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Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

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d’amélioration, plus l’effectivité des mesures est remise en cause par ces intérêts bien compris<br />

du complexe politico-militaro-affairiste. C’est ainsi que l’interdiction d’exporter décidée en<br />

1992 (mais toutes les autres interdictions ont connu le même sort) a été immédiatement<br />

contournée, d’un côté par la mise en place du système des permis de collecte ou<br />

d’exploitation des « vieux » bois et de l’autre, par la levée <strong>quel</strong>ques semaines plus tard de<br />

cette interdiction grâce à un tour de passe-passe juridique banal au <strong>Cambodge</strong> 59 : alors que<br />

l’interdiction avait été votée par l’Assemblée nationale, son annulation a été décidée par les<br />

deux co Premiers ministres avec l’accord tacite de la Banque mondiale, sans que le Parlement,<br />

les Douanes et le Conseil des ministres n’en soient informés. Cependant, le système des<br />

permis ayant lui-même fait l’objet de pressions, le même cycle de tentatives d’adaptation, de<br />

contournement et de transformation s’est mis en branle : en 1995, le permis « vieux bois » a<br />

été transformé en permis « one off » (c’est-à-dire de collecte ou de grumes déjà abattus)<br />

théoriquement pour lutter contre les fraudes d’abattage de bois neuf. Avec ce nouveau<br />

système, les coupes étaient théoriquement contrôlées puisque le ministère faisait une<br />

évaluation des grumes abattues illégalement, lançait un processus de vente aux enchères et le<br />

gagnant exportait sous le contrôle d’une commission gouvernementale en présence d’un<br />

membre du FMI. En réalité cependant, ce permis a donné lieu aux mêmes falsifications : les<br />

chiffres sur les arbres abattus étaient eux-mêmes sujets à caution et largement manipulés 60 ;<br />

des groupes non sélectionnés, souvent commandités par des militaires ou les hommes forts de<br />

la province utilisaient ces permis sans les avoir obtenus ; les militaires ont pu en bénéficier<br />

dans des proportions inconnues 61 . Le bois illégalement coupé était acheté par des scieries<br />

locales, par les commerçants ou des militaires de pays voisins, ainsi que par les détenteurs de<br />

vrais permis, par les commerçants ou les <strong>concessionnaire</strong>s officiels, permettant ainsi de<br />

blanchir cette activité. L’importance de ce trafic fut telle qu’à partir du 1 er janvier 1999 cette<br />

procédure fut supprimée et tous les anciens permis invalidés. Contrairement aux autres, cette<br />

mesure fut largement effective… uniquement parce que le complexe politico-militaro-<br />

affairiste avait mis en place d’autres modalités de contournement des règles tout aussi<br />

efficaces.<br />

59 Voir R.Bottomley, “Contested Forests: An Analysis of the Highlander Response to Logging, Rattanakiri<br />

Province, Northeast Cambodia”, (pp.587-606), Critical Asian Studies, vol.34 n°4, 2002<br />

60 Global Witness, Corruption, War & Forest Policy…op.cit.<br />

61 Bruce McKenney and Prom Tola, Natural Resources and Rural Livelihoods in Cambodia…op.cit.

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