Actes - Perspectives étudiantes féministes - Les Études féministes ...
Actes - Perspectives étudiantes féministes - Les Études féministes ...
Actes - Perspectives étudiantes féministes - Les Études féministes ...
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Pour que tombe à point ce cri, rien n’est épargné : on invente des gorilles hauts comme vingt<br />
étages, des buildings en feu d’un demikilomètre de haut, des déluges de feux d’artifice, des<br />
orchestres symphoniques, des raffinements de réalisation… Car, dans ces films, à un moment<br />
donné, toutes les lignes disparates de la fiction viennent se retrouver, se couper à ce moment<br />
vite dissipé et aussitôt passé du cri de la femme (Chion 1993 : 77).<br />
Le cri de Simone, qui ponctue la fin du premier tiers du film, ne requiert peutêtre<br />
pas des gorilles géants ou des feux d’artifice, mais met néanmoins à profit les<br />
ressources du cinéma déjà évoquées dans la première partie de ce texte : les moments<br />
d’imprégnation, le recours à une situation extraordinaire pour justifier son désarroi,<br />
les mécanismes pour que le public s’identifie à Simone; tout ça, pour en arriver à une<br />
détonation extrême, LE cri qui déchire l’âme. Ce hurlement, poussé lorsque Simone<br />
pleure sur son lit, les enfants ne peuvent le supporter. Le fils aîné est paralysé. Élise<br />
s’enfuit. Le fils cadet se bouche les oreilles. Chion, rarement à court d’analogies<br />
gynocentristes, noterait sans aucun doute que tout le premier tiers du film n’a été que<br />
la gestation de ce cri de femme. Une fois le cri poussé et le corps vidé, Simone quitte<br />
donc la maison – et le film – laissant ainsi Élise devenir le personnage central du<br />
film… et de la vie familiale.<br />
Conclusion<br />
L’analyse et l’éclairage que j’ai proposés peuvent être considérés <strong>féministes</strong> à<br />
deux points de vue : par le repositionnement des personnages de mères au centre des<br />
récits étudiés, et aussi par le recours aux théories filmiques s’intéressant au féminin.<br />
Nous avons pu constater que les trois films, malgré leurs parallèles scénaristiques<br />
évidents (l’été d’un enfant dans une banlieue à la fin des années 1960), présentent<br />
trois femmes différentes qui se libèrent, chacune à leur façon, du modèle de la mère<br />
traditionnelle de l’époque. En abordant les récits de ces films à partir du point de<br />
vue de ces femmes et en décrivant ces femmes à partir des mots utilisés dans la<br />
presse spécialisée et par les réalisateurs, j’ai ainsi « reconstruis » ces personnages en<br />
<strong>Actes</strong> – <strong>Perspectives</strong> <strong>étudiantes</strong> <strong>féministes</strong> 173