Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
MIEUX NOURRIR SES MUSCLES<br />
2<br />
les humains quant aux effets de l’alcool à<br />
cet égard ? Deux études croisées sur les<br />
humains, petites mais sérieuses et contrôlées<br />
par un groupe sous placebo, ont montré une<br />
élévation significative de la testostérone et de<br />
la testostérone libre après la consommation<br />
d’alcool, et l’une d’entre elles comprenait une<br />
séance d’exercice de résistance. Une autre<br />
étude, qui s’intéressait au taux de testostérone<br />
après un effort intense, ne décelait aucun<br />
changement de la testostérone chez les sujets<br />
ayant ou non bu de l’alcool. Si la testostérone<br />
augmente après la consommation d’alcool,<br />
comment expliquer la baisse de la synthèse<br />
protéique ? Après tout, nous savons que la<br />
testostérone est l’un de ses plus puissants<br />
stimulateurs. Je n’ai pas trouvé de données sur<br />
les humains, mais en revanche, une étude sur<br />
les rats montre qu’une consommation d’alcool<br />
chronique très élevée réduit substantiellement<br />
le nombre de récepteurs androgènes dans les<br />
fibres musculaires de type IIb à contraction<br />
rapide. Cela pourrait expliquer le taux de<br />
testostérone élevé sans stimulation de la<br />
synthèse protéique: une diminution du<br />
nombre de récepteurs androgènes pourrait<br />
éliminer les effets de l’augmentation du taux<br />
de testostérone. L’alcool entravant aussi les<br />
actions anabolisantes de l’insuline et de l’IGF-1,<br />
cet effet pourrait-il bloquer l’élévation du taux<br />
de testostérone ?<br />
ALCOOL ET RÉCUPÉRATION<br />
MUSCULAIRE ‘RÉELLE’<br />
Disposer d’informations sur les changements<br />
biochimiques et les altérations hormonales<br />
dans le muscle quand nous buvons de l’alcool,<br />
c’est bien beau, mais pour y croire, j’ai besoin<br />
de preuves ‘réelles’, par exemple, l’évolution<br />
du volume et de la performance des muscles<br />
dans un certain contexte (dans ce cas, la<br />
consommation d’alcool). Après tout, la plupart<br />
de ces études ne s’intéressent qu’aux quelques<br />
heures suivantes. Une fois la gueule de bois<br />
passée et après quelques tasses de café, le<br />
corps serait-il capable de compenser l’action de<br />
l’alcool, laissant la masse musculaire en l’état ?<br />
De plus, la majorité des doses d’alcool utilisées<br />
étaient assez importantes. Quel serait l’effet de<br />
deux ou trois verres ? Heureusement, quelques<br />
études nous donnent des indices, mais les<br />
éléments de preuve sont contradictoires.<br />
En ce qui concerne la récupération de la<br />
performance musculaire, par rapport au<br />
groupe n’ayant pas pris d’alcool, une étude<br />
montrait une diminution assez substantielle de<br />
la performance 36 et 60 heures après un effort<br />
créant des dégâts musculaires dans le groupe<br />
ayant consommé de l’alcool. En revanche,<br />
quatre autres études sur des humains<br />
montraient des différences très légères, et une<br />
étude indiquait qu’un paramètre affichait une<br />
meilleure récupération dans le groupe ayant<br />
consommé de l’alcool. Il est intéressant de<br />
noter qu’une étude a utilisé une consommation<br />
d’alcool ‘modérée’, soit environ un litre de<br />
bière pour un gabarit normal (la plupart des<br />
études utilisaient une quantité au moins deux<br />
fois supérieure). Elle n’a décelé aucun effet sur<br />
les mesures de récupération de la performance<br />
musculaire.<br />
Enfin, l’étude qui était peut-être la plus<br />
intéressante se penchait sur la prise de masse<br />
réelle chez les souris plus de deux semaines<br />
après que les rongeurs aient subi une opération<br />
spéciale pour retirer une partie des muscles<br />
de leur jambe. Elle a révélé des adaptations<br />
très fortes, dont une synthèse protéique très<br />
élevée pour rebâtir rapidement le muscle.<br />
Toutes les souris ont suivi le même régime,<br />
mais la moitié d’entre elles ont consommé<br />
une partie substantielle de leur régime sous<br />
forme d’alcool. En dépit du fait que l’alcool<br />
stoppe complètement la synthèse protéique<br />
chez les souris soulevant des charges lourdes,<br />
le groupe ayant pris de l’alcool a connu une<br />
prise de masse équivalente à celle du groupe<br />
sans alcool. Cela semble démontrer que la<br />
réponse à une blessure causant de forts dégâts<br />
musculaires ne peut pas être stoppée par une<br />
importante consommation d’alcool (chez les<br />
souris, tout du moins).<br />
ALCOOL ET SANTÉ<br />
J’aimerais passer rapidement en revue les<br />
effets de l’alcool sur la santé. Tout le monde<br />
sait que prendre cuite sur cuite est mauvais<br />
pour la santé, mais n’oublions pas ce que nous<br />
répétait notre grand-mère : ‘Tout est dans la<br />
modération’. Comme d’habitude, mamie avait<br />
raison. De nombreuses recherches, y compris<br />
plusieurs études et même des réévaluations<br />
d’études antérieures, montrent clairement<br />
qu’une consommation d’alcool modérée est<br />
associée à une vie plus longue et plus saine.<br />
L’incidence de cardiopathies, de diabète et<br />
de plusieurs formes de cancer est plus faible<br />
chez les buveurs modérés (un à trois verres<br />
par jour) que chez ceux qui s’abstiennent<br />
complètement. Cependant, il faut savoir que la<br />
consommation d’un grand nombre de verres<br />
par jour a un impact négatif sur la santé.<br />
Certains types d’alcools ont des avantages<br />
spécifiques: la bière, le cidre et le vin (surtout<br />
le vin rouge) contiennent plusieurs nutriments,<br />
polyphénols et autres substances chimiques.<br />
Le vin, et dans une certaine mesure la bière,<br />
ont fait l’objet d’études qui ont montré qu’ils<br />
offrent certains avantages. En fait, c’est<br />
ironique, mais la recherche suggère que le vin<br />
rouge pourrait même être bon pour le foie (à<br />
nouveau, avec une consommation modérée),<br />
sans doute à cause de sa teneur en resvératrol.<br />
CONCLUSION ET SYNTHÈSE<br />
De quoi sommes-nous certains ? 1)<br />
Une forte consommation d’alcool réduit<br />
substantiellement ou même élimine la<br />
construction musculaire qui se produirait<br />
sinon dans les heures suivant un exercice<br />
de résistance intense ; 2) Contrairement<br />
à ce que suggèrent de nombreux articles,<br />
la consommation d’alcool semble élever le<br />
taux de testostérone et une consommation<br />
régulière plus élevée est associée à un taux de<br />
testostérone plus élevé ; 3) La récupération de<br />
la performance réelle après un effort intense<br />
pourrait diminuer après la consommation<br />
d’alcool, mais la plupart des études ne vont<br />
pas dans ce sens ; 4) Une consommation<br />
d’alcool modérée est bonne pour la santé et<br />
la longévité, mais une consommation plus<br />
importante a l’effet opposé. Le plus important,<br />
c’est ce que nous ne savons pas. La majorité<br />
de ces études utilisant des doses d’alcool<br />
relativement élevées, nous ignorons si le<br />
même effet se retrouve à des doses moins<br />
IMAGES: ISTOCKPHOTO<br />
60 | COACH