Actes - Perspectives étudiantes féministes - Les Études féministes ...
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[…] dès que l’objet commence à se percevoir comme un sujet, ce sont les fondements mêmes de<br />
la maison qui sont ébranlés. Ayant un rapport différent à la Loi du Père et à l’origine maternelle<br />
que leurs frères littéraires, les femmes – qu’elles le veuillent ou non – sont une présence qui<br />
dérange l’ordre de la maison paternelle (Smart 1988 : 23).<br />
Cette brèche marquera le commencement d’une évolution pour les femmes qui<br />
vont apprendre à s’écrire en tant que sujet. Toutefois, la venue à l’écriture des femmes<br />
ne résulte pas du mouvement féministe qui sera beaucoup plus tardif. Des écrivaines<br />
participant à une pensée préféministe telles que Gabrielle Roy et Anne Hébert<br />
donneront à voir la misogynie patriarcale dans leurs écrits ainsi que la peur du<br />
féminin maternel. La critique de l’objectivation des femmes en littérature s’inscrit<br />
donc dans une démarche préféministe. En effet, le mouvement de libération des<br />
femmes n’a pas encore vu le jour mais ces écrivaines vont, en pointant les travers de<br />
la société patriarcale, affirmer parallèlement le droit à la sensualité pour leurs<br />
héroïnes. Leur beauté ne sera plus placée sous le signe de la culpabilité. <strong>Les</strong> femmes<br />
vont donc s’écrire, écrire des personnages féminins qui leur correspondent car elles<br />
font cela, non plus sous le mode de l’Altérité comme c’était le cas avec les hommes,<br />
mais sous la forme du Même (Smart 1988 : 21).<br />
Remarquons que l’inscription des personnages féminins, écrits par des auteures, au<br />
sein de la littérature, s’insère dans un ensemble plus vaste : celui de la mémoire, et de<br />
là, celui de l’Histoire. Pour Yasmine Ergas,<br />
[…] la « découverte » de l’histoire des femmes s’est ainsi mélangée aux analyses de leurs<br />
conditions actuelles et à celles portant sur la signification de la différence sexuelle, pour<br />
redéfinir et relégitimer un sujet femme. Établissant les éléments communs sur la base desquels<br />
les femmes pouvaient s’identifier les unes aux autres, construisant une mémoire spécifique<br />
propre au genre féminin, fournissant enfin – avec les légendes des Amazones et des sociétés<br />
matriarcales, par exemple – les éléments de « mythes fondateurs » susceptibles de servir de<br />
guides pour le présent et l’avenir (Ergas 2002 : 685).<br />
Mais avant de parvenir à la réinscription de ces mythes, le chemin sera long.<br />
Le féminisme a tout d’abord permis de prendre conscience de la difficulté pour une<br />
<strong>Actes</strong> – <strong>Perspectives</strong> <strong>étudiantes</strong> <strong>féministes</strong> 143