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Cambodge : quel modèle concessionnaire ? - fasopo

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Des bailleurs de fonds consentants<br />

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L’inventivité et l’« insolence » de ces stratégies de contournement résultent certainement du<br />

contexte dans le<strong>quel</strong> ces transformations ont lieu ainsi que de l’éthos des acteurs<br />

cambodgiens ; elles sont cependant facilitées par le comportement inconstant, pusillanime et<br />

avant tout bureaucratique des bailleurs de fonds. Depuis le début des années 1990, ces<br />

derniers ne cessent de mettre en avant les lacunes et insuffisances du système <strong>concessionnaire</strong><br />

cambodgien, de proposer des réformes sous l’effet de pressions aux financements, de<br />

dénoncer avec virulence la mauvaise gouvernance et la corruption ; mais simultanément, ils<br />

soutiennent le secteur, financent les restructurations partielles et indirectement les tactiques de<br />

contournement, les favorisent, même, tant la faiblesse de leurs pressions est aujourd’hui secret<br />

de polichinelle.<br />

De nombreuses raisons expliquent l’inefficacité des pressions des donateurs. Sans entrer dans<br />

une analyse exhaustive de leurs comportements et des logiques qui sous-tendent leurs actions,<br />

quatre raisons principales peuvent être évoquées à propos du secteur forestier au <strong>Cambodge</strong>.<br />

La première d’entre elles est constitutive du comportement des bailleurs de fonds et de leur<br />

manière d’appréhender les réformes : en ne se focalisant que sur les formes et sur le résultat<br />

intermédiaire (i.e. l’édiction d’une loi ou la publication d’un texte), ils négligent tous les<br />

processus d’appropriation, de transformation, de contournement propres à n’importe <strong>quel</strong>le<br />

pratique économique. Ce comportement est souvent volontaire ou du moins conscient, les<br />

bailleurs de fonds ne voulant pas, pour des raisons tant de moyens financiers et matériels que<br />

d’intérêt et de posture politique, s’appesantir sur ces détails souvent difficiles à collecter et<br />

dont le suivi est pour le moins ingrat. Ce travers est aggravé, dans le cas du <strong>Cambodge</strong>, par la<br />

stratégie de rétention d’information des autorités. En dépit des demandes répétées et des<br />

pressions, aucun suivi des contrats par exemple n’a pu avoir lieu et, plus grave encore, leur<br />

contenu même n’est pas connu des bailleurs de fonds. Les équipes des rapports de la Banque<br />

mondiale, des Nations Unies ou du groupe consultatif sur les forêts n’ont ainsi pas pu avoir<br />

accès aux contrats, aux cartes et aux noms et qualités des actionnaires individuels des<br />

concessions ; toutes les informations contenues dans ces rapports sont généralement partielles<br />

et ont été souvent obtenues par relations 74 . Ce qui n’a pas empêché les uns et les autres à<br />

continuer à intervenir dans le secteur et à financer les restructurations en cours.<br />

74 Le rapport United Nations, Land Concessions for Economic Purposes in Cambodia, op.cit. mentionne<br />

explicitement ce problème.

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