Actes - Perspectives étudiantes féministes - Les Études féministes ...
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femmes à faire des enfants 5 ? Ni les médecins, que l’on veut bien supposer animés<br />
d’une curiosité scientifique, ni les multinationales, arrimées à leurs profits, n’innovent<br />
en matière d’instrumentalisation du corps des femmes! Dans les sociétés patriarcales,<br />
l’institutionnalisation de la volonté des hommes de contrôler la reproduction et<br />
de s’approprier ses « produits » a été bien documentée. De ce point de vue,<br />
l’acceptation sociétale quasi consensuelle dont ont finalement réussi à se prévaloir les<br />
NTR fait écho à l’interdiction dont ont longtemps été frappés la contraception et<br />
l’avortement : dans l’ensemble de ces cas, on a affaire à une exploitation des organes<br />
reproductifs des femmes. Alors qu’il est juste de rapprocher ces thématiques et de<br />
souligner que les NTR participent d’un biopouvoir ancestral 6 qui s’exerce sur les<br />
femmes, ou de rapprocher encore, à l’inverse et de manière optimiste, les divers<br />
moyens techniques et médicaux qui contribuent à la révocation d’un soidisant destin<br />
biologique maternel, cela n’implique pas que les relations de pouvoir qui traversent<br />
ces différentes techniques de contrôle et de production de la reproduction se<br />
déploient selon des modalités similaires. Je me propose donc de montrer que, malgré<br />
ces points communs, tant négatifs (inscription dans un contexte patriarcal) que<br />
positifs (pratiques de résistance possibles), les questions de la contraception et de<br />
l’avortement relèvent, principalement, d’un registre de pouvoir différent de celui qui<br />
régit, majoritairement, la pratique des NTR.<br />
Pouvoir souverain vs biopouvoir<br />
<strong>Les</strong> luttes pour la légalisation de la contraception et de l’avortement affrontent un<br />
pouvoir que la terminologie foucaldienne caractérise de souverain, et qui possède<br />
5 Il faudrait nuancer. <strong>Les</strong> femmes sont tantôt forcées de faire des enfants, tantôt elles en sont<br />
empêchées, en fonction de leur groupe d’appartenance (dominants / dominés) et des conditions de<br />
reproduction sociale de ces groupes. Mais cela, au fond, ne change rien au propos : il s’agit, une<br />
fois de plus, d’utiliser le corps des femmes à des fins qui les dépassent, soit parce qu’on ne les leur<br />
soumet pas, soit parce que, en régime libéral, elles ont force de norme. Voir la fin du texte.<br />
6 La prise en compte de l’histoire des femmes, que Foucault néglige sans vergogne, contredit son<br />
hypothèse qui fait émerger le biopouvoir au 18 e siècle.<br />
<strong>Actes</strong> – <strong>Perspectives</strong> <strong>étudiantes</strong> <strong>féministes</strong> 212