Actes - Perspectives étudiantes féministes - Les Études féministes ...
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Évelyne Tardy : « Une technique n’est pas en soi plus féministe, plus scientifique<br />
qu’une autre, c’est à nous d’en faire un outil qui permette l’expression de la réalité<br />
qu’on veut cerner » (Tardy 1999 : 95). En ce sens, les méthodes de recherche ne sont<br />
pas <strong>féministes</strong>, c’est la perspective dans laquelle elles sont utilisées qui l’est.<br />
De plus, la recherche féministe dénonce le caractère androcentrique des savoirs<br />
générés par les sciences traditionnelles. Considérer le masculin comme le référent<br />
ou l’universel et reléguer les spécificités féminines au « particulier » réduit les femmes<br />
à leurs différences avec les hommes (Dhavernas 1993; Sprague et Kobrynowicz<br />
2004). Le recours aux arguments naturalistes pour expliquer les différences entre<br />
les hommes et les femmes, ainsi que la non reconnaissance de la pertinence de<br />
certaines questions de recherche en y opposant l’argument selon lequel ces questions<br />
appartiennent à la vie privée, sont d’autres exemples de l’androcentrisme de<br />
la science. La recherche féministe a adopté diverses stratégies pour contrer<br />
l’androcentrisme. Au plan théorique, plusieurs chercheures ont recours à l’analyse<br />
inductive de façon à développer des concepts théoriques qui correspondent aux<br />
expériences vécues par les femmes, rejoignant ici le courant du standpoint. Au plan<br />
méthodologique, le recours aux méthodes qualitatives est souvent justifié par ce désir<br />
de comprendre en profondeur la réalité des personnes. Certaines chercheures<br />
expriment même une préférence pour les méthodes de recherche participatives<br />
de façon à laisser la parole aux femmes, à leur permettre de décider de la finalité<br />
de la recherche et à mettre en place une relation égalitaire et constructive<br />
entre chercheures et répondantes, basée sur le partage des savoirs (Driscoll et<br />
McFarland 1989).<br />
En plus de dénoncer l’androcentrisme, les recherches <strong>féministes</strong> rejettent<br />
également les prétentions à l’objectivité (Cook et Fonow 1986; Farganis 1986).<br />
Alors que les méthodes utilisées dans les sciences sociales et humaines présentent<br />
<strong>Actes</strong> – <strong>Perspectives</strong> <strong>étudiantes</strong> <strong>féministes</strong> 83