Soldats ambassadeurs sous le Directoire, an IV-an VIII - talleyrand

L'ODYSSEE D'UiN AMBASSADEUR 315
venus de Naples et qu'ils pourront prendre la mer...
le plus tôt possible, sur la Madona del Porto Salvo!
Lacombe et tous ceux qu'il a amenés avec lui
d'Italie doivent, en attendant, demander l'hospita-
lité au consul batave, Kiffer. Leur détresse est si
grande que Kill'er fait une avance de 3,700 francs
pour acheter des vivres (1) !
Pendant tous les pourparlers, les voyageurs
avaient longuement visité les souks et les monuments
de Tunis! Ils avaient aussi parcouru les
ruines fameuses de Carthage et le récit de cette
excursion nous a été transmis par une pièce de
vers! Uniquement à cause de sa facture, spéciale à
l'époque, cette pièce — intitulée : Chants des Fran-
çais sur les ruines de Carthage — paraît mériter
d'être reproduite ici à litre de curiosité (2) :
Salut, plaines où fût Carthage,
Berceau du célèbre Annibal.
Salut, trop illustre rivage,
A Régulas, honorable et fatal.
Monument d'un empire immense.
Votre aspect seul annonce à l'univers
Que, du Destin l'invincible puissance
Poursuit, atteint, tous les tyrans des mers.
(1) Kiffer l'ut plus tard autori.sé, pour .«e couvrir, à tirer une
lettre de change sur rordonuateur de la marine. (Lcllrc de Belleville,
consul à Gènes, du 7 pluviùse (:26 janvier). A. E. Gènes,
17o-ol.)
(2) Cette poésie fut déposée en janvier 1799 au consulat
général de Gènes. Elle eut les honneurs de l'impression et porte
la signature Is.nard. (A. E., Naples, 126-7:2.)
On remarquera que le conventionnel Isnard, ancien collègue
de Lacombe, habitait alors en Provence. Le poète était-il de ses
parents? (Voir à propos de cette famille l'article paru le 15 décembre
1905 dans la Reçue des Deux-Mondes : La Conrersiou
'"Isnard, par Eugène Welvert.)