10.06.2013 Views

Actes - Perspectives étudiantes féministes - Les Études féministes ...

Actes - Perspectives étudiantes féministes - Les Études féministes ...

Actes - Perspectives étudiantes féministes - Les Études féministes ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

encore l’objectivité comme un idéal à atteindre, les <strong>féministes</strong> prônent plutôt la<br />

reconnaissance de la subjectivité, jumelée à la rigueur, à l’honnêteté et à la<br />

transparence de la chercheure. L’objectivité, comme le rappelle Huguette Dagenais,<br />

« agit trop souvent comme une illusion méthodologique en même temps qu’elle<br />

favorise une attitude moralement oppressive pour les personnes impliquées dans<br />

nos recherches » (Dagenais 1987 : 23, italique dans l’original). La prétention à<br />

l’objectivité dans la recherche en sciences sociales prend souvent la forme d’une<br />

distanciation de la chercheure et du chercheur par rapport à leur échantillon et d’un<br />

recours à des méthodes de collecte ou d’analyse des données qui laisseraient peu<br />

de place à l’interférence des biais, dont le recours au questionnaire et à l’analyse<br />

quantitative. Or, la subjectivité des auteures du projet de recherche peut se glisser<br />

dans la formulation de la problématique de recherche, par le choix des concepts,<br />

et dans l’élaboration des outils de collecte de données, par exemple dans la<br />

formulation des questions pour un entretien ou un questionnaire. Une relation<br />

distante entre les chercheures et les participantes à la recherche n’est pas souhaitable<br />

lorsque vient le temps d’étudier des questions ayant des connotations personnelles,<br />

chargées d’émotions, comme la violence, la maladie ou la pauvreté. Une telle attitude<br />

ne serait pas favorable à la collecte de données et perpétuerait une attitude<br />

opprimante, voire méprisante, des chercheures envers les personnes participantes 7 ,<br />

ce qui va à l’encontre des valeurs prônées par la recherche féministe.<br />

<strong>Les</strong> <strong>féministes</strong> reconnaissent donc que la subjectivité est à l’œuvre tout au long du<br />

processus de recherche, tant dans le choix des concepts que dans la collecte et<br />

l’analyse des données. Cela ne signifie pas pour autant que la recherche n’est pas<br />

scientifique. Plutôt que de nier leur implication personnelle dans les résultats, la<br />

7 Reinharz (1992 : 33­34, 263­267) présente plusieurs recherches recensées dans lesquelles<br />

l’engagement de la chercheure auprès de ses participantes était incontournable, que ce soit pour<br />

comprendre les expériences des femmes issues de groupes ethniques minoritaires, ou pour des<br />

événements qui affectent profondément la personne, comme l’avortement ou le viol.<br />

<strong>Actes</strong> – <strong>Perspectives</strong> <strong>étudiantes</strong> <strong>féministes</strong> 84

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!