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Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

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pratiques et souples pour poursuivre leurs objectifs en termes de contrôle, de domination et<br />

d’enrichissement.<br />

Sans entrer dans le détail, un aperçu des différentes modalités d’application du <strong>modèle</strong> permet<br />

d’en apprécier l’ampleur et la variété, mais surtout de comprendre encore davantage la<br />

signification et le rôle politiques des concessions cambodgiennes.<br />

Le cas des exploitations agricoles a d’ores et déjà été évoqué à travers l’analyse des<br />

concessions forestières. La production d’hévéa mérite cependant une petite présentation : elle<br />

illustre une modalité originale de la concession, la gestion privatisée des plantations d’Etat.<br />

Dans ce secteur, la privatisation totale ou la concession à des privés, notamment étrangers, a<br />

en effet été refusée par les autorités politiques pour des raisons nationalistes, les planteurs<br />

d’hévéa ayant constitué pendant la colonisation française et même jusqu’au milieu des années<br />

1960 les grands acteurs de la dépendance économique du <strong>Cambodge</strong>, pour des raisons de<br />

souveraineté aussi, les dirigeants cambodgiens craignant qu’une délégation en bonne et due<br />

forme à des professionnels étrangers n’entrave leur maîtrise sur le secteur, et leurs sources de<br />

pouvoir et de financement 182 . Au début des années 1990, ces plantations ont été transformées<br />

en établissements publics à vocation économique et bénéficient à ce titre d’une autonomie de<br />

gestion en matière de production, d’exportation et de bénéfices. En revanche, on retrouve les<br />

mêmes « dérives » par rapport au <strong>modèle</strong> initial, les mêmes fuites en avant et les mêmes<br />

processus d’appropriation. Parmi les sept plantations, seules deux d’entre elles ont renoué<br />

avec la rentabilité et ont effectivement défini une politique d’investissement à long terme ; la<br />

rationalité économique n’est visiblement pas le souci des gestionnaires « privés » des<br />

plantations « publiques » puisque le niveau si faible du prix d’achat pousse les producteurs à<br />

vendre en contrebande dans les pays voisins (où le prix est au moins supérieur de 30%) et que<br />

le pays vend sa production à l’état brut à des opérateurs vietnamiens en raison de l’absence de<br />

certification de l’hévéa cambodgien pourtant connu pour être historiquement d’excellente<br />

qualité ; les principaux acteurs du secteurs sont liés à Hun Sen lui-même, à l’instar de Mong<br />

Reuthy ou de généraux proches de lui ; et la « gestion actuelle des plantations reste<br />

confidentielle, népotique et source d’enrichissement pour <strong>quel</strong>ques opérateurs privés et<br />

publics 183 »…<br />

182 Entretiens, Phnom Penh, octobre 2004<br />

183 Fiche de synthèse : Le caoutchouc au <strong>Cambodge</strong>, mission économique de l’Ambassade de France à Phnom<br />

Penh, mais 2003, p.1

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