savoir si le concordat s'applique ou non aux nouvelles provinces rattachées n'ayant jamaisconnu le régime de la Pragmatique. Un mémoire 322 rédigé contre la Commission reconnaîtdans son « tableau du droit belgique » que le concordat ne s'applique pas en Flandre, cequ'admettent les études actuelles 323 . Merlin, dans un article sur la Flandre 324 , avance plusieursarguments dans ce sens. L'avocat rappelle à juste titre que les termes du traité prévoyaientl'enregistrement du concordat par les juridictions inférieures dans un délai de six mois, à peinede nullité ; or l'enregistrement n'a jamais eu lieu en Flandre. Cette position est toutefoiscontestée au XVIII° siècle. Les évêques sont des partisans de son application dans lesdiocèses du Nord. Leur raisonnement est simple, notamment pour l'Artois. Le comté était sousdomination française en 1516 ; il ne connut le changement de souveraineté qu'en 1529. Parailleurs le concordat y a été publié et des arrêts du Parlement de Paris sont rendus en ce sensen 1688 et 1766 325 . Les juristes gallicans soutiennent cette thèse. En effet pour Durand deMaillane, « le concordat est une loi générale dont l'exécution s'étend sur tout ce qui fait partiede la domination française, sur les pays soumis au Roi de France, après ou avant le concordatindifféremment 326 ». Sa doctrine s'oppose ainsi à celle du Saint-Siège qui tient à aux « usageslucratifs des pays d'obédience 327 ». Elle s'appuie entre autres sur Me Patru. Dans l’une de sesplaidoiries, cet avocat affirme « que deux de nos plus célèbres jurisconsultes, et avec eux, tousles interprètes, tous les docteurs de de-là, comme de de-çà des monts, nous enseignent que sion ajoute, par exemple, une province, si on l'unit à un royaume, la province prend au momentde l'union toutes les lois, tous les privilèges, toutes les prérogatives du royaume ». Cetteposition doctrinale prenait le contre-pied de la politique royale de l'époque 328 .a) Des pays d'obédience et des pays sous concordat germaniqueLe régime dérogatoire tient aux qualifications anciennes qui faisaient de la Flandre etde l'Artois des pays dits d'obédience 329 , plus ultramontains que gallicans, et du Cambrésis unpays sous contrat germanique 330 .La Flandre et l'Artois sont traditionnellement reconnus comme des pays d'obédience322 A.N. G 9 27, [s.d], 22 p. Mémoire des Etats d’Artois.323 DDC, art. « Indult », t. 5, col. 1353.324 GUYOT, Répertoire universel et raisonné de jurisprudence civile, criminelle, canonique et bénéficiale.325 A.N. G 9 27, Mémoire sur la compatibilité entre les édits de 1768 et 1773 et les anciennes lois des Pays-Bas,[s.d.].326 DURAND DE MAILLANE, Dictionnaire de droit canonique et de pratique bénéficiale conféré avec lesmaximes de la France, art. « Concordat », t. 1 ; p. 345.327 Ibid.328 DDC, art. « Indult », t. 5, col. 1354.329 DURAND DE MAILLANE, Dictionnaire de droit canonique et de pratique bénéficiale conféré avec lesmaximes de la France, art. « Flandre », t. 1, p. 731.330 DDC, art. « Indult », t. 5, col. 135582
comme la Bretagne et la Provence en raison de la collation des bénéfices. Celle-ci s'effectueselon les règles de la Chancellerie romaine qui formaient le droit commun. Le concordat de1516 dérogeant à ces dernières, ces provinces apparurent plus proches de facto du Saint-Siègeparce qu'elles conservaient la méthode romaine de provision des bénéfices. Pourtant chaqueprovince pouvait apporter à ce régime ses modifications propres par le biais d'usagesparticuliers. Aussi les légistes utilisent-ils aussi l'appellation de pays d'usages. La région duNord ne connaît cependant pas que ce régime unique. En effet le Cambrésis, avant sonrattachement, est terre d'Empire, où s'appliquait le concordat germanique, conclu entreFrédéric III et Nicolas V à Vienne le 17 février 1448 et approuvé par la bulle du 19 mars1448. Le traité est reçu dans toutes les églises de l'Empire et par la suite étendu aux provincesréunies à l'Empire 331 . Inspiré du concile de Bâle, le concordat rétablit l'élection des évêques etdes abbés exempts, et reconnaît la collation des mois impairs au pontife, qui laisse les autres àla disposition de l'ordinaire. Ces quelques exemples montrent la faible place laissée aupouvoir séculier, ce qui incita le Roi de France à écarter ces règles défavorables au fur et àmesure que des terres d'Empire entraient sous sa domination. Ces organisations particulièreset différentes du droit français favorisent naturellement le développement d'un droitecclésiastique original.b) Le développement d'un droit ecclésiastique indépendant de la FranceLes fluctuations frontalières influencèrent inévitablement l'évolution organique durégime ecclésiastique du Nord. Aussi un changement arbitraire n'est-il pas habituel dans cesrégions habituées aux règles romaines tempérées par les