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Coach Automne 2017

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MIEUX NOURRIR SES MUSCLES<br />

2<br />

les humains quant aux effets de l’alcool à<br />

cet égard ? Deux études croisées sur les<br />

humains, petites mais sérieuses et contrôlées<br />

par un groupe sous placebo, ont montré une<br />

élévation significative de la testostérone et de<br />

la testostérone libre après la consommation<br />

d’alcool, et l’une d’entre elles comprenait une<br />

séance d’exercice de résistance. Une autre<br />

étude, qui s’intéressait au taux de testostérone<br />

après un effort intense, ne décelait aucun<br />

changement de la testostérone chez les sujets<br />

ayant ou non bu de l’alcool. Si la testostérone<br />

augmente après la consommation d’alcool,<br />

comment expliquer la baisse de la synthèse<br />

protéique ? Après tout, nous savons que la<br />

testostérone est l’un de ses plus puissants<br />

stimulateurs. Je n’ai pas trouvé de données sur<br />

les humains, mais en revanche, une étude sur<br />

les rats montre qu’une consommation d’alcool<br />

chronique très élevée réduit substantiellement<br />

le nombre de récepteurs androgènes dans les<br />

fibres musculaires de type IIb à contraction<br />

rapide. Cela pourrait expliquer le taux de<br />

testostérone élevé sans stimulation de la<br />

synthèse protéique: une diminution du<br />

nombre de récepteurs androgènes pourrait<br />

éliminer les effets de l’augmentation du taux<br />

de testostérone. L’alcool entravant aussi les<br />

actions anabolisantes de l’insuline et de l’IGF-1,<br />

cet effet pourrait-il bloquer l’élévation du taux<br />

de testostérone ?<br />

ALCOOL ET RÉCUPÉRATION<br />

MUSCULAIRE ‘RÉELLE’<br />

Disposer d’informations sur les changements<br />

biochimiques et les altérations hormonales<br />

dans le muscle quand nous buvons de l’alcool,<br />

c’est bien beau, mais pour y croire, j’ai besoin<br />

de preuves ‘réelles’, par exemple, l’évolution<br />

du volume et de la performance des muscles<br />

dans un certain contexte (dans ce cas, la<br />

consommation d’alcool). Après tout, la plupart<br />

de ces études ne s’intéressent qu’aux quelques<br />

heures suivantes. Une fois la gueule de bois<br />

passée et après quelques tasses de café, le<br />

corps serait-il capable de compenser l’action de<br />

l’alcool, laissant la masse musculaire en l’état ?<br />

De plus, la majorité des doses d’alcool utilisées<br />

étaient assez importantes. Quel serait l’effet de<br />

deux ou trois verres ? Heureusement, quelques<br />

études nous donnent des indices, mais les<br />

éléments de preuve sont contradictoires.<br />

En ce qui concerne la récupération de la<br />

performance musculaire, par rapport au<br />

groupe n’ayant pas pris d’alcool, une étude<br />

montrait une diminution assez substantielle de<br />

la performance 36 et 60 heures après un effort<br />

créant des dégâts musculaires dans le groupe<br />

ayant consommé de l’alcool. En revanche,<br />

quatre autres études sur des humains<br />

montraient des différences très légères, et une<br />

étude indiquait qu’un paramètre affichait une<br />

meilleure récupération dans le groupe ayant<br />

consommé de l’alcool. Il est intéressant de<br />

noter qu’une étude a utilisé une consommation<br />

d’alcool ‘modérée’, soit environ un litre de<br />

bière pour un gabarit normal (la plupart des<br />

études utilisaient une quantité au moins deux<br />

fois supérieure). Elle n’a décelé aucun effet sur<br />

les mesures de récupération de la performance<br />

musculaire.<br />

Enfin, l’étude qui était peut-être la plus<br />

intéressante se penchait sur la prise de masse<br />

réelle chez les souris plus de deux semaines<br />

après que les rongeurs aient subi une opération<br />

spéciale pour retirer une partie des muscles<br />

de leur jambe. Elle a révélé des adaptations<br />

très fortes, dont une synthèse protéique très<br />

élevée pour rebâtir rapidement le muscle.<br />

Toutes les souris ont suivi le même régime,<br />

mais la moitié d’entre elles ont consommé<br />

une partie substantielle de leur régime sous<br />

forme d’alcool. En dépit du fait que l’alcool<br />

stoppe complètement la synthèse protéique<br />

chez les souris soulevant des charges lourdes,<br />

le groupe ayant pris de l’alcool a connu une<br />

prise de masse équivalente à celle du groupe<br />

sans alcool. Cela semble démontrer que la<br />

réponse à une blessure causant de forts dégâts<br />

musculaires ne peut pas être stoppée par une<br />

importante consommation d’alcool (chez les<br />

souris, tout du moins).<br />

ALCOOL ET SANTÉ<br />

J’aimerais passer rapidement en revue les<br />

effets de l’alcool sur la santé. Tout le monde<br />

sait que prendre cuite sur cuite est mauvais<br />

pour la santé, mais n’oublions pas ce que nous<br />

répétait notre grand-mère : ‘Tout est dans la<br />

modération’. Comme d’habitude, mamie avait<br />

raison. De nombreuses recherches, y compris<br />

plusieurs études et même des réévaluations<br />

d’études antérieures, montrent clairement<br />

qu’une consommation d’alcool modérée est<br />

associée à une vie plus longue et plus saine.<br />

L’incidence de cardiopathies, de diabète et<br />

de plusieurs formes de cancer est plus faible<br />

chez les buveurs modérés (un à trois verres<br />

par jour) que chez ceux qui s’abstiennent<br />

complètement. Cependant, il faut savoir que la<br />

consommation d’un grand nombre de verres<br />

par jour a un impact négatif sur la santé.<br />

Certains types d’alcools ont des avantages<br />

spécifiques: la bière, le cidre et le vin (surtout<br />

le vin rouge) contiennent plusieurs nutriments,<br />

polyphénols et autres substances chimiques.<br />

Le vin, et dans une certaine mesure la bière,<br />

ont fait l’objet d’études qui ont montré qu’ils<br />

offrent certains avantages. En fait, c’est<br />

ironique, mais la recherche suggère que le vin<br />

rouge pourrait même être bon pour le foie (à<br />

nouveau, avec une consommation modérée),<br />

sans doute à cause de sa teneur en resvératrol.<br />

CONCLUSION ET SYNTHÈSE<br />

De quoi sommes-nous certains ? 1)<br />

Une forte consommation d’alcool réduit<br />

substantiellement ou même élimine la<br />

construction musculaire qui se produirait<br />

sinon dans les heures suivant un exercice<br />

de résistance intense ; 2) Contrairement<br />

à ce que suggèrent de nombreux articles,<br />

la consommation d’alcool semble élever le<br />

taux de testostérone et une consommation<br />

régulière plus élevée est associée à un taux de<br />

testostérone plus élevé ; 3) La récupération de<br />

la performance réelle après un effort intense<br />

pourrait diminuer après la consommation<br />

d’alcool, mais la plupart des études ne vont<br />

pas dans ce sens ; 4) Une consommation<br />

d’alcool modérée est bonne pour la santé et<br />

la longévité, mais une consommation plus<br />

importante a l’effet opposé. Le plus important,<br />

c’est ce que nous ne savons pas. La majorité<br />

de ces études utilisant des doses d’alcool<br />

relativement élevées, nous ignorons si le<br />

même effet se retrouve à des doses moins<br />

IMAGES: ISTOCKPHOTO<br />

60 | COACH

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