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Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

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11<br />

autres prohibitions furent décidées avant le moratoire de 2002 29 . Une deuxième mesure<br />

consista à transformer puis à supprimer le système des permis. Ce système, qui avait fleuri<br />

entre 1994 et 1998 parallèlement à celui des concessions, impliquait de nombreuse entités :<br />

conseil des ministres, ministère de l’Agriculture, de la forêt et des pêches, ministère de la<br />

Défense nationale, gouverneurs provinciaux et hauts fonctionnaires. Il s’agissait d’octroyer à<br />

des <strong>concessionnaire</strong>s, à des unités militaires, à des compagnies de commercialisation de bois<br />

et à des individus l’autorisation de ramasser des bûches « vieilles, illégales et anarchiques 30 ».<br />

La réintroduction de ce système colonial était justifié par la volonté de ne pas perdre des<br />

matières premières de valeur qui sinon seraient condamnées à pourrir sur place. Ce système,<br />

et c’était là tout son intérêt, laissait la porte ouverte à d’innombrables dérives qui évidemment<br />

eurent lieu : sous la pression des bailleurs de fonds et afin de lutter contre les fraudes<br />

d’abattage de bois neuf, ils furent transformés en 1995 en permis qui n’autorisaient que<br />

l’exploitation de grumes abattues 31 . Devant l’inefficacité de cette mesure le système des<br />

permis fut purement et simplement aboli en 1999. Une troisième mesure introduite à cette<br />

période consistait à durcir la loi et notamment à rendre possible le retrait de concessions qui<br />

n’auraient pas été exploitées pendant une année. C’est pour cette raison qu’au moins 16<br />

compagnies se seraient vues retirer leur contrat de concession 32 . Simultanément, pour faire<br />

face à la permanence d’activités illégales intenses, les donateurs incitèrent le gouvernement<br />

cambodgien à créer une unité de contrôle des crimes forestiers impliquant l’armée et la police<br />

pour seconder l’administration et à embaucher un contrôleur externe (Global Witness puis la<br />

Société Générale de Surveillance, SGS 33 ) pour que les autorités publiques bénéficient<br />

d’informations concrètes. Cependant pour des raisons politiques, ce contrôle se révéla<br />

inefficace et les pressions des bailleurs de fonds se firent peu à peu telles qu’un moratoire fut<br />

finalement décidé en 2001, prenant effet en 2002, à partir de janvier 2002 pour les coupes et<br />

de mai 2002 pour le transport des grumes 34 . Ce dernier moratoire, qui court encore, ne<br />

concerne pas seulement les exportations : les coupes aussi sont actuellement interdites et les<br />

scieries officiellement fermées. Enfin, un certain nombre de mesures législatives furent prises.<br />

29<br />

Bruce McKenney and Prom Tola, Natural Resources and Rural Livelihoods in Cambodia…op.cit.<br />

30<br />

Expression tirée des textes légaux et citée dans Ibidem, p.82<br />

31<br />

Global Witness, Corruption, War & Forest Policy – The Unsustainable Exploitation of Cambodia’s Forests, a<br />

Report for Global Witness, London, February 1996.<br />

32<br />

Information fournie par le ministère de l’Agriculture, de la forêt et de la pêche (document référencé 849/232<br />

du 25 février 2003).<br />

33<br />

La SGS remplace Global Witness dans la gestion forestière à partir du 1 décembre 2003 pour un contrat de<br />

trois ans renouvelable. Source : <strong>Cambodge</strong> Actualités, Mission économique et financière de l’Ambassade de<br />

France à Phnom Penh, octobre 2003. Les explications de ce changement sont d’ordre politique. Voir plus bas, la<br />

partie sur « Dérives et fuite en avant ».<br />

34<br />

The Forest Sector in Cambodia...op.cit

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