Page 59 and 60: Saint-Siège 221 », à la suite du
- Page 61 and 62: discipline pour l'abbé Rémy 234 .
- Page 63 and 64: privilège. En effet l'exemption en
- Page 65 and 66: « feu le Roi Dagobert, à la deman
- Page 67 and 68: 1/ Des siècles d’usages à forma
- Page 69 and 70: du droit civil en deux points. En m
- Page 71 and 72: mention explicitement d'indépendan
- Page 73 and 74: des passeports pour leur permettre
- Page 75 and 76: CHAPITRE DEUXIEMELa résistance la
- Page 77 and 78: A - Les sources juridiques des usag
- Page 79 and 80: députés des Etats fournissent à
- Page 81 and 82: 1773 et les anciennes lois des Pays
- Page 83 and 84: comme la Bretagne et la Provence en
- Page 85: 2/ Un pouvoir royal encadré par le
- Page 89 and 90: elativisent la portée de cet usage
- Page 91 and 92: Celle-ci s'appuient sur deux argume
- Page 93 and 94: province 385 , les Etats réunis de
- Page 95 and 96: à la mort des évêques et des abb
- Page 97 and 98: A - La résistance officielle, une
- Page 99 and 100: connaître le monastère où ils de
- Page 101 and 102: les Etats à mener une politique de
- Page 103 and 104: sources de l'ancienne discipline de
- Page 105 and 106: B - La résistance officieuse : les
- Page 107 and 108: Enfin l'émissaire des baillis tent
- Page 109 and 110: a) Les manœuvres des commissaires
- Page 111 and 112: §2 - L'obtention de la faveur du r
- Page 113 and 114: éclamations des Etats et des relig
- Page 115 and 116: B/ L'efficacité relative du privil
- Page 117 and 118: des modifications pour faciliter la
- Page 119 and 120: les répertorie 498 . Le constat dr
- Page 121 and 122: La Commission des réguliers a lais
- Page 123 and 124: BIBLIOGRAPHIE ** Par convention, le
- Page 125 and 126: -A.D.N. 11H2 pièces 17 et 18, Requ
- Page 127 and 128: -A.D.N. 65H4 pièce 33A, 10 décemb
- Page 129 and 130: II - Sources impriméesA - Sources
- Page 131 and 132: -A.D.N. placards 8521, Mémoire pou
- Page 133 and 134: -PIALES, Traité des réparations e
- Page 135 and 136: -MOUSNIER (R.), Les institutions de
- Page 137 and 138:
-PRAT, Essai historique sur la dest
- Page 139 and 140:
TABLE DES MATIERES139
- Page 141 and 142:
SECTION II - Une logique de résist
- Page 143:
SECTION II - Une opposition victori