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Actes - Perspectives étudiantes féministes - Les Études féministes ...

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L’une des raisons pour lesquelles il est souvent convenu que le cyberespace est un<br />

lieu dénué de rapports de pouvoir, c’est en partie à cause du potentiel anonyme qu’il<br />

suppose. Dissimulés derrière leurs écrans, les sujets qui projettent leur identité sur<br />

l’interface virtuelle peuvent potentiellement la transformer comme ils et elles le<br />

souhaitent, jusqu’à effacer toute trace d’identité minoritaire. Sherry Turkle a été l’une<br />

des pionnières dans l’étude des rapports identitaires à l’œuvre dans le cyberespace.<br />

Elle fait part de l’état de ses recherches dans son livre publié en 1995, Life on the<br />

Screen. En se basant sur plusieurs études de cas de joueurs virtuels, Sherry Turkle a<br />

élaboré les bases théoriques des modes de présentation et de construction du soi en<br />

ligne. D’après elle, la culture dans laquelle nous vivons socialise les individus à travers<br />

la simulation. Dans ce contexte, Internet participe définitivement à la construction<br />

des identités. La culture virtuelle, en opposition au monde hors ligne, permet ainsi<br />

l’expression de multiples facettes inexplorées d’une personnalité, considérant que les<br />

ordinateurs y deviennent des interfaces de confiance pouvant être les supports de ces<br />

multiples facettes identitaires (Turkle 1995).<br />

Bien qu’il soit possible d’amoindrir, grâce à la réalité virtuelle du cyberespace,<br />

une identité potentiellement marginale afin d’adopter des caractéristiques plus<br />

normatives, il ne semble pas que ce soient les stratégies les plus employées dans<br />

l’univers du Web. D’après les prémisses à la base du travail de Turkle, il semble que le<br />

cyberespace soit plutôt un lieu où les identités marginales peuvent être explorées et<br />

actualisées. Ces identités acquièrent par le même fait une voix et une existence au<br />

sein du discours social. Le Web sert moins à apporter un anonymat qui dissimulerait<br />

les différences qu’à affirmer l’existence de celles­ci. En affirmant leurs différences<br />

subjectives dans un espace qui le permet, les sujets participent à la création d’un<br />

espace discursif qui, pour reprendre les idées de Mitra et Watts, permet l’émergence<br />

de voix marginales et la construction de communautés.<br />

<strong>Actes</strong> – <strong>Perspectives</strong> <strong>étudiantes</strong> <strong>féministes</strong> 183

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