usages locaux. En ce sens leParlement de Douai s'autorise quelques remontrances en prenant en considération la frontièreproche. Celle-ci nécessite en effet des aménagements particuliers aux édits pour les provincesseptentrionales 332 . Tant que ces adaptations, ces « précautions nécessaires » ne sont pasréalisées, les édits ne sont pas bienvenus.L'argumentation des Etats s'efforce d'énoncer les domaines où le Nord diverge de laFrance, arguant l'improbable application d'une réforme qui ne prend pas en compte cesspécificités. Ainsi, si la régale est acceptée 333 , le système français de l'économat est rejeté 334 ,331 DURAND DE MAILLANE, Dictionnaire de droit canonique et de pratique bénéficiale conféré avec lesmaximes de la France, art. « Concordat germanique », t. 1, p. 350.332 A.N. G 9 27, Observations sur les remontrances, [s.d.], 4 p. Par exemple, afin d’assurer des offices religieux depart et d’autre de la frontière, les religieux doivent demander l’autorisation au roi, par souci de « bon ordre » etde « repos public ».333 A.D.N. 10H10 pièce 217.334 A.N. G 9 27, Droit public ecclésiastique belgique, [s.d.], 9 p. L’économat est l’administration des revenus d’unbénéfice vacant. Voir PIALES (J.-J.), Traité des réparations et reconstructions des églises et autres bastimens83
- Page 7 and 8:
et à l’Etat 27 » ; l’utilité
- Page 9 and 10:
Le débat juridique oppose par cons
- Page 11 and 12:
Section 1 - La critique des édits
- Page 13:
a) Le recul de l’âge des vœux s
- Page 16 and 17:
nombre correct de religieux pour le
- Page 18:
autrichiens, elle redoute encore pl
- Page 21 and 22:
L’intervention des commissaires n
- Page 23 and 24:
connaissances » que de questionnai
- Page 25 and 26:
Janvier 1767 adressée à l’arche
- Page 27 and 28:
Quoique incomplets, les mémoires r
- Page 29 and 30:
d’Auchy 106 . Par ailleurs, Saint
- Page 31 and 32: spécificité 112 , tout comme Dura
- Page 33 and 34: Tournai d’envoyer des clercs à l
- Page 35 and 36: de plus son étonnement à constate
- Page 37 and 38: quand elles perdent leur utilité,
- Page 39 and 40: nouvel enjeu débattu dans beaucoup
- Page 41 and 42: traditionnellement requis dans l’
- Page 43 and 44: possession 152 ». Le mémoire exp
- Page 45 and 46: Section 2 - Une logique de résista
- Page 47 and 48: ordinaire et immédiat du diocèse
- Page 49 and 50: pour la petite maison. Dans sa lett
- Page 51 and 52: la délimitation du pouvoir épisco
- Page 53 and 54: leurs droits et leurs libertés. Ce
- Page 55 and 56: tout le protecteur des abbayes plus
- Page 57 and 58: ) La campagne épiscopale en faveur
- Page 59 and 60: Saint-Siège 221 », à la suite du
- Page 61 and 62: discipline pour l'abbé Rémy 234 .
- Page 63 and 64: privilège. En effet l'exemption en
- Page 65 and 66: « feu le Roi Dagobert, à la deman
- Page 67 and 68: 1/ Des siècles d’usages à forma
- Page 69 and 70: du droit civil en deux points. En m
- Page 71 and 72: mention explicitement d'indépendan
- Page 73 and 74: des passeports pour leur permettre
- Page 75 and 76: CHAPITRE DEUXIEMELa résistance la
- Page 77 and 78: A - Les sources juridiques des usag
- Page 79 and 80: députés des Etats fournissent à
- Page 81: 1773 et les anciennes lois des Pays
- Page 85 and 86: 2/ Un pouvoir royal encadré par le
- Page 87 and 88: insistent beaucoup sur la non appar
- Page 89 and 90: elativisent la portée de cet usage
- Page 91 and 92: Celle-ci s'appuient sur deux argume
- Page 93 and 94: province 385 , les Etats réunis de
- Page 95 and 96: à la mort des évêques et des abb
- Page 97 and 98: A - La résistance officielle, une
- Page 99 and 100: connaître le monastère où ils de
- Page 101 and 102: les Etats à mener une politique de
- Page 103 and 104: sources de l'ancienne discipline de
- Page 105 and 106: B - La résistance officieuse : les
- Page 107 and 108: Enfin l'émissaire des baillis tent
- Page 109 and 110: a) Les manœuvres des commissaires
- Page 111 and 112: §2 - L'obtention de la faveur du r
- Page 113 and 114: éclamations des Etats et des relig
- Page 115 and 116: B/ L'efficacité relative du privil
- Page 117 and 118: des modifications pour faciliter la
- Page 119 and 120: les répertorie 498 . Le constat dr
- Page 121 and 122: La Commission des réguliers a lais
- Page 123 and 124: BIBLIOGRAPHIE ** Par convention, le
- Page 125 and 126: -A.D.N. 11H2 pièces 17 et 18, Requ
- Page 127 and 128: -A.D.N. 65H4 pièce 33A, 10 décemb
- Page 129 and 130: II - Sources impriméesA - Sources
- Page 131 and 132: -A.D.N. placards 8521, Mémoire pou
- Page 133 and 134:
-PIALES, Traité des réparations e
- Page 135 and 136:
-MOUSNIER (R.), Les institutions de
- Page 137 and 138:
-PRAT, Essai historique sur la dest
- Page 139 and 140:
TABLE DES MATIERES139
- Page 141 and 142:
SECTION II - Une logique de résist
- Page 143:
SECTION II - Une opposition victori