Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo
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financer un développement durable. Dans ce schéma, l’Etat devait être responsable des lignes<br />
directrices de la gestion du secteur à travers des plans et des contrôles ; les <strong>concessionnaire</strong>s<br />
quant à eux devaient mettre en œuvre ces politiques, y compris à partir de 2001 à travers la<br />
préparation de plans stratégiques de gestion forestière.<br />
L’un des principaux intérêts envisagés de la concession était financier : non seulement ce<br />
système devait permettre l’obtention rapide, sûre et contrôlée de recettes pour le Trésor<br />
public, mais en outre il avait l’avantage d’exiger peu de ressources financières de la part de<br />
l’Etat et même peu de moyens humains et professionnels dans la mesure où les plans<br />
stratégiques étaient délégués aux <strong>concessionnaire</strong>s. Les premières estimations des bailleurs de<br />
fonds étaient incontestablement euphoriques 6 : 100 millions de dollars par an pour le seul<br />
secteur forestier ; rapidement cependant, ces estimations furent revues à la baisse et évaluées<br />
entre 40 et 80 millions de dollars par an. Estimations qui toutefois restaient très optimistes,<br />
comme on le verra. Ces recettes devaient permettre le financement du développement et avoir<br />
des effets positifs en terme de baisse de la pauvreté et d’offre d’emplois pour les populations<br />
locales 7 . En donnant un coup d’arrêt à l’expérience antérieure d’exploitation à outrance,<br />
sauvage et dérégulée, le <strong>modèle</strong> de la concession devait favoriser cette redistribution relative<br />
des richesses sylvicoles et une gestion rationnelle et durable des forêts grâce à l’approche<br />
systématique et centralisée imposant des règles aux <strong>concessionnaire</strong>s.<br />
Celles-ci comprenaient notamment l’obligation, consignée dans les contrats de concession,<br />
d’investir dans des industries de transformation et notamment dans des scieries, avec l’espoir<br />
d’accroître la valeur ajoutée de la production forestière. L’effet latéral des concessions était<br />
donc de stimuler le secteur privé, en attirant notamment des investisseurs étrangers. En<br />
l’absence de professionnels nationaux, la stratégie d’extraversion avait pour but d’attirer au<br />
<strong>Cambodge</strong> des compétences étrangères afin d’accroître la qualité de la production et l’orienter<br />
vers l’exportation. Un autre effet induit espéré des concessions était le financement<br />
d’infrastructures rurales : routes, dispensaires, écoles…<br />
6 Ibidem, p.90.<br />
7 Il faut rappeler que le <strong>Cambodge</strong> est un PMA, l’un des pays les plus pauvres d’Asie du Sud Est. L’importance<br />
de la redistribution attendue des ressources forestières était d’autant plus grande que les pauvres résident<br />
principalement dans les zones rurales.