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FID Marseille 2011 - Festival international du documentaire de ...

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écrans parallèlesConversations secrètesL’écoute nécessite souvent l’accumulation attentive d’indices rares et épars. Deux indivi<strong>du</strong>s se parlentet maintenu à distance, un peu espion, pas forcément policier, le spectateur patiente. En 1974, HarryCaul, spécialiste <strong>de</strong> la surveillance électronique reconnu par ses confrères et saxophoniste à sesheures doublant chez lui quelques bons enregistrements choisis, manipule en virtuose lespotentiomètres rotatifs <strong>de</strong> sa table <strong>de</strong> mixage afin <strong>de</strong> sélectionner la meilleure prise parmi les ban<strong>de</strong>smagnétiques stockant quelques captations discrètes, plus ou moins éloignées, d’un <strong>du</strong>o amoureux.The conversation <strong>de</strong> F. F. Coppola, avec Gene Hackman dans le rôle principal, transpose dans lessphères <strong>de</strong> l’audible les saisies photographiques propices au soupçon déployées par MichelangeloAntonioni dans Blowup (1966), précédant ainsi les imprévus ou acci<strong>de</strong>nts répétés <strong>du</strong> labeur <strong>de</strong> preneur<strong>de</strong> son selon Brian De Palma, Blow Out (1981). Lors <strong>de</strong> ces enquêtes, l’affirmation d’une preuve neconstitue pas l’essentiel, les particularités <strong>de</strong>s outils utilisés sont surexposées et l’incertitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>l’observateur se révèle confortée.Conversations secrètes est un écran parallèle où les paroles ré<strong>du</strong>isent leur signification pourprofiter <strong>de</strong>s détours <strong>de</strong> l’interprétation. Les dialogues sont au premier plan et pourtant, les motssemblent insuffisants, leur enten<strong>de</strong>ment est suggéré par quelques autres éléments <strong>de</strong>venant ainsiindispensables. Si la vision propose instantanément une vue d’ensemble, l’audition doit se contenterd’une sensation générale. Dans cette brume initiale, quelques traces indistinctes émergent, chacuned’elles compliquant la précé<strong>de</strong>nte. Certains détails visuels ou sonores sont à accueillir comme <strong>de</strong>ssignes nécessaires laissant en attente toute compréhension. Au final, sans aucun secret totalementdévoilé, l’ensemble paraîtra bien plus simple que les prémices ne le faisaient <strong>de</strong>viner. Ces nuancessemblent évi<strong>de</strong>ntes lorsque le protagoniste est musicien ou chef d’orchestre. Le discours peut êtrerenforcé par un extrait musical, paradoxe facilité par montage, lorsque la musique sonne soudainementd’une manière étonnamment intelligible. La complémentarité entre paroles et musique <strong>de</strong>vientparfois inextricable si l’acteur s’exprime avec les uns ou avec l’autre tout autant. L’appréciation estkaléidoscopique quand un artiste attrape une réalité distante ou un champ <strong>de</strong> connaissance restreint.Ailleurs, les éléments sont parfois électroniquement manipulés, étirés ou déplacés. La diversité <strong>de</strong>ssupports, la pellicule ou les disques <strong>du</strong>rs, la multiplicité <strong>de</strong>s situations, en intérieur ou à l’extérieur, lenombre <strong>de</strong>s intervenants, voix-off ou foisonnement d’indivi<strong>du</strong>s, tout ceci multiplie les distorsions.Lorsque les mots s’échappent, l’attention se déplace vers l’accentuation, l’inflexion, la mo<strong>du</strong>lation oul’articulation. L’image déploie, le son dissémine et la simultanéité complique les distinctions.Gilles Grand151

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