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Actes - Perspectives étudiantes féministes - Les Études féministes ...

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<strong>Les</strong> femmes vont également largement décrire des personnages de mères, et ce,<br />

sous toutes les coutures. Avant les avancées <strong>féministes</strong>, la maternité est associée à la<br />

soumission. Le rapport à la maternité changera complètement dès lors que la femme<br />

aura le choix d’être ou non enceinte. Nous connaissons la lutte des <strong>féministes</strong> en<br />

faveur du droit des femmes à la contraception et à l’avortement. Nous sommes d’avis<br />

que c’est grâce à ces alternatives que les femmes vont davantage aborder la maternité<br />

comme un plaisir, une désobéissance, un désir (Saint­Martin 1999 : 177). Le passage<br />

suivant, issu de Rivolta femminile, est très clair à cet égard :<br />

La femme se demande : “Pour le plaisir de qui suis­je tombée enceinte ? Pour le plaisir de qui<br />

vais­je avorter ?” Cette question contient en germe notre libération : en la formulant, la femme<br />

abandonne son identification à l’homme et trouve la force de briser le silence complice qui est le<br />

couronnement de notre civilisation (Ergas 2002 : 688).<br />

<strong>Les</strong> écrivaines ayant condamné la mère patriarcale, et la perception de la maternité<br />

ayant été modifiée, nous réalisons alors que dans le rapport entre la mère et la<br />

fille s’amorce également un autre tournant. Le lien à la mère pour un enfant marque<br />

le fondement de son identité. La formation de cette dernière varie en fonction<br />

du sexe de l’enfant. La société patriarcale a toujours encouragé la scission de la<br />

relation mère­enfant et peut­être encore plus lorsqu’il s’agit de la relation mère­fille<br />

(Di Cecco 2000 : 97­98). L’œil du père a toujours été catalyseur de conflits car,<br />

de par leur condition, mère et fille sont ennemies. La fille, voyant la passivité de celle<br />

qui l’a mise au monde, rejette ce modèle. Adrienne Rich explique ce phénomène<br />

qualifié de matriphobie :<br />

[…] ce n’est pas la peur de notre mère ou celle de la maternité, mais notre peur de devenir notre<br />

mère. Pour des millions de filles, la mère représente celle qui leur a appris le compromis et,<br />

se détestant, elles s’efforcent de se libérer de celle qui leur a fatalement transmis les limitations<br />

et l’avilissement de la condition féminine (Rich 1980 : 233).<br />

<strong>Actes</strong> – <strong>Perspectives</strong> <strong>étudiantes</strong> <strong>féministes</strong> 148

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