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Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

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paiement des taxes et parfois même des salaires aux employés. Jusqu’en 2000, les<br />

<strong>concessionnaire</strong>s pouvaient combler ces déficits en empruntant aux banques ou aux usuriers<br />

chinois pour l’achat et surtout le fonctionnement des concessions (paiement des royalties, des<br />

versements parallèles, des opérations de coupes). Avec la pression internationale et<br />

médiatique, avec surtout le moratoire sur les coupes et les exportations, les banques et<br />

usuriers sont devenus réticents et ils exigent depuis 2001 un remboursement rapide des dettes.<br />

C’est dans ce contexte qu’est apparu le mécanisme de compensation évoqué plus haut qui<br />

peut constituer, au-delà de la pratique frauduleuse, une tactique de survie ou tout simplement<br />

une mesure de désendettement 106 . L’incapacité généralisée à fournir des plans financiers est<br />

un autre indice du manque de professionnalisme des <strong>concessionnaire</strong>s établis au <strong>Cambodge</strong>.<br />

Aucune compagnie n’a ainsi fourni de plan de gestion forestière en septembre 2001, date<br />

butoir pour leur dépôt au département forêt du ministère ; depuis lors, ceux qui ont été fournis<br />

ont en réalité été élaborés par des fonctionnaires de ladite administration, non par les<br />

forestiers eux-mêmes. Le fait que de nombreux <strong>concessionnaire</strong>s aient accepté des zones sans<br />

connaître leur richesse forestière et leur viabilité, qu’ils aient surestimé les investissements<br />

dans les industries de transformation et qu’ils aient donc sans cesse besoin de plus de bois, du<br />

bois coupé illégalement donc, pour faire tourner à plein ces usines constitue un troisième<br />

signe de cette incompétence des acteurs ayant pénétré le secteur forestier au <strong>Cambodge</strong>.<br />

Dans ce contexte, aucun <strong>concessionnaire</strong> forestier n’a confiance dans le système et aucun ne<br />

prend d’engagement de long terme. Logiquement, la seule question qu’ils devraient désormais<br />

se poser devrait être quand et comment quitter le <strong>Cambodge</strong> ou orienter leurs activités vers un<br />

autre secteur 107 . On pourrait en tirer une conclusion optimiste et naïve : les concessions<br />

n’ayant plus de pouvoir d’attraction économique et financier, la forêt a désormais des chances<br />

d’être sauvée d’une exploitation sauvage et totale. Tel n’est évidemment pas le cas… tout<br />

simplement parce que ce raisonnement ne tient compte ni de la pyramide des responsabilités<br />

ni de la nature des intervenants dans l’exploitation forestière. En l’absence de rentabilité<br />

financière immédiate et dans la « nécessité » de jouer aux marges de la légalité, si ce n’est en<br />

dehors d’elle, tous les <strong>concessionnaire</strong>s ont fonctionné et continuent aujourd’hui à fonctionner<br />

en utilisant des sous-traitants. Ces derniers sont souvent des unités militaires, des membres de<br />

l’élite provinciale associés à des commandants de l’armée ou de la police ou des hommes<br />

106 Audit confidentiel du FMI et documents internes de Global Witness<br />

107 The Forest Sector in Cambodia...op.cit

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