confiance » et sans se « permettre l’usage de l’autorité qui [lui] est confiée », il le prie de luicommuniquer toute la documentation possible concernant l’administration du temporel et duspirituel de l’abbaye, et de relever les abus potentiels. De même, le rapporteur de laCommission, Loménie de Brienne, entre en contact avec l’abbaye d’Auchy-les-moines, dudiocèse de Boulogne 53 . La faiblesse des sources ne permet pas de dire si ces deuxinterventions ont lieu ou non avec l’accord de l’évêque, de même si ce-dernier en estseulement informé ou non. La mission confiée à Mgr La Roche-Aymon, 54 président de laCommission, lui donne l’autorité pour intervenir de la sorte. C’est sans oublier ses fonctionséminentes d’archevêque de Reims et de Grand Aumônier de France qui lui confèrent un statutprivilégié et prestigieux. A la même époque le siège d’Arras est occupé par Jean deBonneguise 55 , à l’envergure plus discrète. La même comparaison peut être soutenue pourLoménie de Brienne, rapporteur de la Commission et archevêque de Toulouse, face au petitsiège épiscopal de Boulogne détenu par François-Joseph-Gaston de Partz de Pressy 56 . Lerapport de force est toujours en faveur des commissaires.Les réponses des deux abbayes diffèrent sensiblement. Les chanoines réguliers 57 deSaint-Eloi répondent directement à l’archevêque de Reims dans leur lettre du 21 septembre1766 58 . Les moines de l’abbaye d’Auchy sont plus réservés. Leur correspondance du 13janvier 1767 59 s’adresse certes au rapporteur de la Commission, mais pour lui signifier qu’ilsentendent en référer à l’évêque de Boulogne. Gardant le silence sur leur régularité, ils invitentLoménie de Brienne à n’avoir comme correspondant que leur ordinaire. Ces quelques sourcesoffrent donc une double situation. Dans les deux cas, les commissaires passent outre lesévêques du lieu pour entrer en relation directe avec les réguliers. Cependant le retour decourrier n’est pas réciproque. Deux attitudes sont retenues. La première s’adresse ouvertementaux commissaires ; l’évêque a un rôle passif. La seconde manifeste une certaine méfiance enappelant l’ordinaire ; celui-ci reçoit un rôle médian.53 A.N. G 9 27, Abbaye d’Auchy-les-Moines […].54 Mgr Charles-Antoine de La Roche-Aymon (1697-1777) occupe de hautes fonctions. Il est archevêque deReims en 1762 et créé cardinal en 1771, s’occupe un temps de la feuille des bénéfices, préside l’Assemblée duclergé de France de 1760 à 1775, marie et sacre Louis XVI. Il décède comme doyen de l’épiscopat français. Il estégalement abbé commendataire de Saint-Germain-des-Prés.55 Mgr Bonneguise est évêque d’Arras de 1752 à 1766. L’évêché est pourvu de nombreuses abbayes. Entreautres Saint-Waast, Marchiennes, Anchin et Hasnon représentent le corps bénédictin ; Arrouaise, Saint-Eloi,Hénin-Liétard et Maroeuil suivent la règle de saint Augustin ; enfin Vicogne et Château-l’Abbaye regroupent desprémontrés. Le siège épiscopal est ancien ; il remonte à la présence romaine. Après un transfert à Cambrai,l’évêque revient en 1094. Depuis 1559, le diocèse est suffragant de Cambrai.56 Cet évêque occupe son siège de 1<strong>74</strong>2 à 1789. L’évêché est grand mais très rural. Il a été érigé récemment, à lasuite de la destruction de la ville épiscopale de Thérouanne en 1553 par Charles-Quint. Depuis 1567 le diocèseest suffragant de Reims.57 Les chanoines réguliers sont des religieux vivant en communautés, tout en se livrant à un ministère extérieur,tels les prémontrés. Ils s’inspirent de saint Augustin.58 A.D.N. 11H6 pièce 8359 A.N. G 9 27.20
L’intervention des commissaires n’est pas exclusive. L’ordinaire du lieu peut en effetla contre-carrer. En s’interposant personnellement entre l’instance nationale et les maisonsreligieuses de son diocèse, il devient un relais indispensable. La gestion de l’affaire desréguliers descend ainsi à l’échelon régional. L’archidiocèse de Cambrai 60 illustre cettetentative. Peut-être n’est-il pas le seul. Cependant, les sources ne font apparaître que cetexemple pour le Nord 61 .Les archives de l’abbaye de Maroilles contiennent une correspondance abondanteentre l’abbé et l’évêque pendant la période d’installation de la Commission. Une lettre del’évêque, du 20 Novembre 1766 62 , informe les religieux des objectifs de la Commission.L’envoi rapide de mémoires à titre de renseignement leur est demandé, faute de pouvoirprocéder à la visite de monastères. Un vicaire général 63 seconde l’archevêque dans sa tâche.La réponse de l’abbé de Maroilles s’adresse logiquement à l’archevêque 64 , comme le ferontd’ailleurs les courriers ultérieurs 65 . S’il ne suit pas personnellement chaque monastère, cetévêque manifeste cependant beaucoup d’intérêt. Les échanges avec l’abbaye de Maroilles ensont un indice, ce qui ne semble pas être la cas des sièges d’Arras et de Boulogne. Servantd’interface, l’archevêque de Cambrai ne se soustrait pas pour autant à l’exécution des arrêtsdu Conseil. Travaille-t-il dans son intérêt ? La tentation peut exister pour lui de profiter de cemouvement réformateur pour mieux contrôler les réguliers de son diocèse. Si l’idée estséduisante, la pratique révèle que toutes les abbayes bénédictines de son diocèse relèvent déjàde sa juridiction. Ces-dernières ne semblent pas s’y être opposées. L’attitude de Mgr Choiseulindique une situation de confiance réciproque avec les réguliers de son diocèse. En effet,avant d’être contacté par l’ordinaire, l’abbé de Maroilles l’avait été par l’abbé du Saint-Sépulcre 66 de Cambrai. Celui-ci lui rapporte la discussion qu’il avait eue avec son évêque,notamment sur l’envoi à la Commission d’un tableau des revenus et des dépensesmonastiques. Il écrivait que le prélat semblait « très content du spirituel de chez nous, quenous étions gens à ne rien demander à personne, qu’il espérait qu’il ne nous demanderait plusrien et qu’il nous laisserait tranquille ». De plus l’archevêque de Cambrai « aime lesbénédictins de son diocèse, puisqu’il m’a dit ce même jour que de tous les religieux de sondiocèse, c’était les bénédictins qui observaient le mieux leur règle et qui conservaient l’esprit60 Léopold-Charles de Choiseul-Stainville est archevêque de Cambrai de 1764 à 17<strong>74</strong>. Le diocèse est très ancien.Délimité à nouveau en 1559, il est par la même bulle érigé en siège métropolitain. De nombreux bénédictinscouvrent son territoire : une prévôté, quatre prieurés et onze monastères d’hommes, dont Liessies et Maroilles.61 Faute d’étude plus approfondie, il est impossible de se prononcer pour le moment sur l’attitude de l’évêque deSaint-Omer ; seuls les sièges de Boulogne, Cambrai et Arras apparaissent dans les papiers de la Commission.62 A.D.N. 11H6 pièce 84.63 A.D.N. 11H6 pièces 84, 85 et 86. M. l’abbé de Biré est chargé par l’archevêque de suivre l’affaire desréguliers ; il devient alors sur ce point le correspondant exclusif des religieux pour le diocèse.64 A.D.N. 11H6 pièce 84, lettre du 24 novembre 1766.65 A.D.N. 11H6 pièces 84 à 87.66 A.D.N. 11H6 pièce 81, lettre du 10 octobre 1766.21
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